Emma amorce son recrutement en Ontario

Par Nathalie Savaria | 7 septembre 2023 | Dernière mise à jour le 26 septembre 2023
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Félix Deschatelets, photo : gracieuseté Emma

La plateforme d’assurance vie québécoise 100 % en ligne est en croissance et recrute actuellement une équipe pour le marché ontarien, ciblant aussi d’autres provinces canadiennes.

Fondée en 2017, Emma a le vent en poupe. De fait, elle a connu une croissance de près de 200 % en 2022 et en 2023, révèle Félix Deschâtelets, PDG d’Emma et cofondateur.

UN POSITIONNEMENT UNIQUE

Outre ses services 100 % en ligne, un autre des éléments distinctifs de cette startup de l’assurtech est son positionnement orienté vers les jeunes familles, et principalement les femmes.

« J’étais planificateur financier depuis 2014, et j’avais remarqué en rencontrant les jeunes familles que c’était souvent le papa qui posait les questions, mais quand venait le temps de prendre la décision, il se tournait vers la maman. Et c’est elle qui prenait vraiment la décision. »

Sur la base de ce constat et en quête d’une marque, la jeune pousse a choisi de se donner un prénom féminin pour attirer sa clientèle cible. En tête de liste des prénoms de filles les plus populaires auprès des parents, celui d’Emma s’est imposé, l’entreprise se démarquant ainsi des grandes compagnies d’assurance au sein d’une industrie encore fortement masculine.

UN ESPRIT DE COLLABORATION

Cela dit, si Emma entend bouleverser les façons de faire, son PDG affirme en revanche que l’entreprise « fait toujours les choses en collaboration avec l’industrie ».

« Nous, c’est vraiment David avec Goliath. Les assureurs sont là pour rester et sont importants dans l’écosystème, les conseillers également, et nous, Emma, on veut être un allié pour permettre à tous ces joueurs d’arriver dans le 2.0, de l’assurance avec un peu plus de technologies. »

PLUS QU’UNE OFFRE EN ASSURANCE VIE

Les principaux produits offerts par Emma sont l’assurance vie permanente et temporaire ainsi que la protection pour enfants. Son offre comprend aussi l’assurance prêt hypothécaire en cas de décès, d’invalidité ou de maladies graves.

Or, à la suite de campagnes de marketing sur les réseaux sociaux ainsi qu’avec des influenceurs, « les consommateurs eux-mêmes ont commencé à appeler la compagnie Emma assurance et non Emma assurance vie », explique le dirigeant, beaucoup de gens venant sur le site pour assurer leur auto, leur maison, leur chien, leur chat, ou pour acheter de l’assurance voyage.

Ainsi, pour répondre à la demande, Emma a établi des partenariats stratégiques pour couvrir divers besoins au-delà de l’assurance de personnes, s’associant entre autres à YouSet, autre plateforme numérique du secteur de l’assurtech, pour l’assurance auto et habitation.

Toute la démarche pour se procurer une couverture d’assurance s’effectue donc en ligne, le consommateur pouvant communiquer au besoin avec un conseiller via le module de clavardage, par téléphone ou encore par courriel.

TOUJOURS LA FAMILLE

Si le but d’Emma est d’être en mesure de servir l’ensemble des consommateurs canadiens, en ciblant les jeunes familles, son marché primaire, elle travaille actuellement à des produits destinés à une clientèle plus âgée, comme l’assurance frais funéraires.

« Vous seriez surpris à quel point des personnes plus âgées veulent acheter de l’assurance vie permanente avec nous et veulent le faire de façon numérique comme leurs enfants et petits-enfants », signale le PDG.

Ce dernier précise toutefois qu’il s’agira toujours de produits axés sur la famille, Emma ne comptant pas offrir un service pour les entrepreneurs pour acheter, par exemple, de l’assurance collective pour l’entreprise.

