Un million de Canadiens pâtiraient d’une hausse des taux

Par La rédaction | 14 septembre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Jusqu’à un million d’emprunteurs canadiens pourraient être incapables de faire face à une augmentation de leurs paiements mensuels en cas de hausse de 1 % des taux d’intérêt, indique une étude publiée hier par TransUnion.

Et même si celle-ci était de seulement 0,25 %, plus de 700 000 consommateurs éprouveraient des difficultés financières.

Une bonne nouvelle toutefois : la plupart des Canadiens ne seraient pas matériellement affectés, du moins à court terme, par un tel scénario.

26 MILLIONS DE CANADIENS ONT UN CRÉDIT

« En dépit de l’endettement croissant des ménages, la grande majorité des consommateurs seraient en mesure de faire face à une hausse des taux d’intérêt jusqu’à 1 %. Cependant, notre étude a identifié un sous-ensemble de la population de près d’un million d’emprunteurs qui pourraient éprouver des difficultés financières en cas de hausse de ces taux », résume Jason Wang, directeur des recherches et des analyses de l’industrie pour TransUnion Canada.

Selon la firme, plus de 26 millions de consommateurs au pays sont porteurs d’un crédit actif, et chacun détient en moyenne 3,7 produits de crédit. Toutefois, son étude s’est concentrée sur deux principaux types de dettes, les lignes de crédit (l’autorisation d’emprunter des fonds à sa guise jusqu’à une certaine limite pendant une période donnée) et les prêts hypothécaires à taux variable, qui concernent environ sept millions de particuliers.

Ces types de prêts sont les plus touchés par les changements de taux d’intérêt et sont donc susceptibles de créer un « choc de paiement », c’est-à-dire une augmentation des obligations de paiement mensuelles hors du contrôle de leurs emprunteurs.

UNE FACTURE SUPPLÉMENTAIRE DE 50 $ CHAQUE MOIS

Ainsi, une simple hausse de 0,25 % pourrait avoir une influence significative sur 15 % des consommateurs ayant souscrit à un prêt hypothécaire à taux variable, à une ligne de crédit ou aux deux. Ceux-ci ferait alors face à une augmentation de 50 dollars ou plus de leurs paiements mensuels.

De leur côté, des hausses de 0,5 % et de 1 % causeraient un « choc de paiement » de 50 dollars par mois ou davantage pour respectivement 30 % et 40 % de cette population.

« La portée du choc de paiement mensuel ne constitue que l’un des aspects de cette équation. Pour certains, une augmentation de 50 dollars de leurs obligations n’impliquera que quelques sorties au restaurant en moins, tandis que pour d’autres, cela pourrait signifier ne pas être en mesure de faire le plein d’essence pour aller au travail », commente Jason Wang.

Pour mesurer la capacité des ménages à absorber une augmentation du montant de leurs remboursements, TransUnion a donc comparé la portée du « choc de paiement » avec le flux de trésorerie disponible dont ils disposent. Cet exercice a révélé qu’en cas de hausse des taux d’intérêt de 0,25 %, 718 000 consommateurs pourraient ne pas être en mesure de faire face à la situation. Et si cette hausse devait atteindre un point de pourcentage, 253 000 personnes supplémentaires seraient affectées.

« GARE AUX MAUVAISES SURPRISES »

À noter que parmi ces clients à risque, plus de 650 000 possèdent actuellement des cotes de crédit qui les placent dans des segments premier marché ou supérieurs, généralement considérés comme étant à faible risque.

« Ces informations sont particulièrement intéressantes pour les prêteurs, puisque des centaines de milliers d’emprunteurs traditionnellement considérés comme des consommateurs à faible risque pourraient soudainement devenir à risque, souligne Jason Wang. Tandis que les prêteurs s’attendent à ce que les consommateurs de  » prêt hypothécaire à risque  » soient des investissements risqués, ce changement soudain dans les segments de premier marché ou supérieurs pourrait s’avérer pour eux une désagréable surprise. »

En conséquence, l’analyste recommande aux prêteurs « d’évaluer leurs portefeuilles de manière similaire afin de déterminer lesquels de leurs clients pourraient être soumis à un choc de paiement, et de travailler avec ceux-ci pour s’assurer que leurs comptes se maintiennent à un niveau satisfaisant ».

Taux d’intérêt 101

Les taux d’intérêt au pays sont à des niveaux faibles depuis plusieurs années, et le taux au jour le jour offert par la Banque du Canada est aujourd’hui de 0,5 %.

Il s’agit du niveau de référence fixé par la banque centrale, auquel les institutions financières majeures se prêtent des fonds au jour le jour, et toute variation de ce taux cible influence les autres taux d’intérêt, y compris celui destiné aux entreprises, actuellement de 2,7 %.

VERS UNE HAUSSE PROCHAINE?

La plupart des prêts à la consommation et des prêts hypothécaires destinés aux particuliers sont basés sur le taux préférentiel, auquel s’ajoute une marge.

Le taux d’intérêt au jour le jour a atteint son plus haut niveau à la fin de 2007, à 4,5 %. Il a depuis diminué pour atteindre 0,25 % à son point le plus bas (où il s’est stabilisé pendant la majeure partie de 2009) et se trouve maintenant juste au-dessus de ce niveau, à 0,5 %. Plusieurs analystes s’attendent néanmoins à le voir monter, bien que la date et l’ampleur de la hausse demeurent incertaines.

Source : TransUnion.

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