Quatre décisions historiques des banques centrales

Par La rédaction | 22 août 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les banques centrales mettent de l’avant depuis près de dix ans des politiques novatrices, parfois carrément inattendues, qui ont des effets importants sur les marchés. Les Echos recensent leurs quatre plus importantes décisions au cours des dernières années.

25 NOVEMBRE 2008

Près de trois ans après avoir pris les rênes de la Réserve fédérale américaine (Fed), Ben Bernanke lance son programme d’assouplissement quantitatif. En pleine crise, cette initiative visant à repousser récession et déflation est en fait un plan d’achats d’actifs financés par création monétaire. Dès la mi-2009, ces achats représentent environ 10 % du PIB américain. Au total, le programme atteindra 1 750 G $US d’actifs. En juin 2011, un second programme injecte 600 G $US dans les marchés financiers. Une décision qui, selon certains, aurait largement contribué à la flambée des cours des matières premières, à l’afflux de capitaux et à la formation de bulles financières dans les pays émergents.

La Fed tient compte de ces critiques dans son troisième programme, surnommé opération Twist. Celui-ci conjugue la vente d’obligations de court terme à l’achat de titres à long terme, faisant fléchir les taux longs sans pour autant augmenter son bilan, et préservant la stabilité financière.

Mais les craintes de déflation sont plus fortes que la prudence et en août 2012, la Fed remet ça avec un programme d’assouplissement quantitatif d’achat mensuel de 40 G $US de titres. Le montant grimpera à 85 G $US entre mars 2013 et la fin du programme en 2014. Ces décisions ont multiplié par cinq le bilan de la Fed en six ans.

14 MAI 2010

Cette fois-ci, c’est la Banque centrale européenne (BCE) qui joue aux apprentis sorciers, affolée par les risques d’implosion de la zone euro. Elle qui avait toujours refusé d’acheter des obligations souveraines lance en mai 2010 un programme d’achats d’actifs, le Securities Market Program (SMP). Elle acquiert alors pour 200 milliards d’euros (292 G$) d’obligations d’État de la zone euro, notamment de la Grèce, alors en quasi-faillite. Ces dernières sont des obligations à haut risque, comme le montrera le défaut de l’État grec sur une large partie de sa dette.

5 NOVEMBRE 2010

La Banque du Japon est en passe de devenir le principal actionnaire d’un quart des sociétés du Nikkei! Comment en est-elle arrivée là? L’histoire commence le 5 novembre 2010. Depuis quelque temps déjà, la Banque du Japon multiplie les plans de soutien afin d’éviter son erreur des années 1990. À l’époque, son inaction après l’éclatement de bulles dans les actions et l’immobilier avait fait plonger le pays dans une profonde et douloureuse récession.

Mais le plan qu’elle adopte en 2010 affiche une particularité remarquée : il comprend des actions. La Banque du Japon achète depuis lors des fonds négociés en Bourse (FNB). Tellement qu’elle détient aujourd’hui 60 % des FNB du marché nippon, une proportion qui devrait continuer d’augmenter d’ici 2018. Cela fait d’elle la détentrice principale des actions de plusieurs entreprises, pas directement, mais via les FNB. Dès l’an prochain, elle pourrait ainsi devenir l’actionnaire principale d’un quart des entreprises du Nikkei, ce qui lui conférerait un pouvoir de décision important, notamment sur la politique salariale.

5 JUIN 2014

Le 5 juin 2014, la BCE (encore elle!) innove avec une mesure qui n’avait jamais été mise en œuvre par une grande institution financière : elle abaisse son taux de la facilité de dépôts en territoire négatif. Une manière de pénaliser les banques qui laissent des liquidités dormir à la BCE plutôt que de prêter aux entreprises et aux ménages. La Banque du Japon lui emboîte le pas en janvier 2016.

Selon le Fonds monétaire international, cette politique a effectivement fait baisser le coût du crédit. Les banques ont réduit leurs liquidités et investi dans des placements à risque plus élevé, plus rémunérateurs et plus productifs pour l’économie. Mais qui dit risque plus élevé dit aussi fragilisation de la santé financière des banques. Faut-il s’étonner alors que certaines petites banques, comme la coopérative bavaroise Raiffeisenbank, se mettent à taxer certains dépôts afin de réduire leurs coûts et de restaurer leurs marges?

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