Demandez le relevé de participation du RRQ de votre client !

Par David Truong | 22 novembre 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Katarzyna Białasiewicz / 123RF

Peu importe le logiciel que vous utilisez, la force d’un plan de retraite repose en partie sur les clients et la qualité des documents qu’ils vous envoient. Le relevé de participation du Régime de rentes du Québec (RRQ) en est un souvent sous-estimé. Il contient pourtant des renseignements importants pour le plan financier. En voici quelques-uns.

LE MONTANT « EXACT » DE LA RÉDUCTION OU MAJORATION DE LA RENTE

La plupart des gens connaissent le principe de l’anticipation de la rente de retraite dès l’âge de 60 ans ou l’incidence de la différer jusqu’à l’âge de 70 ans, soit une réduction de 0,5 % à 0,6 % par mois pour ceux qui la toucheraient avant 65 ans, ou une majoration de 0,7% par mois pour ceux qui la percevraient après 65 ans. Toutefois, le calcul de la rente ajustée ne prend pas uniquement en considération ce facteur de réduction ou de bonification.

Premièrement, le versement de la rente de retraite n’est pas indexé à l’inflation, mais plutôt au maximum des gains admissibles (MGA). Généralement, le MGA augmente plus rapidement que l’inflation, ce qui favorise un report des prestations. À taux égal, la bonification maximale à l’âge de 70 ans serait de 42 %, mais pourrait aller jusqu’à 49% simplement parce que le MGA pourrait être 1% plus élevé que l’inflation.

De plus, il faut retrancher 15 % des mois de la période cotisable affichant les apports les plus faibles. La période de cotisation qui sert à calculer la rente de retraite se termine au premier de ces trois événements: soit le mois précédant le début du versement d’une rente de retraite, soit le mois du 70e anniversaire de naissance du contribuable ou le mois de son décès.

Autrement dit, un contribuable qui ne cotise plus à partir de l’âge de 65 ans pourrait affecter sa rente négativement s’il la diffère à 70 ans puisque cinq années supplémentaires à la valeur de 0 $seront à prendre en compte. Le calcul de 15 % pourrait ne pas être suffisant pour retrancher les mois avec de faibles versements. À l’opposé, si une rente est demandée à l’âge de 60 ans, plus d’années à faible revenu seront considérées dans le calcul de la rente de base.

L’INCLUSION DU RÉGIME SUPPLÉMENTAIRE

Certains relevés de participation du RRQ incluent dorénavant la bonification du régime supplémentaire. Introduite en 2019, cette dernière vient augmenter graduellement le taux de remplacement de revenu de 25 % à 33 % sur le salaire admissible jusqu’au MGA. De plus, l’ajout d’une cotisation supplémentaire sur une deuxième tranche additionnelle de revenus de travail, appelée maximum supplémentaire de gains admissibles (MSGA), qui correspond au MGA plus 14 %, donne des crédits de rentes supplémentaires.

La bonification varie énormément d’une personne à l’autre. Il est donc important d’ajuster les montants inscrits par défaut dans les logiciels de projection. Un contribuable âgé de 40 ans aura probablement une bonification plus importante que celui qui a 55 ans.

Si le relevé n’inclut pas encore la bonification, les outils SimulR et SimulRetraite de Retraite Québec permettent de faire des simulations.

PRESTATIONS D’INVALIDITÉ ET PRESTATIONS DE SURVIVANTS

Le relevé de participation contient aussi beaucoup d’informations pour les prestataires de rente de conjoint, de retraite ou d’invalidité. Dans de telles situations, le régime applique le concept de rente combinée, qui n’est pas nécessairement égale à la somme des deux ou trois rentes qui la constituent. Cela signifie que malgré le fait qu’il s’agisse techniquement d’une rente viagère, la rente de conjoint survivant pourrait diminuer, voire se terminer, au moment de la retraite du conjoint survivant.

Par exemple, un bénéficiaire qui reçoit la rente de conjoint survivant devrait évaluer s’il est plus rentable de demander sa rente de retraite à 60 ans ou 65 ans. Il est souvent plus pénalisant de demander la rente de retraite dès 60 ans, et ce, même si le participant a cessé de travailler avant cet âge et que sa période de cotisation est inférieure au maximum requis.

En somme, les conseillers ont intérêt à demander (voire exiger) le relevé de participation du RRQ au client. Pour un grand nombre de Québécois, il s’agit d’une portion importante de leurs revenus de retraite, et votre analyse aura des répercussions majeures à long terme !

David Truong, CIWM, Pl. Fin., M. Fisc., est conseiller, Centre d’expertise, Banque Nationale Gestion privée 1859.

En collaboration avec IQPF Institut québécois de planification financière

David Truong

David Truong, CIWM, Pl. Fin., M. Fisc., est Président, Banque Nationale Planification et Avantages sociaux inc.