« On veut rester une compagnie qui est connectée avec les familles. La compagnie a été fondée par mon frère Jacomo et moi. Plusieurs de nos très bons amis d’enfance travaillent chez Emma. C’est une compagnie qu’on considère à hauteur humaine, indique Félix Deschâtelets.

EN MODE CROISSANCE

Forte de son succès au Québec, l’entreprise connaît, « d’un trimestre à l’autre, 30 à 40 % de croissance », souligne le PDG.

Celui-ci rappelle au passage qu’Emma a bénéficié en avril 2022 d’un apport financier de 6 M$ d’Investissement Québec, de Luge Capital et de Tatico.

Cet investissement permet, entre autres, à la jeune pousse de poursuivre sa croissance sur le marché canadien, en débutant par l’Ontario, où elle travaille en ce moment avec des partenaires externes.

« Près du tiers de nos visiteurs viennent de l’Ontario. On n’était pas équipé pour desservir de façon efficiente le marché ontarien. Quand on regardait nos objectifs de tripler nos ventes d’ici les 18 prochains mois et d’ouvrir le marché de l’Ontario, du fait de notre trafic organique qui vient de cette province, on s’est dit qu’on n’avait pas le choix de répéter le modèle qui avait connu beaucoup de succès au Québec, soit d’offrir une offre numérique aux consommateurs et d’avoir notre propre équipe d’agents à l’interne. »

Emma est donc à la recherche de directeurs des ventes et d’agents d’assurance licenciés en Ontario pour bâtir son équipe, qui devrait comprendre 6 ou 7 agents d’ici la fin de l’année, pour atteindre, en juin 2024, de 15 à 20 agents.

L’entreprise d’assurance vie en ligne continuera également son expansion au Canada en 2024, ciblant l’Alberta, la Colombie-Britannique et les Maritimes.

Entretemps, la jeune pousse recrute aussi au Québec, ayant récemment triplé son équipe de vente. Au total, l’équipe comptera 12 agents d’ici la fin septembre. Un nombre qui, avec la technologie, répond aux besoins.

« Ce qu’il faut comprendre, c’est que nos agents sont très performants. Étant donné qu’ils évoluent dans un environnement technologique avec beaucoup d’automatisations, ils sont en mesure de traiter des volumes assez impressionnants. Normalement, un agent bien performant va compléter de deux à trois polices d’assurance par semaine ; moi, mes agents font régulièrement de dix à douze polices par semaine. […] Donc, je n’ai pas besoin d’avoir 200 agents au Québec pour livrer un bon volume », fait valoir le dirigeant.

En fait, grâce aux nombreux algorithmes et à l’automatisation, le processus administratif prend en moyenne de trois à quatre heures, le conseiller étant capable d’obtenir un dossier complet d’un client en l’espace d’une vingtaine de minutes, affirme le PDG.

UN MOT SUR L’IA

Outre ses projets d’expansion, Emma rencontre actuellement des assureurs afin de « lancer un des produits d’assurance vie les plus innovants au Canada en termes de processus, de sélection des risques et de types de couverture. […] », signale Félix Deschâtelets.

Alors que les avancées technologiques transforment le domaine de l’assurance, que pense le PDG de l’intelligence artificielle ?

« Est-ce que la technologie de l’intelligence artificielle est prête à se combiner avec l’industrie de l’assurance ? On n’est pas encore là aujourd’hui, mais on fait quand même de la recherche et du développement pour voir comment ça pourrait être intégré, car l’assurance est un environnement très réglementaire. Il y a beaucoup d’étapes importantes quand vient le temps de vendre un produit. Et puis, on veut s’assurer que les familles soient bien protégées. La technologie a encore certaines limites qui ne mettent pas en confiance de laisser aller les consommateurs entre les mains de l’intelligence artificielle. »

Natalie Savaria

Nathalie Savaria

Nathalie Savaria a été rédactrice en chef de magazines dans le domaine de l’immobilier commercial. Elle est journaliste indépendante.