Wall Street divisée sur l’avenir du bitcoin

Par La rédaction | 12 octobre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Alors que le patron de JPMorgan Chase affirmait récemment que le bitcoin n’est rien d’autre qu’« une arnaque », Goldman Sachs envisage de créer une équipe de traders qui se consacre aux cryptomonnaies, rapportent l’Agence France-Presse et Capital.

« Ça ne va pas marcher. On ne peut avoir un système où des gens créent une monnaie avec du vent et penser que ceux qui l’achètent sont vraiment malins », avait notamment déclaré Jamie Dimon il y a quelques semaines à New York, avant de prédire que « tout cela finirait par imploser ». Et pour faire bonne mesure, le p-dg JPMorgan avait ajouté que si certains de ses employés venaient à passer des ordres d’achat ou de vente sur la cryptomonnaie, il n’hésiterait pas à les licencier « dans la seconde ».

Des propos qui ne semblent pas avoir ému outre mesure Goldman Sachs, puisque la banque d’investissement étudierait la possibilité d’acheter et de vendre des bitcoins et d’autres monnaies virtuelles pour le compte de certains de ses clients, indique l’AFP.

UNE BONNE OPPORTUNITÉ POUR GOLDMAN SACHS?

La banque d’investissement précise que même si ce projet en est encore à « un stade préliminaire », la banque d’affaires envisagerait de « constituer une équipe de traders spécifique, comme elle en a pour d’autres produits financiers comme les devises ». Ce nouveau créneau « pourrait être une bonne opportunité pour Goldman Sachs, dont l’activité de courtage traverse une période difficile », note l’agence de presse.

« En réponse à l’intérêt des clients pour les cryptomonnaies, nous sommes en train d’explorer quel est le meilleur moyen de répondre à leurs demandes sur ce segment », a déclaré à l’AFP une porte-parole de la banque. Avec cette annonce, Goldman Sachs est devenue la première institution financière de Wall Street à envisager de constituer une équipe de traders spécialisés dans les monnaies cryptographiques, soulignent Les Echos.

Le quotidien économique français en profite pour rappeler que le bitcoin a acquis la réputation d’être « la devise préférée des trafiquants de drogue et du crime organisé pour le blanchiment », tandis que « les pirates informatiques l’ont aussi utilisée par le passé comme une monnaie d’échange pour demander des rançons ».

« LE BITCOIN N’EST PAS FONCIÈREMENT MAUVAIS »

De son côté, Morgan Stanley, l’autre grande banque d’affaires américaine, a adopté une position moins tranchée que Goldman Sachs dans cette affaire. Son p-dg, James Gorman, a ainsi récemment déclaré que si le bitcoin était « bien évidemment très spéculatif », il n’était cependant « pas foncièrement mauvais ».

Jusqu’à présent, les grandes banques ont toujours évité de s’intéresser de trop près aux monnaies virtuelles, et particulièrement au bitcoin, « considéré comme une monnaie utilisée pour des activités illicites, plébiscitée par les malfrats et autres trafiquants parce qu’elle échappe à tout contrôle des autorités », relève l’AFP. Toutefois, ajoute l’agence de presse, certains magasins et commerces commencent à l’accepter moyennant des frais importants.

Quelque 70 fonds spéculatifs investissent déjà dans ces monnaies, selon la firme Autonomous NEXT, et 750 millions de dollars sont échangés chaque jour. Au total, près de 150 milliards de dollars de monnaies virtuelles seraient ainsi en circulation dans le monde.

Le FMI souhaite discuter des monnaies virtuelles

La directrice générale du Fond monétaire international estime que le FMI constitue « une plateforme idéale » pour aborder la question des évolutions technologiques dans le domaine financier, et en particulier celle des cryptomonnaies, rapporte La Tribune.

« Pour le moment, les monnaies virtuelles comme le bitcoin ne remettent pas ou peu en cause l’ordre établi des monnaies fiduciaires et des banques centrales », notamment parce qu’elles sont « trop volatiles, trop risquées et trop consommatrices d’énergie » et parce qu’elles sont « trop opaques pour les régulateurs » et qu’on peut les pirater, a ainsi déclaré Christine Lagarde lors d’un discours prononcé à Londres à l’occasion du 20e anniversaire de l’indépendance de la Banque d’Angleterre.

« IL NE SERAIT PAS SAGE DE LES IGNORER »

La patronne du FMI a cependant ajouté que, à son avis, il s’agissait là de « défis technologiques » qui pourraient « être réglés avec le temps ». « Je pense qu’il ne serait pas sage d’ignorer les monnaies virtuelles », a-t-elle soutenu, précisant que celles-ci pourraient par exemple être adoptées à la place d’une devise étrangère par des États dont la monnaie est instable et dont les institutions sont défaillantes.

Christine Lagarde a par ailleurs souligné l’intérêt de tels systèmes de paiement dans des pays où l’économie est décentralisée afin de permettre aux consommateurs d’effectuer des transactions d’un montant peu élevé sans frais. « Si les monnaies virtuelles privées restent risquées et instables, les citoyens pourraient (…) en appeler à une banque centrale pour qu’elle fournisse une version numérique de la monnaie légale », a-t-elle indiqué.

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