L’école du bureau numérique : une initiative altruiste

Par Anaïs Chabot | 29 mai 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Une école 100 % web destinée à expliquer aux conseillers l’ABC du virage numérique, ça vous intéresse? C’est le pari qu’ont fait François Laporte et Jean-François St-Pierre et qui se concrétisera d’ici quelques jours.

« Installer un système d’infonuagique? Génial! Mais comment s’y prendre pour y arriver? Concrètement, demain matin, qu’est-ce que je fais? » C’est la réaction qu’obtient le conseiller en sécurité financière et représentant en épargne collective François Laporte quand il parle de CRM (Customer relationship management) à ses confrères.

L’idée de créer une école du bureau numérique est donc née d’un constat : même si les produits d’infonuagique ont énormément de potentiel, les gens ne les utilisent pas. « Une fois que ces conseillers sont opérationnels, ils ne poussent pas plus loin et ne vont donc pas chercher une plus-value », explique Jean-François St-Pierre, président de Kronos Technologies, qui est à l’origine de ce projet d’université virtuelle avec François Laporte. « Chez Kronos, on développe des logiciels pour le marché de la finance et de l’assurance. On offre par exemple un CRM et d’autres produits qui ont énormément de fonctionnalités et de potentiel. Mais on s’est rendu compte que les conseillers utilisent très peu ce potentiel parce qu’ils n’ont pas reçu une formation assez complète pour ce faire. »

François Laporte et Jean-François St-Pierre

Le coupable, selon lui, c’est le manque d’accompagnement. Les utilisateurs de ce genre de produits ne suivent qu’une formation de base, pour être en mesure de démarrer, continue-t-il. « Les gens font donc une utilisation minimale de ces outils. » Même s’il comprend que tout le monde est pris dans le « tourbillon de la vie » et que les conseillers sont souvent très occupés, il croit tout de même que d’être au fait du potentiel qu’offre ce genre de logiciel permet d’accroître son bien-être professionnel.

« Notre intérêt, c’est d’augmenter le bien-être des conseillers dans leur quotidien par l’entremise d’outils et de méthodes de travail plus efficaces. Comme c’est notre souci, on n’a pas le choix de lancer une formation plus accompagnatrice, afin d’aider le conseiller. » Le but de cette école du bureau numérique en quelques mots : développer la perspective numérique chez les « étudiants ». Car pour François Laporte, la majorité des conseillers qui veulent rester en affaires devront faire ce virage.

« Le travail que j’aime faire est de présenter les vertus du virage numérique. C’est écolo, c’est le fun et ça permet une pérennité du métier, explique-t-il. Je suis parti du rêve, je suis passé par le cauchemar… pour revenir au rêve grâce à l’infonuagique. » Il affirme que, présentement, les compagnies d’assurance et de fonds font des efforts énormes pour rendre la vie plus facile aux conseillers, par l’entremise de la technologie.

Mais tous les conseillers doivent-ils vraiment faire le virage techno? « Ceux qui sont à l’aise avec toute cette paperasse devraient rester papier », dit-il. Mais les autres devraient faire l’effort de créer un bureau sans papier. « Ceux à qui je parle après mes conférences veulent savoir combien de temps ça leur prendra pour instaurer un tel système parce que leurs horaires sont chargés. Ils veulent aussi savoir combien ça va leur coûter.» Au bout du compte, c’est aussi la relation avec les clients qui y gagne. « On veut aussi que le conseiller, au lieu de passer 80 % de son temps à brasser des niaiseries, prenne ce temps pour rencontrer ses clients et faire ce pourquoi il est le plus utile, soit la sécurité financière », ajoute M. Laporte.

Une université 100 % virtuelle

Quelle forme aura donc cette école du bureau numérique? « En gros, il s’agit d’un portail web, d’une université virtuelle. Il y a des inscriptions, un registraire, un choix de cours, un tutoriel, des bouts de conférence, etc. », explique François Laporte. Éventuellement, on fera, pour chaque étudiant, une analyse des besoins numériques. Chacun aura son plan pratique personnalisé. « Mais l’incontournable est d’installer un CRM avant de s’inscrire à l’école, ajoute-t-il. C’est du pas à pas. Toute une équipe qui prendra la relève au fur et à mesure que le conseiller progressera dans son cheminement. »

« Ce sera un accompagnement relativement serré, renchérit Jean-François St-Pierre. Ce n’est pas que deux ou trois cours, mais une formation qui permettra aux gens de savoir comment utiliser les outils, mais qui permettra aussi d’acquérir une méthode de travail. Ils auront des objectifs bien précis à atteindre, des exercices à faire ainsi que des évaluations. »

L’école suivra donc l’évolution de la technologie avec ses étudiants. Mais sera-t-elle uniquement destinée aux conseillers qui utilisent ou utiliseront Kronos? La question se pose, puisque c’est le président de Kronos qui est derrière cette initiative. « On veut vraiment que ce soit une école qui appartienne à la communauté des conseillers, et non pas une école qui appartienne à une compagnie de logiciel ou à un formateur en particulier. Notre volonté n’est pas de commercialiser un outil quelconque ou de commercialiser un didactiel quelconque. Le but c’est de fournir un accompagnement aux quelque 33 000 conseillers du Québec », explique Jean-François St-Pierre.

La sécurité avant tout

Une des grandes préoccupations des deux hommes était bien entendu la sécurité des données. Ce n’est donc pas n’importe quel fournisseur de logiciel qui peut adhérer à l’école du bureau numérique. « Actuellement, les conseillers indépendants ne peuvent se fier qu’à la parole du fournisseur de logiciel qui leur dit « oui, mon logiciel est sécuritaire ». Ils n’ont pas les moyens de valider la sécurité des applications. » C’est pourquoi l’école imposera deux conditions aux fournisseurs de logiciels qui voudront participer à cette initiative : l’entreprise devra avoir passé un audit de sécurité et devra être prête à collaborer et à coopérer… avec ses compétiteurs. « On exclut totalement le volet compétition à l’école du bureau numérique. Cela veut dire, pour un concepteur de logiciel, qu’il devra accepter de partager son information avec d’autres compagnies. On veut que la peur cède le pas à la collaboration », lance Jean-François St-Pierre.

Les deux hommes affirment travailler pour rendre les gens heureux et que leur objectif n’est pas de faire de l’argent, mais d’apporter quelque chose dans la vie des gens. « Il y a un besoin, et on peut y répondre », conclut François Laporte.

L’école du bureau numérique en bref

  • L’école du bureau numérique commencera à donner ses premières formations au mois de juin 2013, « dans des salles de cours temporaires »;
  • Elle sera officiellement inaugurée en août 2013;
  • La majorité des cours sera donnée par internet;
  • Il y aura une possibilité, pour les grands cabinets, d’organiser des cours dans leurs bureaux. Ils pourront en outre bénéficier de plans de cours personnalisés et de mentorat;
  • Les cours seront donnés par François Laporte, Kronos, iGeny et d’autres firmes spécialisées qui seront dévoilées plus tard;
  • Certains cours seront gratuits, mais ceux qui permettront d’obtenir des UFC seront payants;
  • Des formations seront données quant à l’utilisation de certains produits (téléphones intelligents, tablettes, etc.).

Luc Girard, PhD Cliquez pour agrandir

Anaïs Chabot