Trump : les assureurs canadiens gagnants?

Par La rédaction | 14 novembre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La valeur des actions des grandes compagnies d’assurance canadiennes ont bondi à la suite de l’élection de Donald Trump, rapporte le Globe and Mail.

Non, ce n’est pas parce que tout le monde craint des catastrophes et se précipite pour acquérir des polices d’assurance. La confiance renouvelée dans les titres des grands assureurs canadiens vient plutôt de la hausse des taux sur les marchés, déclenchée par l’élection présidentielle américaine.

UNE BELLE ÉCLAIRCIE

Déjà, les nouvelles financières étaient relativement bonnes au troisième trimestre. Manuvie affichait des profits de 1,1 G$, en forte hausse par rapport aux 622 M$ du même trimestre en 2015. Les profits de Sun Life ont bondi de 35 % pendant la même période.

Et voilà que la valeur des actions de Manuvie grimpe de 9 %, celles de Sun Life, de près de 10 % et celles de Great-West, de 3,3 %. Bien sûr, les bons résultats financiers ont joué un rôle, mais la principale raison serait la hausse des taux d’intérêt, notamment pour les obligations sur dix ans, qui a donné du souffle en Bourse à l’ensemble des entreprises du secteur de l’assurance.

STIMULUS EN VUE

Les taux ont grimpé parce que le marché estime que M. Trump mettra en œuvre des politiques favorables à l’économie, misant notamment sur une hausse de l’inflation et des taux directeurs. Un tel changement de cap aiderait les assureurs. Ceux-ci investissent les primes qu’ils reçoivent de leurs clients dans des actifs à revenu fixe, afin de payer les réclamations plus tard, tout en faisant un profit au passage. La période prolongée de stagnation des taux a remis ce modèle d’affaires en question.

En réaction, ils ont dû revoir leurs prix, miser sur certains actifs plus risqués et modifier leur stratégie d’investissement. Et cela n’a pas suffit à redonner assez confiance aux investisseurs pour que les actions de ces entreprises reviennent à la valeur en Bourse qu’elles avaient avant la crise de 2008.

UNE TENDANCE AVANT L’ÉLECTION

Certains relativisent toutefois le rôle joué par l’élection. C’est le cas de Donald Guloien, PDG de Manuvie. Celui-ci rappelle que les taux ont commencé à grimper aux États-Unis dès le début du mois de septembre 2016, alors que la victoire d’Hillary Clinton semblait faire peu de doute.

« Je crois que le fait que le taux de chômage soit essentiellement à un niveau de plein emploi (à 4,9 %) joue beaucoup, ainsi que la montée de 5,5 % du salaire médian au États-Unis, une première depuis 20 ans, et le mouvement à la hausse des taux et des courbes de rendement », confie-t-il.

Prudence dans la gestion des portefeuilles

Une fois encaissé le choc de l’élection de Donald Trump, les marchés ont repris des couleurs, mais il est déconseillé de pêcher par excès d’enthousiasme, soutient la Banque Nationale du Canada dans une étude spéciale.

Les marchés voient d’un bon œil l’intention de Donald Trump de faire un Justin Trudeau de lui-même en investissant massivement dans les infrastructures. Pendant sa campagne, il a évoqué le chiffre de 500G$US. Cela permettrait de stimuler l’économie autrement que par la politique monétaire.

Les réductions d’impôts des sociétés et des particuliers et l’allègement de la réglementation sur l’environnement et les affaires sont aussi attendues avec enthousiasme sur les marchés. Ces derniers ne semblent pas se soucier pour l’instant des risques de dérapages des finances publiques liés au jumelage d’un gigantesque programme de dépenses en infrastructures et en défense avec des baisses d’impôts et de taxes massives. Le risque qu’une libéralisation des règles sur les banques favorise une crise similaire à celle de 2008 ne semblent pas davantage les émouvoir.

De son côté, la Banque Nationale rappelle qu’il reste beaucoup d’incertitudes, liées notamment à la tentation protectionniste de Donald Trump et aux impacts géopolitiques que pourraient avoir certaines de ses politiques. Pour le moment, la BNC préfère maintenir sa répartition des actifs sans changement, avec une pondération supérieure à la moyenne pour les liquidités.

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