Les investisseurs appréhendent un marché baissier dans les obligations

7 juin 2007 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Pendant que les menaces renouvelées d’inflation au Canada augmentent le risque pour les portefeuilles d’obligations traditionnelles, les analystes s’attendent à ce que la croissance des investissements dans les superpuissances émergentes entraîne un surplus de liquidités dans le marché mondial des titres à revenu fixe.

Selon Sherry Cooper, économiste en chef et stratège à BMO Groupe financier, le marché haussier des obligations qui avait débuté en 1982 touche à sa fin. Durant les deux dernières décennies, la main-d’œuvre à bon marché des pays émergents a constamment réduit le prix des produits dans les pays développés, tels les États-Unis et le Canada, entraînant l’inflation et les taux d’intérêt à la baisse.

Durant cette période, les obligations ont enregistré une croissance soutenue en raison des investissements massifs de la Chine dans les bons du Trésor, particulièrement américains. Les Chinois voulaient ainsi stabiliser leur devise face aux assauts des spéculateurs. Près des trois quarts des 2100 milliards de dollars de réserves chinoises ont servi à acheter des actifs libellés en dollars. Résultat : le marché des bons du Trésor américain dépend maintenant fortement des investissements en provenance des économies émergentes telles la Chine, la Russie, l’Inde et d’autres pays du Moyen-Orient.

Cependant, la donne est maintenant changée. Ces pays ont actuellement assez de réserves monétaires pour éviter les « attaques » contre leur devise et ils sont en train de se procurer d’autres types d’actif. Avec de telles ressources financières, ils peuvent continuer à faire croître leurs économies respectives. Mais cette croissance à vitesse grand V a pour effet de faire grimper l’inflation. « À partir de maintenant, l’inflation ne peut qu’augmenter, diminuant ainsi la valeur des obligations existantes et accentuant leur rendement », précise Sherry Cooper. Selon elle, les obligations américaines de 10 ans, dont le taux est actuellement de 4,86 %, pourraient dépasser la barre des 5 %, alors que les titres canadiens du même type, qui sont actuellement à 4,44 %, pourraient atteindre 5 % ou plus d’ici la fin de l’année.

Cette tendance pourrait même être accélérée par la hausse des « fonds de richesse souveraine », ces importants stocks de capital de risque qui sont à la disposition des États en émergence. En effet, leur valeur courante est aujourd’hui de 2500 milliards de dollars américains et pourrait se chiffrer à 12000 milliards d’ici huit ans. Si ces réserves considérables se retrouvent sur le marché, elles ont le potentiel d’accroître l’inflation de façon marquée.