Le bitcoin est sur toutes les lèvres

Par La rédaction | 4 Décembre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le bitcoin fait fureur depuis que sa valeur est passée de 1000 $US à 11 000 $US en quelques mois. On en parle partout et bien des investisseurs sont curieux. Il bouscule même les habitudes des régulateurs et des banques centrales.

La Banque du Canada étudie présentement l’opportunité de créer une monnaie numérique, dans un contexte où les cryptomonnaies comme le bitcoin gagnent en popularité et où la société utilise moins d’argent comptant.

Une monnaie numérique pourrait devenir une solution de rechange aux cartes de crédit et de débit et aux autres formes de paiement, facilitant l’émergence de la concurrence dans les secteurs du détail et des paiements de grande valeur, rapporte La Presse Canadienne.

Toutefois, la banque centrale se montre prudente, d’autant plus qu’une cryptomonnaie pourrait menacer une partie des revenus qu’elle tire de l’émission de monnaie. La Banque du Canada touche la différence entre les intérêts qu’elle tire d’un portefeuille composé de titres du gouvernement du Canada (dans lequel elle investit la valeur de l’ensemble des billets en circulation) et les coûts liés à l’émission, la distribution et le remplacement de ces billets.

Il faudra aussi voir la réaction des adeptes des cryptomonnaies, dont plusieurs apprécient justement le fait qu’elles ne soient pas sous la coupe des banques centrales.

LE FMI INVITE À S’Y PRÉPARER

Au Fonds monétaire international (FMI), on convient que les monnaies virtuelles vont composer le paysage monétaire plus rapidement qu’on ne le croit, rappelle Le Devoir.

« Les monnaies virtuelles telles que le bitcoin ne présentent actuellement peu ou pas de danger pour le régime existant de monnaies fiduciaires et de banques centrales, déclarait Christine Lagarde, directrice générale du FMI, il y a un mois lors d’une conférence à la Banque d’Angleterre. Elles sont en effet trop volatiles, trop risquées, trop compliquées à utiliser et les technologies sous-jacentes ne peuvent pas encore être déployées à grande échelle. Un grand nombre d’entre elles sont trop obscures pour les autorités de réglementation et plusieurs ont déjà été piratées ».

Ces défis ne sont toutefois que de nature technologique et pourraient être corrigés, par exemple en émettant les monnaies virtuelles à parité avec le dollar ou rattachées à un panier stable de devises.

Le FMI les imagine notamment comme une solution pour les pays émergents souffrant d’une devise faible et volatile, plus souple et moins coûteuse que la classique dollarisation, qui les place sous le diktat de la Réserve fédérale américaine.

RENDEZ-VOUS EN BOURSE

Aux États-Unis, le bitcoin fera bientôt son apparition sur deux Bourses, une division du Chicago Mercantile Exchange et le Cboe Global Markets Inc, rapporte Bloomberg. Un troisième marché, Cantor Fitzgerald LP Cantor Exchange, proposera des options binaires en dérivés du bitcoin. Les deux premiers ont obtenu l’accord des régulateurs après avoir montré patte blanche à la U.S. Commodity Futures Trading Commission.

En plus de faire augmenter la valeur du bitcoin, ces annonces ont réjoui les investisseurs institutionnels de Wall Street et les traders à haute fréquence, qui piaffent d’impatience de miser sur cette devise hautement volatile, mais craignent de le faire dans des marchés peu ou pas réglementés.

Selon Chris Concannon, président de Cboe, le lancement de ces contrats à terme va justement assainir le marché. « Cela va créer un équilibre dans le marché, croit-il. Les clients qui possèdent des bitcoins n’ont aucune manière de se prémunir contre les risques. Ces produits leur permettront de se protéger et de prendre des positions contraires. Plus important, ils apportent une vague de supervision des régulateurs. »

ATTENTION À ÉRIC GARNER

Une supervision d’ailleurs bien nécessaire. Encore aussi récemment que le 1er décembre, l’Autorité des marchés financiers (AMF) alertait les investisseurs québécois à propos des sollicitations d’investissement d’Eric Garner.

Celui-ci approche les investisseurs sur le site Kijiji, sur Facebook et sur les sites Internet westcapinvestments.com et fondsbtc.info, afin de leur proposer d’effectuer des placements dans un fonds constitué de bitcoin (Fonds Bitcoin).

Non seulement les rendements promis sont irréalistes, mais Éric Garner n’est inscrit dans aucune discipline auprès de l’AMF. De plus, il se déclare associé à la firme WestCap Investments, qui n’existe pas.

Pire encore, le site internet de WestCap Investments (westcapinvestments.com) constitue une copie non autorisée de celui de Capstone Asset Management inc., un gestionnaire de fonds d’investissement et courtier sur le marché dispensé bel et bien inscrit auprès de l’AMF.

L’AMF enjoint ceux qui ont déjà investi avec cet homme ou lui ont confié des sommes à communiquer avec elle, afin de l’aider dans son enquête.

À QUAND L’ÉCLATEMENT DE LA BULLE?

Enfin, ce n’est pas contre la fraude, mais plutôt contre la spéculation et la volatilité que Desjardins met en garde les investisseurs québécois. L’économiste principal, Hendrix Vachon, rappelle qu’en 2013, la valeur du bitcoin était passée de 13 $US à 1 000 $US, soit une appréciation de près de 8 000 %. La valeur du bitcoin était ensuite retombée aux environs de 200 $US, une chute de 80 %.

En ce moment, la valeur du bitoin est 800 fois plus élevée qu’au début 2013. Lors de la bulle techno au Nasdaq, le multiple était de cinq et de 20 lors de la bulle spéculative des tulipes aux Pays-Bas il y a 400 ans. Comment ne pas croire que le bitcoin est en proie à une gigantesque bulle spéculative?

D’autant plus que l’appât du gain et non l’usage, encore relativement restreint, explique cet engouement pour la cryptomonnaie. S’il est assez facile de prédire que cette bulle éclatera, il est plus ardu de savoir quand. Certains pourraient s’en mordre les doigts.

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