Les épargnants vont galérer pendant encore 10 ans

Par La rédaction | 9 octobre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Plan rapproché des mains d'une personne âgée.
Photo : Stanislau Valynkin / 123RF

Les petits épargnants des deux côtés de l’Atlantique risquent fort de souffrir encore pendant une dizaine d’années, prévoit Amid Faljaoui dans le magazine économique et financier belge Trends-Tendances

Le directeur des magazines francophones du groupe de presse Roularta estime en effet que leur épargne ne sera plus guère rémunérée afin de permettre aux États surendettés de rembourser leurs dettes dans de meilleures conditions pour eux.

« Très peu d’observateurs ont parlé des épargnants, les grandes victimes de la crise financière de 2008 », souligne d’emblée l’analyste, qui soutient qu’ils sont « les grands oubliés du triste anniversaire des 10 ans de la faillite de la banque américaine Lehman Brothers ».

RENDEMENT NÉGATIF POUR M. ET MME TOUT-LE-MONDE

En effet, affirme Amid Faljaoui, « pour nous sauver d’une crise encore plus profonde, les autorités monétaires en Europe et aux États-Unis ont décidé de fixer les taux d’intérêt à 0 % lorsqu’ils ne sont pas carrément négatifs ». Résultat, « l’épargnant, au lieu d’être récompensé de ne pas consommer, a été puni et a dû se contenter pendant 10 ans d’un taux d’intérêt proche de 0 % ».

Or, rappelle le journaliste, plusieurs livrets d’épargne sur le Vieux Continent, notamment celui des Belges (mais c’est aussi le cas en France, par exemple), affichent aujourd’hui un rendement négatif si l’on tient compte de l’inflation. Par contre, le cours des actions, lui, a triplé durant la même période, ce qui signifie que les riches le sont encore plus qu’avant la crise si l’on en croit un récent éditorial du Financial Times.

« L’épargnant, souvent un retraité, est donc l’autre victime de cette crise aux côtés des chômeurs », constate Amid Faljaoui, qui souligne que même les économistes les plus orthodoxes trouvent cela « complètement fou ». La raison? « Quand les taux à court terme sont quasi à 0 %, le signal que vous envoyez aux épargnants, c’est que le temps ne vaut rien, et donc autant consommer », explique-t-il.

« UNE PRIME AU CONSUMÉRISME »

Cette situation aboutit à donner « une prime au consumérisme » alors que « le vrai capitalisme repose sur l’épargne, qui elle-même nourrit l’investissement », ajoute l’analyste. Celui-ci déplore en outre le fait qu’en instaurant des taux à 0 %, les États et les autorités monétaires « favorisent le court terme » au détriment de l’avenir. Et selon lui, cette tendance n’est pas près de s’inverser, puisque « plusieurs économistes et historiens pensent que l’épargnant sera encore grugé pendant 10 ans ».

Durant cette période, poursuit Amid Faljaoui, les gouvernements des pays industrialisés maintiendront les taux d’intérêt à un faible niveau afin de pouvoir rembourser la dette publique plus rapidement. Sa conclusion? « Après 10 ans de confiscation financière, les épargnants devront encore se contenter d’une très maigre rémunération pendant les 10 prochaines années, sauf s’ils décident de faire migrer leur épargne vers les actions, mais avec toutes les incertitudes qui vont avec. »

La rédaction