Taux d’intérêt : les premiers effets de la hausse se font sentir

Par La rédaction | 3 avril 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Alors que les ménages canadiens ont toujours plus recours au crédit pour maintenir leur train de vie, nombre d’entre eux commencent à ressentir les effets des récentes hausses des taux d’intérêt, rapporte Le Devoir.

Citant un rapport de DBRS qui dresse un tableau de la situation économique au pays, le quotidien relève que l’année écoulée a été particulièrement active sur le marché du crédit à la consommation. Toutefois, ajoute-t-il, l’agence de notation de crédit torontoise affirme avoir détecté au cours des derniers mois les signes précurseurs d’une moindre progression des dépenses en matière de consommation et d’investissement résidentiel pour 2018.

Ce constat rejoint celui de Desjardins, qui estimait en mars que même si le niveau d’endettement des ménages demeurait pour l’instant « très élevé » au pays, les choses pourraient « commencer à changer graduellement » dès le début de l’année. En effet, indiquait alors l’économiste principal du Mouvement, Benoit P. Durocher, « le marché de l’habitation réagit fortement depuis janvier aux nouvelles mesures restrictives du Bureau du surintendant des institutions financières, ce qui se traduit par une croissance moins rapide du crédit hypothécaire ».

INTÉRÊTS PLUS ÉLEVÉS À REMBOURSER

Selon DBRS, l’année écoulée aura à la fois été marquée par une activité économique dynamique et par un marché de l’emploi solide, puisqu’il a affiché une hausse de 2,4 %, soit sa plus forte augmentation en 15 ans. De même, le très bas taux de chômage, qui a atteint un creux historique, a également contribué à alimenter la croissance du crédit à la consommation des ménages au pays, qui a elle aussi enregistré un niveau record sur une décennie.

« Entre 1990 et 2017, l’endettement des ménages, incluant l’hypothèque, le crédit à la consommation, les prêts bancaires et autres comptes à payer, s’est accru de 506 %, alors que le revenu personnel disponible a progressé de 208 % » seulement, détaille DBRS dans son rapport.

Toujours selon l’agence de notation, le ratio de la dette par rapport au revenu personnel disponible s’est légèrement contracté l’an dernier pour s’établir à 157,8 %, tandis que la proportion du revenu alloué au service de la dette est restée stable, à 13,8 %. DBRS note cependant que, dans le même temps, le montant des intérêts que les ménages devaient verser s’est accru de 6,6 % au quatrième trimestre de 2017, ce qui résulte en grande partie de la remontée des taux d’intérêt.

MARGES DE CRÉDIT HYPOTHÉCAIRES

Dans son analyse publiée le mois dernier, Benoit P. Durocher jugeait lui aussi que la hausse progressive du loyer de l’argent commençait à se faire sentir. D’après ses estimations, le taux moyen d’intérêt sur la dette des ménages était ainsi passé de 3,9 % à la fin de 2016 à 4,06 % à la fin de 2017, tandis que les paiements d’intérêt par rapport au revenu disponible passaient de 6,28 % à 6,55 % durant cette même période.

DBRS pointe par ailleurs « un déplacement vers les marges de crédit hypothécaires alors que le poids de la dette sur carte de crédit poursuivait son repli amorcé en 2011 », explique Le Devoir, qui précise que les marges de crédit garanties par un bien immobilier ont progressé de 7,2 % l’an dernier, représentant ainsi le principal segment du crédit à la consommation pris en compte dans le bilan des institutions financières au pays.

La rédaction