Pl. Fin., un titre trop souvent usurpé

Par Ronald McKenzie | 10 juillet 2007 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les consommateurs confondent, encore et toujours, les véritables professionnels de l’industrie des services financiers avec les escrocs à la petite semaine.

«En 2006, nous avons dépensé 50000$ pour défendre le titre de planificateur financier», lance Gilles Sinclair, président du Conseil de l’Institut québécois de planification financière(IQPF). Certes, pour plusieurs grands groupes, une telle somme peut paraître minime. Mais pour l’IQPF, ce montant est important.

L’IQPF, rappelle Gilles Sinclair, est un institut de formation et non pas un organisme de surveillance des marchés. Ses revenus proviennent en grande partie des cotisations versées volontairement par ses 2700 membres, des ateliers de formation qu’il dispense et de la vente de matériel didactique. «Les démarches que nous effectuons auprès des autorités réglementaires coûtent cher en argent, mais aussi en temps et en énergie. C’est autant de ressources qui ne sont pas consacrées à l’amélioration de la formation des planificateurs financiers.»

Malgré la loi qui prescrit que, au Québec, seuls les diplômés de l’IQPF peuvent porter le titre de planificateur financier, de nombreux pseudo-conseillers usurpent ce titre afin de mieux flouer les consommateurs. «Encore récemment, j’ai vu des réclames dans des journaux où des individus s’affichaient comme planificateur financier sans l’être. Les gens ne s’informent pas, et l’Autorité des marchés financiers [AMF] n’intervient pas assez», déplore Yves Michaud, président-fondateur du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires.

Pourtant, depuis l’éclatement du scandale Norbourg, l’AMF a multiplié les poursuites, les interdictions d’exercer et les communications auprès des consommateurs et des investisseurs. «À l’AMF, le consommateur est à l’avant-scène, dit Frédéric Alberro, porte-parole de l’organisme. Nous avons produit huit nouvelles brochures sur différents sujets liés à l’investissement. Nous avons créé un partenariat avec la FADOQ-Mouvement des aînés du Québec, mis en place le concours BOURSTAD de simulation boursière, publié des encarts éducatifs dans les médias écrits. Et nous participons à des salons spécialisés.»

Le message passe mal En dépit de ces efforts, le message passe difficilement. Les consommateurs confondent, encore et toujours, les véritables professionnels de l’industrie des services financiers avec les escrocs à la petite semaine. Il faut dire que la presse grand public ne les aide pas à y voir clair.

Le 22 juin dernier, La Presse titrait à la une de son cahier Affaires: «Conseiller financier accusé. L’AMF intente une poursuite contre Jean-François Laroche et lui réclame le paiement d’une amende de 532000$.» Laroche vendait des contrats d’investissement illégaux au cours de conférences qu’il donnait à des personnes actives dans le marketing de réseau de produits thérapeutiques. Sa publicité soulignait qu’il offrait des services de fiscalité, de comptabilité, de gestion et d’administration. Il n’a jamais été inscrit sous quelque titre que ce soit à l’AMF. Pourtant, La Presse n’a pas précisé ce point et l’a présenté comme étant un «conseiller» et un «consultant» financier, même si le communiqué de presse de l’AMF ne mentionnait rien à cet effet.

«Il est évident que ce genre de manchettes porte ombrage aux professionnels de l’industrie des services financiers. Combien de fois a-t-on lu dans les journaux que Vincent Lacroix était un conseiller, alors que ce n’était pas le cas? On nous associe malheureusement à tout ce qui est fraude et incompétence», déplore Larry Bathurst, président du Regroupement indépendant des conseillers de l’industrie financière du Québec(RICIFQ).

«Il faut distinguer les types de lecteurs qui consultent ces manchettes. Les investisseurs avisés seront moins sensibles à ces nouvelles et moins portés à généraliser. Par contre, les investisseurs qui s’y connaissent moins auront tendance à extrapoler», note Marc Sévigny, associé directeur au cabinet de relations publiques National, à Montréal. Mais il confirme que de tels traitements médiatiques éclaboussent la réputation de l’industrie dans son ensemble.

«Les planificateurs financiers devront ramer plus fort pour rétablir leur crédibilité. Cependant, je ne crois pas qu’ils doivent réagir à ces manchettes. Il est plus important qu’ils fassent valoir leur bon bilan auprès de leurs clients, qu’ils mettent en relief le positif afin de compenser ce qui peut sortir de négatif. Dans ce secteur, les relations personnelles entre les conseillers et leurs clients sont cruciales. C’est là qu’ils doivent intervenir», dit Marc Sévigny.

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Ronald McKenzie