Un environnement de travail malsain est néfaste pour la santé mentale

2 mai 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le stress dans le milieu du travail, le burnout et la dépression sont en hausse au Canada. C’est ce que révèle le 5e sondage sur la santé des Canadiens de Desjardins Sécurité financière (DSF) publié jeudi en vue de la Semaine nationale de la santé mentale du 5 au 11 mai. Parmi les répondants, 83 % affirment s’être présentés malades ou épuisés au travail en moyenne six fois en 2007. Parmi les raisons invoquées, ils disent l’avoir fait pour respecter des dates d’échéance (61 %); empêcher d’accumuler trop de travail (55 %) ou de surcharger leurs collègues (49 %); ne pas perdre une partie de leur revenu (40 %); par crainte d’être mal jugés s’ils s’absentaient (41%).

Par ailleurs, 89 % des Canadiens estiment que les problèmes de santé mentale liés au stress, comme l’épuisement professionnel (burnout), la dépression et l’anxiété, ont augmenté au fil des ans. Ils considèrent leur quotidien au travail comme étant de plus en plus stressant et caractérisé par un manque de reconnaissance et une surcharge de travail. Parmi les répondants, 65 % déclarent prendre de moins en moins part aux décisions touchant leur travail. En fait, 61 % estiment en faire trop pour leur employeur avec qui 60% d’entre eux disent entretenir des relations difficiles. Enfin, 55 % des travailleurs avouent avoir de moins en moins de contacts avec leurs collègues.

«Le stress, le burnout et la dépression ont des retombées sérieuses dans le milieu du travail qui dépassent de beaucoup les conséquences de prendre une journée de maladie ici et là. Ils font partie d’un continuum qui mènera à une maladie grave, affirme le Dr Taylor Alexander, chef de la direction de l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM). On estime qu’en tout temps, plus de deux millions d’employés au Canada souffrent d’une maladie mentale. Les répercussions économiques, sociales et personnelles d’un environnement de travail mentalement malsain sont énormes.»

Selon le Conference Board du Canada, les travailleurs qui ont rapporté le plus haut niveau de stress en cherchant à équilibrer travail et vie de famille, se sont absentés 7,2 jours par an, le double du taux d’absentéisme de ceux qui ont rapporté vivre peu de stress.

Les employés souffrant de dépression clinique manquent en moyenne 40 jours de travail. Les demandes de règlements pour des problèmes d’ordre mental (surtout la dépression), sont celles qui augmentent le plus rapidement au Canada en termes de jours perdus pour invalidité. Très peu de compagnies réalisent qu’en ignorant ce problème, elles devront faire face à une hausse des journées de maladie, à une perte de productivité et à des coûts plus élevés en matière d’invalidité et d’avantages sociaux.

Par ailleurs, un environnement de travail malsain ajoute un fardeau de plus à notre système de soins de santé. L’étude de DSF révèle que la dépression est liée aux maladies cardiaques, au diabète et aux maladies auto-immunes.

«C’est pour toutes ces raisons que nous faisons appel aux employeurs pour qu’ils s’investissent davantage – et que la santé mentale devienne leur affaire, déclare le Dr Alexander. Les employés doivent également prendre en main leur santé mentale, en s’assurant de prendre soin de leur santé et de parler ouvertement à leur employeur et superviseur dès qu’un problème potentiel survient.»

Les employeurs peuvent aider les travailleurs, entre autres, en leur permettant de travailler de la maison quand c’est possible et de reprendre graduellement l’horaire habituel après une absence, en leur offrant des horaires variables et en les encourageant à rester à la maison lorsque les enfants ou des parents âgés sont malades. Les employés peuvent aussi former les gestionnaires pour qu’ils appuient l’équilibre travail-santé, éliminer les réunions inutiles, communiquer clairement leurs attentes aux employés et permettre autant que possible à ces derniers de déterminer leurs propres priorités.

Là où il y a de la vie, il y a de l’espoir!

Les données ne sont pas seulement négatives toutefois. Pour les répondants, les pressions liées au travail n’arrivent qu’au troisième rang des aspects les plus stressants, derrière les problèmes d’argent et les questions de santé. «En réalité, seul un faible pourcentage des absences liées à la santé mentale est uniquement attribuable à des problèmes au travail», note Michele Nowski, directrice, Règlements d’assurance salaire, DSF.

Il semble aussi que les milieux de travail s’adaptent peu à peu aux enjeux soulevés par la santé mentale. Près des deux tiers des travailleurs estiment que les hauts dirigeants de leur entreprise se préoccupent de leur mieux-être et 4 personnes sur 10 considèrent que c’est en raison de l’écoute et de l’ouverture aux échanges manifestée par leur gestionnaire.

Par ailleurs, des 55 % de travailleurs dont un collègue a déjà dû s’absenter à cause d’un problème de santé mentale, 82 % indiquent faire plus attention à leur comportement afin de favoriser une bonne santé mentale au travail; 68% rapportent également être maintenant plus sensibles à leur propre santé mentale. En outre, 82 % des répondants ne croient pas que ceux qui s’absentent du travail pour cause de santé mentale le font pour prendre des vacances payées.

Le sondage a été réalisé pour le compte de DSF entre le 7 février et le 10 mars 2008. La firme SOM Recherches et sondages a conduit 1 594 entrevues auprès d’un échantillon représentatif d’adultes canadiens. La marge d’erreur est de 2,6 % et le niveau de confiance est de 95 %, 19 fois sur 20. Les données ont été pondérées pour refléter la répartition exacte de la population canadienne par régions, sexes et groupes d’âge établie par le Recensement de 2006 de Statistique Canada.