Et si on n’entrait pas en récession en fin de compte ?

Par Nicolas Ritoux | 19 septembre 2023 | Dernière mise à jour le 26 septembre 2023
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Homme d'affaire avec des longues-vues.
Photo : kurhan / 123RF

La route semble se dégager pour réinvestir dans le style croissance et dans certaines régions, croit Amber Sinha, gestionnaire principal de portefeuille, actions mondiales, Gestion d’actifs CIBC.

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« Un momentum se forme actuellement parmi les tenants de l’atterrissage en douceur. Beaucoup d’observateurs se disent plus confiants et moins inquiets. Si leur vision se réalise en même temps que l’inflation baisse et que les banques centrales considèrent une baisse des taux, alors l’impact sera très positif pour les marchés d’actions », entrevoit Amber Sinha.

« Je ne suis pas convaincu à 100 % par cette thèse. D’abord, la solution historique aux périodes d’inflations a toujours été de provoquer une récession ; or nous connaissons des pics d’inflation jamais vus depuis 40 ans. Il est donc pour le moins optimiste d’espérer que les banques centrales parviendront à ramener l’inflation à un niveau acceptable sans pour autant entrer en récession. Cela serait une première », tempère-t-il.

Il faut ajouter à cela les hauts niveaux d’endettement des consommateurs, des sociétés et des gouvernements, bien supérieurs à ceux qui prévalaient lors des épisodes d’inflation des années 80 et 90.

« Si malgré tout cela, on parvient à effectuer un atterrissage en douceur, alors ce sera très positif pour les actions. Les titres de style croissance en particulier seront favorisés lorsque les banques centrales rabaisseront leurs taux », analyse Amber Sinha.

Douceur ou non, l’expert est pessimiste pour l’Europe, où la situation économique est difficile. Ses marchés d’actions ont connu de belles performances, mais ils pourraient bien être surévalués dans un contexte de vulnérabilité structurelle en termes de profitabilité des sociétés, de croissance du PIB, etc. De surcroît, l’Allemagne est en récession et son économie tend à propulser l’économie européenne dans son ensemble.

« Si l’Allemagne ne parvient pas à sortir de sa récession, elle entraînera toute l’Europe avec elle. C’est sans parler des coûts de l’énergie qui ont bondi après le début de la guerre en Ukraine, avec des factures de gaz et d’électricité multipliées par deux, trois, cinq. Et puis la sagesse de milliers d’années d’histoire nous a appris que la prospérité va de pair avec la paix », dit Amber Sinha.

Il se dit davantage tenté par l’Asie-Pacifique. D’abord, il y a le Japon, qui profite en fait de l’inflation qu’il avait tant souhaité après 30 ans de déflation. Puis la Chine, qui ne cesse de prendre de l’ampleur et comprend plusieurs grandes sociétés très robustes. Aussi, il y a le « panier » composé de la Corée du Sud, de l’Australie, de Taïwan et de Singapour, des économies « plus similaires à celles de l’Occident, c’est-à-dire plus mûres, avec une croissance plus lente, et donc pas de quoi s’enthousiasmer outre mesure », dit l’expert.

« Le reste de l’Asie comprend des économies de classe moyenne, dont surtout l’Inde mais aussi l’Indonésie, la Malaysie, la Thaïlande. On y trouve beaucoup de potentiel à mesure que leurs populations commencent à faire des choses qu’ils ne pouvaient pas faire voilà quelques années », poursuit-il.

De retour en Amérique du Nord, il s’intéresse aux sociétés hors du secteur des technologies, qui ont été laissées pour compte jusqu’ici cette année. Des titres de qualité, comme Nike par exemple, s’échangent à rabais alors qu’ils reposent sur de solides fondamentaux, pendant que tout le monde n’en a que pour les technos et l’IA.

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.