Seulement quatre femmes PDG de banque en Europe

Par Carole Le Hirez | 21 septembre 2023 | Dernière mise à jour le 26 septembre 2023
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Femme d'affaires confiante.
Photo : gstockstudio / 123RF

Malgré l’instauration de quotas dans les conseils d’administration et la pression grandissante pour promouvoir la diversité dans l’industrie, les femmes demeurent sous-représentées dans les plus hautes sphères du secteur bancaire européen, selon un nouveau rapport de DBRS Morningstar.

Un peu moins d’un quart (23 %) des postes de cadres supérieures (« C-Suite ») au sein des banques européennes était occupé par des femmes en 2022, selon le rapport. Ce chiffre n’a guère progressé au cours des deux dernières années. La moyenne des femmes occupant des postes de haute direction dans les banques était en effet de 20 % en 2020.

Seules quatre des banques européennes dans l’échantillon étudié étaient commandées par une femme en 2022. Parmi elles, Kjerstin Braathen, PDG de DNB, la plus grande banque de Norvège, ou encore Ana Botin, présidente de Banco Santander, premier groupe bancaire espagnol.

Seules 14 des banques étudiées comptaient 30 % ou plus de femmes au sein de la haute direction, mentionne le rapport. Les Pays-Bas (où trois banques font partie de l’échantillon, dont ING) mènent le bal avec 35 % de femmes à des postes exécutifs. Le Danemark et l’Italie accusent le plus grand retard, avec moins de 15 % de femmes à la haute direction. Enfin, 9 établissements sur les 62 institutions financières étudiées n’emploient aucune femme.

LES CA JOUENT UN RÔLE D’ASCENSEURS

Les femmes sont un peu mieux représentées au sein des conseils d’administration des banques européennes. En moyenne, elles occupaient 38 % des sièges l’an dernier comparativement à 36 % en 2021. Pour rappel, en novembre 2022, le Parlement européen a approuvé la directive Women on Boards, exigeant qu’au moins 40 % des postes d’administrateurs non exécutifs des entreprises cotées de l’Union européenne soient occupés par des femmes.

Cette présence des femmes dans les CA des banques ouvre des portes, considère Charlotte Cervin, analyste principale, institutions financières européennes chez DBRS Morningstar, qui a dirigé l’étude avec Elisabeth Rudman.

« Notre analyse montre une corrélation positive entre une plus grande diversité de genre au niveau du conseil d’administration et au niveau de la direction, ce qui suggère qu’une plus grande proportion de femmes au niveau du conseil d’administration a un effet positif, bien qu’assez lent, sur le nombre de femmes occupant des postes de direction. »

En conséquence, les quotas établis par certains pays européens pour la parité des conseils d’administration pourraient être étendus aux postes de direction afin d’accélérer l’effet d’ascenseur pour les femmes, estime la firme.

DANS LES BANQUES CANADIENNES

À titre de comparaison, dans les six grandes banques canadiennes (excluant leurs filiales), les femmes occupent 39,5 % des postes de cadres supérieurs et 48,6 % des postes de cadres intermédiaires, et elles représentent 43 % des membres des conseils d’administration de ces établissements, selon l’Association des banquiers canadiens.

Au chapitre de la rémunération, les banques canadiennes affichent de meilleures performances que leurs homologues américaines, danoises, suisses et japonaises, mais elles sont en retard sur l’Australie et la plupart de leurs homologues européennes, selon l’indice Bloomberg GEI Framework Pay Equity Score de 2020.

PLUS DE FEMMES, PLUS DE STABILITÉ

À l’échelle planétaire, les femmes représentent 18% des responsables de portefeuille et 13% des postes de direction. Et seulement 2% des banques comptent une femme à leur tête, révèle une étude du FMI, soulignant que ces pourcentages ne reflètent pas les statistiques des diplômés universitaires. De plus, les femmes qui sont haut placées dans l’industrie financière occupent surtout des postes administratifs, de ressources humaines, de communication ou de contrôle interne, mentionne le rapport.

Le FMI suggère que les institutions financières qui emploient plus de femmes à des postes de direction affichent une plus grande stabilité. Elles ont en effet des réserves de capital plus élevées, des prêts non productifs plus faibles et une plus grande distance par rapport à la détresse (« zscores »).

Plusieurs facteurs expliquent cette situation, selon Ratna Sahay et Martin Cihak, auteurs du rapport. Les femmes ont tendance à mieux gérer risques que les hommes. De plus, celles qui parviennent à se hisser au niveau de la haute direction sont en général exceptionnellement qualifiées. La présence de femmes à des postes de haute direction contribue par ailleurs à la diversité de pensée et à une meilleure prise de décisions. Enfin, les institutions financières qui tendent à attirer et à sélectionner des femmes cadres sont généralement mieux gérées, signalent les chercheurs.

Carole LeHirez

Carole Le Hirez

Carole Le Hirez est journaliste pour Finance et Investissement et Conseiller.ca. Auparavant, elle a notamment écrit pour Les Affaires.