Les jeux en ligne sont utilisés pour du blanchiment d’argent

Par La Presse Canadienne | 22 janvier 2024 | Dernière mise à jour le 19 janvier 2024
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Un homme assis avec son téléphone dans la main devant deux écrans montrant du poker en ligne.
SolStock / iStock

L’agence de renseignement financier du Canada prévient que de l’argent illicite est blanchi sur des sites de jeux d’argent en ligne qui offrent diverses façons de dissimuler des fonds douteux.

Dans un bulletin récemment publié, le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE) met en lumière l’exploitation criminelle des activités de paris numériques légitimes et sans permis.

Le centre note que la popularité des jeux d’argent en ligne a augmenté pendant la pandémie de COVID-19 et a été alimentée en 2021 par la légalisation des paris sur un seul événement sportif.

Le CANAFE identifie l’argent lié à des activités illicites en passant chaque année au crible des millions d’informations provenant de banques, d’entreprises de services monétaires, de casinos, de compagnies d’assurance, de négociants en valeurs mobilières, de courtiers immobiliers et autres.

Il divulgue les renseignements obtenus sur les cas suspects à la police et à d’autres organismes chargés de l’application de la loi.

En préparant le nouveau bulletin, le CANAFE a analysé les rapports de transactions suspectes liés aux jeux de hasard en ligne entre 2016 et 2023.

Il a également examiné les données d’autres unités de renseignement financier, les évaluations d’organisations nationales et internationales et les informations provenant de sources ouvertes pour glaner des tendances et des schémas.

« Les sites de jeux d’argent en ligne offrent aux éventuels blanchisseurs d’argent la possibilité de dissimuler la source de leurs fonds en utilisant plusieurs méthodes de dépôt et de retrait différentes », explique-t-on dans le bulletin.

Le CANAFE a découvert qu’une tactique courante consistait à acheter des cartes ou des bons prépayés en utilisant des produits présumés de la criminalité. Ils étaient ensuite utilisés pour déposer de l’argent sur des comptes de jeu, suivis de retraits par virement bancaire ou électronique vers un compte bancaire canadien sous couvert de gains.

Les comptes bancaires fournissent également un moyen de placer et de regrouper les produits du crime sur des sites de jeux en ligne agréés et non agréés, indique le bulletin.

Par exemple, les dépôts bancaires pouvant être liés à des crimes tels que le trafic de drogue et le trafic d’êtres humains ont parfois été épuisés grâce à des achats de jeux en ligne rapides et fréquents ou à des transferts vers des prestataires de services de paiement connus pour faciliter les transactions sur les sites de jeux de hasard.

« D’autres comptes semblent exister principalement pour faciliter le blanchiment d’argent par l’entremise des activités de jeu en ligne, indique le bulletin. Cela incluait une activité transactionnelle qui semblait de nature circulaire, où les fonds étaient reçus et renvoyés plusieurs fois aux mêmes sites de jeu. »

Dans un cas, un groupe du crime organisé a blanchi les produits du crime en exploitant un site de jeu sans permis avec des comptes d’entreprises non liées, selon le CANAFE.

Bien que les sites de jeu sans permis ne puissent pas détenir de comptes dans des institutions financières au Canada, les entreprises et les particuliers qui exploitent ces sites ont été observés en train d’envoyer des fonds vers des comptes basés au Canada, ajoute le bulletin.

« Souvent, ces sociétés de jeux sont situées dans des juridictions dotées de régimes anti-blanchiment d’argent faibles, se livrent à des activités bancaires très secrètes et offrent des capacités de paradis fiscal. »

L’analyse du CANAFE a aidé l’agence à dresser une longue liste d’indicateurs possibles de blanchiment d’argent sur les sites de jeux en ligne.

Par exemple, il a exhorté les institutions à surveiller l’utilisation d’un compte exclusivement destiné aux jeux de hasard en ligne, sans aucune preuve d’activité bancaire quotidienne.

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