Trois risques qui pèsent sur l’économie canadienne

24 janvier 2024 | Dernière mise à jour le 23 janvier 2024
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Numéro 3 découpé sur une feuille blanche accrouché à un mur bleu.
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La baisse de la consommation, le ralentissement de la croissance économique et la hausse du taux de chômage conduiront les Canadiens à être plus prudents dans la gestion de leur épargne, selon une analyse de Dominique Lapointe, stratège en Macroéconomie mondiale au sein de l’équipe Solutions multiactifs de Manuvie.

Depuis 2023, l’activité économique stagne au Canada. La croissance du produit intérieur brut du pays est passée de 2,5 % en janvier à 0,8 % en novembre l’an dernier. Le taux de chômage quant à lui était en hausse de 1, 7 % en novembre dernier par rapport au mois précédent, selon Statistique Canada. Sur un an, il a augmenté de 13,1 %.

Conjugués, ces éléments créent un environnement économique incertain qui rend les Canadiens réticents à déployer leurs liquidités, indique l’économiste. À la différence des Américains, dont la consommation bénéficie encore de l’élan de l’épargne accumulée lors de la pandémie, les Canadiens adoptent une approche plus prudente de la gestion de leurs avoirs. Ils privilégient davantage les dépôts à terme offrant des taux d’intérêt plus élevés. De plus, ils ont tendance à percevoir l’inflation comme plus élevée que son niveau réel, selon la Banque du Canada (BdC), ce qui les incite à revoir leurs stratégies d’épargne.

Pour se protéger de l’inflation, ils réduisent leurs dépenses (58,1 %), déplacent leur épargne vers des comptes à intérêt plus élevé (39,3 %), ou remboursent leurs dettes (34,8 %). Certains investissent dans des actifs qui résistent à l’inflation (26,4 %), tandis que d’autres explorent des moyens d’augmenter leurs revenus (16,1 %) ou de mieux gérer leur fiscalité (12,8 %), révèle une enquête de la BdC. Une minorité (5,1 %) repousse le départ à la retraite.

CHOC HYPOTHÉCAIRE

Autre élément qui incite les Canadiens à la prudence : l’évolution des taux hypothécaires. Un choc des versements hypothécaires se profile à l’horizon alors que les renouvellements de prêts hypothécaires sur cinq ans, le type le plus courant au Canada, s’accéléreront fortement au cours de l’année, signale Dominique Lapointe.

Le détenteur moyen d’un prêt hypothécaire paiera ainsi 200 $ et 300 $ de plus par mois en décembre 2024 et 2025, par rapport à février 2022, tandis que les détenteurs de prêts hypothécaires à taux variable, de prêts à taux fixe ou de prêts à taux fixe à plus court terme seront confrontés à des hausses plus importantes, selon une estimation de la BdC.

Cette situation conduira les emprunteurs à réduire leurs dépenses discrétionnaires, ce qui ralentira la consommation globale. Cependant, l’économiste ne prévoit pas de scénario catastrophe, car la plupart des propriétaires estiment qu’ils ont la capacité d’absorber des versements hypothécaires plus élevés. Une baisse des prix de l’immobilier pourrait se manifester durant les six premiers mois de l’année compte tenu de ces éléments, signale l’expert.

OBLIGATIONS ET ACTIONS CANADIENNES

Les obligations canadiennes suivront l’évolution de la situation mondiale. Elles ont terminé 2023 sur une note positive. Ce scénario devrait se poursuivre au début de l’année. Les amateurs d’obligations canadiennes doivent toutefois s’attendre à réaliser des gains potentiels moindres en 2024, compte tenu des taux d’intérêt de base, précise l’économiste.

Au fur et à mesure que les entreprises se remettront du ralentissement économique, les titres de sociétés devraient gagner de l’attrait, ajoute-t-il.

Les actions canadiennes pourraient redresser la tête au second semestre 2024. Les institutions financières pourraient quant à elles faire face à un ralentissement de la croissance des titres de sociétés, tandis que les actions canadiennes bénéficieront de la hausse des prix des matières premières et de faibles valorisations, indique Dominique Lapointe.

Le dollar canadien devrait ressortir légèrement plus fort en 2024, en raison de la tendance à la baisse du dollar américain. Enfin, la bonne tenue de l’économie canadienne cette année dépendra également des mesures d’assouplissement du taux directeur de la Banque centrale.

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