L’offre de FNB ne cesse de s’agrandir

Par Nicolas Ritoux | 22 août 2023 | Dernière mise à jour le 26 septembre 2023
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Opérateurs en Bourse analysant des données.
Photo : kasto / 123RF

Les Fonds négociés en Bourse (FNB) répondent aux besoins des investisseurs craignant une récession tout comme à ceux des plus optimistes, explique David Stephenson, directeur de la stratégie des FNB à Gestion d’actifs CIBC.

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Il se penche tout d’abord sur la popularité croissante des FNB à revenu fixe par rapport à ceux composés d’actions. Ils ont dominé le marché cette année, avec près de 60 % des apports de liquidités. Cela est dû bien sûr aux hausses de taux de la Banque du Canada qui ont donné lieu à des rendements jamais vus depuis des décennies. Même les produits les plus conservateurs offrent des rendements attrayants, tels que le revenu fixe canadien à court terme qui offre plus de 4 %. Tant que la politique monétaire se maintient, ces produits resteront populaires.

« Lorsqu’on regarde de plus près ce qui attire les investisseurs, on trouve une majorité de produits de marchés monétaires et de FNB à ultra-court terme. Cela indique une attitude défensive de la part des investisseurs, qui peuvent quand même obtenir plus de 5 % avec très peu de risque. Cela pourrait changer à mesure que l’économie reprend et que la situation des taux d’intérêt s’éclaircit. Les Canadiens conservent d’importantes liquidités. Nous approchons la fin du cycle de resserrement monétaire et les investisseurs pourraient commencer à étendre leurs échéances ou acheter plus d’actions. Déjà, les obligations à long terme ont reçu plus de 2 milliards cette année en date du 31 juillet. La bonne nouvelle, c’est que l’offre de FNB est extrêmement diversifiée au Canada et permet donc d’exprimer n’importe quelle idée sur le marché », dit David Stephenson.

Il croit que les FNB à revenu fixe sont appelés à poursuivre leur croissance. Ils représentent actuellement 30 % des actifs sous gestion de la catégorie, après qu’ils aient doublé de 52 à 110 milliards de dollars (G$) dans les cinq dernières années. L’usage qu’en font les investisseurs devrait s’approfondir, tant au niveau individuel qu’institutionnel. Les produits à gestion active sont d’ailleurs bien positionnés pour en profiter puisqu’ils peuvent faire preuve de dynamisme à mesure que les occasions se présentent. De manière générale, les FNB à revenu fixe sont une manière pratique de se protéger de la volatilité, d’améliorer ses revenus, et de s’ajuster à l’environnement des marchés. L’industrie a atteint une telle maturité que l’on peut aujourd’hui trouver un FNB à revenu pour toutes sortes de thématiques, qu’il s’agit de cibler une région, un secteur, un type de crédit, un rendement, ou une échéance spécifiques. Et leur côté pratique ne cesse de séduire les investisseurs.

L’expert aborde ensuite le dossier de l’économie. Comment l’environnement affecte-t-il les FNB ?

« L’incertitude est la norme jusqu’ici cette année, ce qui alimente la volatilité, pendant que les actions poursuivent leur remontée depuis les creux de la fin 2022. C’est comme si on faisait face à deux marchés, alors que les investisseurs hésitent entre la peur d’une récession et l’espoir d’une reprise. Tout dépend de l’impact qu’auront les politiques monétaires des banques centrales, et du moment où elles finiront par baisser leurs taux », observe David Stephenson.

« Les marchés se sont montrés tenaces jusqu’à ce point-ci de l’année, en partie grâce à l’engouement pour l’IA au travers des titres technologiques. L’indice NASDAQ a connu son plus fort semestre depuis 40 ans. Les FNB ont continué d’attirer les investisseurs, avec environ 23 G$ d’apports de liquidités en date du 31 juillet. Ceux qui touchent aux marchés d’actions ont été répartis entre des stratégies orientées vers le revenu, comme avec des produits à dividende ou à options d’achat couvertes, et des stratégies de diversification, avec des produits d’actions internationales. Ces derniers s’échangent à des prix attrayants, et même à rabais par rapport aux actions américaines », poursuit-il.

Pas moins de 112 nouveaux FNB ont été lancés cette année en date du 31 juillet, pour un total de 1300 au pays, ce qui laisse un grand choix aux investisseurs. Les thèmes des nouveaux produits sont diversifiés, entre types d’expositions, gestion active et indices, mais l’expert identifie deux grandes tendances : d’un côté les marchés monétaires et le rendement, et de l’autre les catégories distinctes de fonds mutuels (20 % des nouveaux venus).

« Les promoteurs de fonds communs tirent parti de leurs produits qui fonctionnent bien en les emballant dans des FNB. Ils contribuent ainsi à démocratiser l’investissement et à perturber d’autres catégories d’actifs comme ils l’ont fait avec les obligations, les matières premières, et les thématiques de niche », analyse David Stephenson.

Restent certains risques. Une récession est encore possible, alors que les courbes de rendement demeurent inversées au Canada et aux États-Unis. Et bien que l’inflation ait ralenti, la Banque du Canada s’attend à la voir atteindre 2 % vers la mi-2025, soit un horizon plus lointain qu’initialement prévu. Ce sont les deux risques qui inquiètent le plus l’expert, mais il indique que les banques centrales sont passées du stade du rattrapage à celui du peaufinage, et que les investisseurs sont rémunérés pour leur patience.

« Au fond, l’important est de rester diversifié et concentré sur sa stratégie de répartition d’actifs à long terme », conclut-il. « L’histoire indique que c’est encore la meilleure façon d’atteindre ses objectifs financiers. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.