Quelle stratégie boursière pour les nouveaux retraités?

Par La rédaction | 27 avril 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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À l’heure où les marchés boursiers traversent l’une des pires tempêtes de leur histoire, comment doivent réagir les personnes qui viennent de prendre leur retraite ou s’apprêtent à le faire, se demande La Presse dans son édition de la fin de semaine.

Soulignant que, généralement, les conseillers en services financiers recommandent à leurs clients de ne pas modifier « à chaud » leur stratégie de placement puisque, historiquement, les marchés remontent toujours après l’orage, le quotidien montréalais s’interroge : et si, cette fois, la situation était différente et que le même scénario ne se répétait pas, comme « tant de gens » l’affirment?

Interrogé par le journal, Daniel Chartier relativise cette hypothèse et ne pense pas que les conséquences financières de la crise actuelle seront fondamentalement différentes des précédentes. Le conseiller de Desjardins en veut pour preuve que, après les attentats du 11 septembre 2001 ou durant la crise de 2008-2009, nombre d’observateurs prédisaient la fin d’un certain modèle de développement, voire la fin du capitalisme. Or, note-t-il, ce n’est pas du tout ce qu’il s’est passé.

AVOIR « UNE APPROCHE FIDUCIAIRE »

Toutefois, ajoute le conseiller, la question mérite d’être posée. Et pour mettre un maximum de chances de leur côté, les jeunes retraités ou ceux qui s’apprêtent à quitter le monde du travail ont tout intérêt à adopter « une approche fiduciaire », c’est-à-dire d’essayer de préserver leurs acquis, et également peut-être de se montrer plus prudent qu’ils ne l’étaient auparavant.

L’un de ses collègues à la Banque Nationale, Guy Côté, rappelle que jamais dans l’ère moderne nos sociétés n’ont vécu un tel traumatisme. « Le virus a frappé de plein fouet l’économie, et tant qu’il n’y aura pas de vaccin pour le combattre, celle-ci sera ébranlée », explique-t-il. Même son de cloche du côté de Fabien Major, associé principal chez Major Gestion privée–Assante, qui prévoit que certains secteurs de l’économie mettront « des années » à se relever.

Guy Côté tempère cependant sa vision plutôt pessimiste en soulignant que les mesures de soutien économique instaurées par les différents paliers de gouvernements sont également d’une ampleur « jamais vue ». Malgré cela, le conseiller à la Banque Nationale n’écarte pas l’idée que le scénario à venir risque d’être assez noir. « Devant cette incertitude, le nouveau retraité doit revoir son profil d’investisseur », insiste-t-il. Comment? « En rétablissant sa répartition d’actifs en fonction de sa tolérance au risque, que la crise a peut-être ébranlée », écrit La Presse.

DÉTENIR UN PORTEFEUILLE DIVERSIFIÉ

Le problème, explique Fabien Major, c’est que le pire reste peut-être encore à venir sur les marchés boursiers. « On va probablement revisiter le creux du 23 mars, et peut-être même se retrouver encore plus bas », prévoit-il. Pour sa part, Daniel Chartier croit que le « creux du marché » pourrait se produire seulement dans quelques années. « Bien qu’il faille en être conscient, on doit toutefois éviter de prendre panique et de tout vendre sans discernement », met-il en garde.

Dans ce contexte de forte incertitude, les retraités peuvent envisager de réduire le niveau de risque de leur portefeuille, suggère Daniel Chartier. Mais pas nécessairement de façon significative, ajoute-t-il.

« On peut aussi modifier son portefeuille afin de se placer dans une situation plus confortable, en favorisant des titres moins volatils. Il faut éviter des secteurs tels le tourisme et le voyage qui mettront des années à s’en remettre », recommande pour sa part Fabien Major. Enfin, Guy Côté préconise de « rechercher les leaders de demain », autrement dit « les entreprises agiles qui se transforment facilement et qui n’ont pas de dettes », dit-il. Et, surtout, de posséder un portefeuille bien diversifié et adapté à ses besoins. « Une bonne diversification demeurera toujours l’élément essentiel du succès », conclut le conseiller de la BN.

La rédaction