Remplacer les obligations par les actions à dividendes?

Par La rédaction | 23 août 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les actions à dividendes sont présentement plus payantes que les obligations. Faut-il pour autant troquer les secondes au profit des premières? Pas si vite, répond Tom Bradley, dans le Financial Post.

La réponse peut sembler évidente. Après tout, les investisseurs cherchent du rendement. Or, celui des dividendes dans le S&P 500 est plus élevé que celui des intérêts versés par les obligations d’État américaines. En plus, les dividendes s’accroissent avec le temps, contrairement aux paiements d’intérêts. Les investisseurs canadiens ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Depuis des années maintenant, ils se ruent sur les titres des banques, des services d’utilité publique, des pipelines et sur les fonds immobiliers. 

Tom Bradley admet sans problème que les rendements des actions battront fort probablement ceux des obligations au cours des prochaines années, et par une bonne marge. Pas difficile. Un quart des obligations mondiales sont en territoire négatif. L’obligation sur dix ans du gouvernement canadien offre 1,1 pour cent. 

PORTEFEUILLES TROP CONCENTRÉS

Sauf que l’on oublie un détail, selon lui : les actions n’offrent pas le même niveau de sécurité que les obligations. Elles sont tributaires des aléas des marchés boursiers, lesquels ne sont pas toujours rationnels et généralement volatiles. Lors de la crise de 2008, les banques canadiennes n’ont pas fait faillite, mais leurs actions ont tout de même baissé de 40 à 50 % entre mai 2007 et mars 2009. 

En troquant ses obligations pour ajouter encore plus d’actions à son portefeuille, l’investisseur en diminue la diversification. Lorsque le marché plante (et il plantera inévitablement), les actions tendent toutes à baisser alors que les obligations tendent à mieux performer. Les compagnies vont sabrer dans leurs dividendes bien avant de faire un défaut de paiement sur leurs dettes. 

LE FACTEUR HUMAIN

Tom Bradley rappelle aussi qu’investir dans les actions est une stratégie à long terme, qui ne fonctionne que si l’on garde le cap dans un marché en baisse. Avant de troquer ses obligations pour se lancer dans une surenchère d’achat d’actions, l’investisseur doit donc se demander comment il réagira quand le marché chutera.

C’est encore plus vrai si la majorité de ses revenus de placement proviennent d’actions à dividende. Comment réagira-t-il si le marché baisse et qu’il perd 250 000 dollars de son portefeuille d’un million de dollars ? Comment réagira-t-il à une baisse de revenu causée par des coupures des compagnies dans leurs dividendes ?

Tom Bradley souligne aussi que les portefeuilles canadiens orientés vers les actions à dividendes contiennent souvent un nombre assez limité d’entreprises qui sont favorisées par de bas taux d’intérêt et dépendantes de l’économie nationale. 

LA PLACE DE L’IMMOBILIER

Quand aux fameux fonds immobiliers, plusieurs des investisseurs qui y placent de fortes sommes oublient qu’une grande partie de leur valeur nette dépend déjà de l’immobilier (leur maison et/ou de l’immobilier à revenu). S’ils ajoutent à cela des parts de fonds immobiliers et des titres de banques, elle-même largement tributaires du marché immobilier, le portefeuille se retrouve fortement sensible à un seul facteur. 

Une stratégie d’investissement n’est jamais aussi simple que de comparer le rendement à court terme de deux catégories d’actifs. Les investisseurs ont tout intérêt à garder cela en tête. 

La rédaction