Réunion de la Fed : une hausse peut-elle en cacher une autre?

Par John Braive | 15 Décembre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Après avoir annoncé hier une hausse de son taux directeur à 0,75 %, la banque centrale américaine a laissé entrevoir trois nouvelles hausses en 2017. Mais mieux vaut ne pas trop s’y fier, selon John Braive, vice-président de Gestion d’actifs CIBC.

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« La hausse de 0,25 % n’était vraiment pas une surprise. C’était même l’une des hausses de taux les plus anticipées de l’histoire! Par contre, leur prévision de trois hausses successives pour 2017 est une nouveauté. Auparavant, ils parlaient de deux. Il y a un an, ils avaient dit quatre, et il n’y en a eu qu’une », dit John Braive.

Conclusion : ces prévisions sont plutôt incertaines. En matière de hausse de taux, un « tiens » vaut mieux qu’un « tu l’auras ».

« La raison de cette annonce est que les perspectives économiques ne sont pas aussi solides que prévu au niveau mondial. De plus, les premiers trimestres ont toujours été plus lents ces dernières années, et ce sera sûrement encore le cas en 2017 », observe l’expert.

Les marchés ont réagi en conséquence; les obligations gouvernementales de 10 ans sont passées de 2,4 à 2,5 % aux États-Unis, et de 1,7 à 1,75 % au Canada. « Vraiment pas un gros changement », considère John Braive. « Elles devraient rester à ce niveau pour encore un moment », juge-t-il.

Parmi les autres projections, la Fed a mentionné une baisse du chômage de 4,7 à 4,6 %, et une inflation de base stable à 1,8. Mais du point de vue des investisseurs obligataires, le plus important est de garder un œil sur le bilan de la banque centrale, dit John Braive.

« La Fed a encore ajouté 4 billions de dollars à son programme d’apaisement quantitatif, et ils vont continuer à réinjecter les capitaux dans le marché, ce qui est bon pour ce dernier. Nous anticipons une hausse de trois quarts de point du taux des fonds fédéraux au cours de l’année. C’est le côté positif des choses. »

Si on observe les cycles de hausse du taux directeur, peut-on s’attendre à ce qu’il monte à nouveau, comme la Fed le présume? John Braive demeure dubitatif.

« Il faut considérer le niveau d’endettement mondial, qui est extrêmement élevé, aussi bien au Canada et aux États-Unis qu’en Europe et au Japon. Le ratio de dette de tous ces pays est dans la stratosphère. Même s’il a baissé un peu aux États-Unis avec la reprise de 2009 à 2011, il commence à augmenter de nouveau. On atteint des records partout dans le monde. De plus, la démographie crée un contexte inédit; comment les vagues massives de départs à la retraite vont-elles affecter l’économie? Tout cela ne joue pas en faveur de nouvelles hausses des taux, et je suis sûr que la Fed en est consciente. »

John Braive

Responsable des actifs à revenu fixe, John Braive est entré en 1983 au service de Gestion d’actifs CIBC inc. et a participé activement à en faire une des plus importantes sociétés de gestion de placement au Canada.