Les investisseurs québécois seraient plus vulnérables à la fraude

Par Ronald McKenzie | 6 octobre 2009 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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« L’investisseur québécois présente des caractéristiques qui le rendent, dans une certaine mesure, plus vulnérable à la fraude, notamment le fait qu’il aime participer à des concours et jouer à la loterie. »

Voilà l’un des constats que fait l’Autorité des marchés financiers (AMF) dans la foulée d’un sondage réalisé en juillet dernier par les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM).

Cette apparente facilité des investisseurs québécois à être victimes de fraude se manifeste par divers comportements. Par exemple, ils pensent que l’une des façons de faire de l’argent à la Bourse est de négocier à partir d’informations privilégiées (31 % des Québécois contre 23 % des Canadiens).

Bien que les Québécois soient proportionnellement plus nombreux (54 %) que les Canadiens (45 %) à croire que la fraude financière est chose commune dans leur province, les résultats du sondage semblent démontrer qu’ils ne sont pas plus vulnérables aux arnaques financières que l’ensemble des Canadiens.

Fait à noter, les Québécois semblent moins importunés par les approches frauduleuses par courriel (le spam,) que le reste des Canadiens (55 % au Québec contre 70 % au Canada). « Le fait que ces approches soient généralement diffusées en anglais pourrait expliquer en partie ce résultat », analyse l’AMF. Au Québec, les tentatives de fraude semblent principalement se présenter par l’intervention d’un proche ou d’une personne en qui l’on a confiance.

Et quand les Québécois sont la cible d’un stratagème, ils ont l’habitude de ne pas en parler. En effet, le sondage indique que seulement 24 % de ce ceux qui ont vécu une telle expérience l’ont dénoncée aux autorités. C’est l’un des taux les plus faibles au pays. Paradoxalement, les Québécois sont en proportion plus nombreux à prétendre qu’il est important de rapporter toute tentative de fraude (83 % contre 78 % au Canada) et à être informés de la présence d’un régulateur dans leur province (46 % contre 38 % au Canada).

De bonnes notes pour les conseillers De manière générale, les Québécois apprécient le travail de leur conseiller. Plus de 90 % de ceux qui font affaire avec un professionnel des services financiers se disent « bien à l’aise de parler de leurs préoccupations » avec eux. Ils considèrent que le conseiller est la « personne idéale pour informer les jeunes sur les finances et l’investissement ». Le hic, c’est seulement 45 % des Québécois ont un conseiller.

Le profil des investisseurs québécois Le sondage des ACVM dresse le profil des investisseurs québécois. Sans surprise, on apprend qu’une grande majorité d’entre eux (72 %) n’ont pas de planification financière, même si les deux tiers des personnes sondées admettent qu’il serait important d’en avoir une.

Les Québécois sont aussi plus passifs et prudents que leurs compatriotes canadiens. Ils négocient moins et ont tendance « à choisir des placements qui offrent des rendements moins élevés et qui présentent moins de risques », souligne l’AMF. Cela n’est pas étonnant : 78 % d’entre eux n’ont fait aucune recherche sur l’épargne et les investissements au cours des 12 derniers mois. Dans 57 % des cas, soit le plus haut taux au Canada, ils n’ont effectué aucune recherche personnelle avant de conclure leur dernier investissement.

« Bien qu’ils connaissent les principes de base en investissement, l’importance de planifier leur retraite et de dénoncer les approches frauduleuses, les investisseurs québécois ne semblent pas agir en ce sens. Il importe que les Québécois développent des réflexes qui leur permettent d’investir de façon éclairée et de se prémunir contre la fraude », a indiqué Anne-Marie Poitras, surintendante de l’assistance à la clientèle et de l’indemnisation à l’AMF.

Ronald McKenzie