Une banque interdit à un client d’investir en cryptomonnaies

Par La rédaction | 28 mai 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Bitcoin et autres cryptomonnaies
Photo : tuahlensa / 123RF

La décision d’une agence régionale du Crédit Agricole, l’une des principales banques françaises, de ne pas exécuter un ordre de virement vers une plateforme de bitcoin fait couler beaucoup d’encre en France.

Selon Les Echos, le refus de l’institution financière de donner suite à la demande de son client est dû au climat d’incertitude, voire de méfiance, qui entoure la monnaie virtuelle dans l’Hexagone.

En effet, explique le quotidien économique français, les banques « sont prises entre deux exigences ». D’un côté, « certains clients réclament plus de liberté dans leurs investissements » tandis que, de l’autre, plusieurs consommateurs se plaignent au contraire du fait que leur banquier ne les aurait pas suffisamment mis en garde contre les risques qu’ils prenaient en transformant leur argent en monnaie virtuelle.

PRÉSERVER LES INTÉRÊTS DES CLIENTS

À l’instar de ce qu’il se passe au Québec, où l’Autorité des marchés financiers n’a jamais cessé de mettre en garde les investisseurs contre ce genre de placements, les banques françaises ont elles aussi multiplié les messages de prévention concernant les cryptomonnaies au cours des derniers mois. Avec le même objectif que l’AMF, c’est-à-dire faire en sorte que les épargnants les moins aguerris ne tentent pas d’investir dans ces actifs « potentiellement très risqués », selon Les Echos.

En janvier dernier, la caisse régionale du Crédit Agricole Atlantique Vendée a cependant été nettement plus loin, puisqu’elle a carrément empêché l’un de ses clients d’effectuer une transaction d’un montant de 15 000 euros (environ 22 600 dollars canadiens) à destination de la plateforme de cryptomonnaies Kraken.

Cette histoire, rendue publique il y a seulement quelques jours, a débuté lorsque le client en question, un attaché commercial de 34 ans, a fait sa demande de virement auprès de son agence du Crédit Agricole. « L’argent a bien été débité de mon compte bancaire, mais n’est pas arrivé sur mon compte Kraken », a-t-il expliqué aux Echos. Pour tenter de comprendre ce qui se passait, il a donc contacté la banque, qui lui a fait savoir qu’elle n’avait « pas donné suite » à sa demande. Raison invoquée : « Préserver les intérêts de (ses) clients et les protéger des conséquences financières et patrimoniales pouvant résulter de ces investissements. »

DES AUTORITÉS AMBIGUËS

Une attitude que le client, un habitué des cryptomonnaies depuis plusieurs années, juge choquante. « Il est difficilement acceptable à ce jour de ne pas pouvoir utiliser son argent durement gagné comme on le souhaite », dénonce-t-il dans Les Echos. Quelques jours après que sa demande de virement a été refusée, le jeune homme a néanmoins pu récupérer ses 15 000 euros pour les transférer vers un autre établissement bancaire, d’où il a enfin pu réaliser la transaction qu’il souhaitait.

Pour justifier sa position, un représentant du Crédit Agricole a expliqué au journal que, dans quatre cas au moins, des clients de la banque qui avaient perdu de l’argent en misant sur des cryptomonnaies s’étaient ensuite retournés contre elle sous le prétexte qu’ils n’avaient pas reçu assez de conseils… « Nous allons trouver un juste équilibre. Nous ne sommes pas contre les crypto-actifs, seulement nous voulons que les clients le fassent en toute conscience », indique un haut responsable de l’institution financière.

« Si les banques se montrent si prudentes, c’est aussi qu’elles sont pour l’heure livrées à elles-mêmes et que les autorités se montrent ambiguës », concluent Les Echos. En effet, souligne le quotidien, aucun texte de loi n’interdit à un consommateur d’investir en cryptomonnaie alors que, parallèlement, les établissements bancaires et l’Autorité des marchés financiers française multiplient les avertissements, qualifiant le bitcoin et autres monnaies virtuelles de produits hautement spéculatifs.

La rédaction