Placement: les banques pourraient décevoir

4 mai 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les actions des banques canadiennes sont chères, leur potentiel de croissance est limité et elles pourraient décevoir les investisseurs. Voilà le constat sévère qu’ont fait trois importants gestionnaires de portefeuille au cours d’une table ronde sur les placements organisée par Morningstar Canada.

Ces trois gestionnaires sont Kim Shannon, présidente et directrice générale des investissements à Gestionnaires de placement Sionna, Martin Hubbes, directeur général des investissements à Placements AGF, et Ian Hardacre, vice-président à Invesco Trimark.

Ils ont admis que le secteur des services financiers canadiens a connu une montée phénoménale au lendemain de la crise financière de 2008-2009, bien plus que ce qu’ils avaient anticipé. Pourtant, les investisseurs trouveront difficilement de la valeur dans les banques canadiennes.

Leurs actions se négocient à 13 ou 14 fois leurs bénéfices prévus. Leur ratio cours/valeur comptable par action est de plus de deux, ce qui est élevé compte tenu de leur historique. « On ne peut que s’interroger sur leurs possibilités de croissance future », a commenté Martin Hubbes.

« Les banques canadiennes sont un pari facile depuis 30 ans. On a vu quelques soubresauts à court terme, mais chaque fois elles sont redevenues un investissement fantastique. Je crains pour ma part qu’elles soient si surévaluées que les investisseurs n’en obtiendront pas de bons rendements à moyen terme », a ajouté Kim Shannon.

De plus, un danger plane au-dessus d’elles, celui d’une hausse de leur taux d’imposition. Il y a deux ans, celui-ci a chuté jusqu’à 15 % environ, alors que la moyenne de l’indice composé du S&P/TSX était de 31 %. Mais le Canada subit des pressions politiques pour qu’il rajuste ce taux, qui pourrait finir par augmenter. Si cela se produit, les banques canadiennes pourraient devoir diminuer le dividende qu’elles versent à leurs actionnaires.

C’est donc sans surprise qu’on apprend que ce trio de spécialistes détient des positions sous-pondérées dans les services bancaires canadiens, comparativement au poids de ce secteur dans le S&P/TSX. En effet, alors que plus de 30 % de l’indice phare de la Bourse de Toronto est composé d’actions des services financiers, le portefeuille que gère Kim Shannon en contient 29 %, Martin Hubbes, 21 %, et Ian Hardacre, 18 %.

Qui plus est, ces trois experts détiennent chacun presque les mêmes titres : Banque TD, Banque Scotia et Banque Royale. « J’aime leurs modèles commerciaux, leur gestion et leur capacité opérationnelle », a résumé Martin Hubbes.

Si les banques canadiennes offrent peu de potentiel de croissance, quelles entreprises du secteur financier pourraient prendre la relève ? Les compagnies canadiennes d’assurance, répond Ian Hardacre sans hésiter.