Voici venu le temps des baisses de taux

Par Nicolas Ritoux | 6 février 2024 | Dernière mise à jour le 5 février 2024
3 minutes de lecture
Flèches vers le bas sur fond de graphique financier bleu. Composition horizontale avec mise au point sélective et espace de copie. Concept d'investissement, de données boursières et de finance.
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Les marchés font preuve d’un optimisme prudent qui devrait se refléter sur les banques centrales, croit Michael Sager, directeur exécutif et chef de l’investissement, gestion des devises multi-actifs, Gestion d’actifs CIBC.

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« Nous avons passé une bonne partie de 2023 à mettre de l’avant les risques élevés de récession dans l’économie mondiale. De fait, plusieurs pays en ont connu une, dont le Canada, la Chine, le Japon et des membres de l’Union Européenne. L’exception notable a été les États-Unis, où la croissance est demeurée résiliente, avec plus de 3 % de hausse annualisée du PIB pour le troisième trimestre 2023. On observe donc une dichotomie entre les États-Unis et le reste du monde », dit Michael Sager.

Selon l’expert, ces tendances vont persister en 2024. Les États-Unis devraient afficher une résilience soutenue si l’on se fie à la hausse des revenus réels des ménages, dont dépendent les dépenses de consommation, tandis qu’au Canada, ces indicateurs vont demeurer faibles. 

« L’inflation a baissé contre toute attente en Amérique du Nord, quoique dans le cas du Canada les hausses de salaires ont été un peu trop élevés. On s’attend à ce qu’elles s’affaiblissent sous l’effet d’un relâchement du marché de l’emploi sur fond d’affaiblissement de l’activité économique. La situation est plus facile aux États-Unis où l’indice des dépenses personnelles en consommation (PCE) a atteint les cibles de la Réserve fédérale américaine (Fed). Le défi pour celle-ci va être de rabaisser ses taux à un rythme qui ne provoque pas trop de croissance, sans pour autant accabler l’économie par des taux trop élevés », poursuit Michael Sager.

Il croit que les marchés anticipent actuellement 140 points de base de réduction des taux des deux côtés de la frontière, sans pour autant partager ce sentiment.

« Les banques centrales vont sûrement débuter un cycle d’apaisement monétaire en 2024, mais peut-être pas autant que le présument les marchés. Tant pour les actions que pour les obligations, je qualifierais notre position d’optimisme prudent », indique Michael Sager.

Du côté des actions, l’expert entrevoit de belles performances sous le double effet de la croissance soutenue et des baisses de taux.

Pour les obligations, si les marchés surestiment actuellement les baisses de taux à venir, cela implique que les rendements pourraient grimper un peu plus. C’est donc un bon moment pour se positionner dans cette catégorie d’actifs, d’autant plus qu’elle va demeurer plus attrayantes que les positions en espèces ou les marchés monétaires au cours des prochaines années. 

Quelles conséquences pour le huard ? Elles seront plutôt négatives, selon l’expert. 

« Le dollar canadien est actuellement sous-évalué si on se fie aux références à long terme. Cependant, il pourrait encore s’affaiblir davantage avant de renouer avec sa juste valeur. Cela est dû au fait que l’économie canadienne s’annonce plus molle que l’américaine, surtout du côté de la consommation. Le huard est une devise cyclique », analyse Michael Sager.

Il note en outre que si la Banque du Canada réduit ses taux trop vite, l’immobilier va grimper et l’accès à la propriété, déjà très difficile, va encore s’empirer. « C’est un frein typiquement canadien qui n’existe pas pour la Fed. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

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Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.