Les régimes de retraite canadiens boudent le pays

18 mars 2024 | Dernière mise à jour le 15 mars 2024
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Photo : bob_bosewell / istockphoto|Photo : ArtMarie / istockphoto

Une centaine de représentants du secteur économique demandent aux gouvernements d’encourager les régimes de retraite à investir davantage au Canada.

Dans une lettre adressée au ministre des Finances du Canada et à ses homologues provinciaux, et publiée également dans plusieurs quotidiens, les signataires soulèvent que la part des investissements des régimes de retraite dans les sociétés canadiennes cotées en Bourse a diminué drastiquement au cours des 20 dernières années, rapporte Avantages.

Résultat : Aujourd’hui, les huit principales caisses de retraite canadiennes (Maple 8) ne possèdent plus que 25% de leurs actifs au Canada. La part des actions publiques stagne à 3%, soit le poids du Canada dans l’indice MSCI Monde, selon un article de Finance et Investissement.

Le Régime de pension du Canada (avec presque 600 milliards d’actifs), la Caisse de dépôt et placement du Québec (plus de 430 G$), la caisse de retraite des enseignants de l’Ontario (250 G$) et les cinq autres plus grandes caisses de retraite au Canada investissent 75 % de leurs fonds à l’étranger, a calculé la firme LetkoBrosseau. Les caisses de retraite canadiennes se retrouvent ainsi à investir deux fois moins en moyenne dans leur économie nationale que leurs pairs des autres pays.

INVESTISSEURS PATIENTS

« Les huit plus grandes caisses de retraite au Canada ont investi davantage en Chine (environ 88 G$) que dans les actions publiques et privées canadiennes (environ 81 G$) », peut-on lire dans la lettre ouverte. Elle compte, au nombre de ses signataires, des noms tels Peter Letko et Daniel Brosseau de Letko Brosseau & Associés, Alain Bouchard de Couche-Tard, Laurent Ferreira de la Banque Nationale, Eric La Flèche de Metro, Pierre Karl Péladeau de Québecor, Éric Martel de Bombardier et Louis Audet de Cogeco.

En détenant 37 % de l’épargne institutionnelle au Canada, les caisses de retraite « ont la capacité unique d’être des investisseurs en actions patients et à long terme, exactement ce dont le Canada a besoin pour forger son avenir », soulève la lettre.

Dans la province seulement, la présence de la Caisse de dépôt et placement du Québec représente 88 G$ en investissements, dont 70 G$ dans 550 entreprises.

CRÉER DES EMPLOIS

L’enjeu est de taille. En effet, les investissements effectués au Canada ont un impact sur les portefeuilles de placements, mais aussi sur l’économie canadienne en contribuant à créer des emplois, à améliorer les revenus et à faire croître les cotisations aux régimes de retraite. 

Or, en investissant moins dans les entreprises canadiennes, les caisses de retraite contribuent à augmenter leur coût de capital, à diminuer leur valeur et à réduire leur capacité de croissance, ce qui rend le pays moins attrayant à l’échelle internationale, indique la lettre.

« Sans le parrainage du gouvernement et une aide fiscale considérable, les fonds de pension n’existeraient pas. Le gouvernement a le droit, la responsabilité et l’obligation de réglementer le fonctionnement de ce régime d’épargne », indiquent les signataires.

PRIORITÉ NATIONALE

Ils estiment que le fait de favoriser l’investissement au Canada devrait être une priorité nationale, ajoutant qu’ils appuieraient un effort politique visant à modifier les règles actuelles afin d’inciter les caisses de retraite à investir davantage au Canada.

La lettre mentionne par ailleurs qu’au cours des 25 dernières années, les marchés boursiers canadiens ont toujours généré des rendements très compétitifs, dominant à maintes reprises ceux des autres pays du G7.

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