Retraite : l’IREC s’inquiète du foisonnement des régimes à cotisations déterminées

Par Ronald McKenzie | 19 avril 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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L’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) constate une «dérive inquiétante» au sein des régimes complémentaires de retraite.

Dans une note de recherche qu’il vient de publier, l’organisme montréalais constate que «l’augmentation fulgurante» des régimes de retraite à cotisations déterminées (CD) transforme un système qui verse une rente de retraite à partir des transferts intergénérationnels en un régime d’épargne salariale qui accumule du capital à partir de placements dans des véhicules financiers.

«Ces régimes complémentaires de retraite n’ont plus de rapport avec la protection sociale basée sur une solidarité entre les bénéficiaires grâce à une mutualisation des risques. C’est à titre individuel que les salariés doivent faire face à des risques financiers très élevés», déplore l’IREC.

Selon Benefits Canada, les 50 régimes CD les plus importants ont encaissé des pertes de 3,6 milliards de dollars, soit -17,1 %. «Ces pertes affecteront la rente particulièrement pour les salariés dont la date de la retraite approche», note l’IREC.

L’ennui, et il est de taille, c’est qu’il n’existe pas de dispositifs de sûreté pour remédier aux mauvaises performances financières des fonds rattachés aux régimes CD.

En outre :

* Les modalités régulant le moment du décaissement du capital accumulé dans les comptes individuels n’atténuent pas les risques reliés à cette étape cruciale dans le processus de financement des régimes de retraite.

* La gestion du capital des régimes CD est mal adaptée aux parcours des salariés.

* Une chute des marchés financiers ou une baisse des taux d’intérêt peu avant le départ à la retraite peuvent affecter les revenus des retraités de manière permanente.

Afin de pallier ces inconvénients, l’IREC propose de :

1. Réformer les systèmes publics de pension. Par exemple, les rentes de retraite du RRQ devraient viser un seuil de remplacement du revenu d’au moins 50 %. L’amélioration de ces rentes serait financée par une augmentation des gains admissibles donnant droit à une rente et par un transfert partiel des cotisations aux régimes privés vers les régimes publics.

2. Réformer de la législation afin de favoriser le développement de nouveaux régimes collectifs de retraite. Ces régimes devraient offrir de nouvelles modalités de partage du risque entre les employeurs et les salariés. «Les régimes à financement salarial ainsi que les régimes de retraite sectoriels sont des solutions que nous privilégions, car sur le plan de la protection sociale, ils sont plus efficaces que les régimes CD», estime l’IREC.

Ronald McKenzie