L’ISR pour sauver la planète

Par La rédaction | 8 février 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Tirelire en verre à l'intérieur de laquelle pousse un signe de dollar végétal.
pogonici / 123RF

Lentement mais sûrement, la popularité de l’investissement socialement responsable (ISR) n’a cessé de croître au cours des 10 dernières années. C’est que de plus en plus de Canadiens se préoccupent de l’avenir de la planète, affirment deux experts interrogés par RBC.

Dans un entretien croisé récemment publié par l’institution financière, Jason Milne, directeur du secteur Préservation de l’environnement, responsabilité sociale et gouvernance au sein de la firme Phillips, Hager & North, échange son point de vue sur cette question avec Thomas Van Dyck, premier vice-président, ISR, à RBC Gestion de patrimoine – États-Unis.

À l’heure où les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) constituant la base de l’ISR attirent nombre d’investisseurs, les deux spécialistes expliquent comment en faire plus pour l’environnement et le monde dans lequel nous vivons au moyen de cette stratégie.

QUI SONT LES INVESTISSEURS « RESPONSABLES »?

Selon Jason Milne, l’ISR constitue l’option de placement idéale « pour les particuliers qui, en plus de s’intéresser aux questions environnementales, ont concrètement adopté un mode de vie écologique ». En effet, explique-t-il, ces personnes qui recyclent, utilisent des produits sans danger pour l’environnement et se rendent au travail en vélo, par exemple, souhaitent intégrer leurs valeurs à leur portefeuille de placement.

Ces fonds ont particulièrement la cote auprès des investisseurs de la génération X (grosso modo, les personnes nées entre le milieu des années 1960 et celui des années 1970), à qui on a inculqué l’importance de développer une conscience environnementale, note le dirigeant de Phillips, Hager & North. « La plupart des gens ont entendu parler des fonds d’ISR, mais hésitent à les intégrer à leur REER, ajoute-t-il. En général, il faut encore démontrer à l’investisseur moyen que ce type de placement constitue une option viable. Quoi qu’il en soit, il est évident que l’intérêt pour l’ISR est à la hausse. »

« L’investisseur qui opte pour l’ISR le fait afin d’intégrer à son portefeuille de placement des critères qualitatifs liés à la préservation de l’environnement, à la responsabilité sociale et à la gouvernance [PERSG, ou ESG], confirme Thomas Van Dyck. La plupart ont adopté une vision à long terme du placement et cherchent à intégrer ces facteurs à leur portefeuille de manière à éviter d’investir dans des sociétés qui affichent un piètre rendement en ce qui a trait aux enjeux qui leur importent. »

QUE TROUVE-T-ON DANS UN PORTEFEUILLE D’ISR?

Le représentant de RBC précise que les investisseurs « socialement responsables » se retrouvent « un peu partout ». Cela peut être des particuliers fortunés, comme des entrepreneurs, de riches héritiers ou des célébrités. Mais il peut également s’agir d’investisseurs institutionnels, par exemple des fondations (parfois familiales), des organismes sans but lucratif, des groupes religieux voire des syndicats.

Interrogé sur le contenu type d’un portefeuille d’ISR, Jason Milne répond qu’il existe actuellement deux grandes catégories de fonds communs de placement répondant aux critères ESG. D’abord, celle des « fonds bénéfiques », c’est-à-dire les fonds qui investissent dans des projets d’énergie verte ou de microcrédit, entre autres, et dont l’objectif est d’améliorer le quotidien des habitants de la planète. Ensuite, celle des « fonds inoffensifs ». Il explique qu’elle concerne des sociétés dont les activités comportent des facteurs de préservation de l’environnement, de responsabilité sociale et de bonne gouvernance.

Pour Thomas Van Dyck, il importe de personnaliser chaque portefeuille selon les exigences des investisseurs. « Nous demandons à nos clients de remplir un questionnaire axé sur les objectifs financiers et les critères PERSG afin d’établir leurs objectifs en matière de risque et de rendement et le degré de rigueur avec lequel ils souhaitent que soient appliqués ces critères », explique le dirigeant. Celui-ci ajoute que RBC aide ses clients à respecter leurs engagements envers leurs actionnaires en leur offrant « une gamme complète de produits de toutes les catégories d’actifs, y compris les obligations d’État, l’actif non traditionnel et les placements éthiques ».

AUSSI PERFORMANTS QUE LES FONDS TRADITIONNELS?

À la question de savoir si la performance des fonds d’ISR est semblable à celle des fonds traditionnels, Jason Milne répond sans hésiter par l’affirmative. « On croit, à tort, que le rendement sera moindre si le portefeuille contient des produits d’ISR. Chez Phillips, Hager & North, nous avons passé en revue toute la recherche disponible à ce sujet afin de dissiper les idées fausses qui circulent et nous en avons conclu que rien ne prouve que les fonds dits responsables sont sous-performants. Au contraire, nous avons démontré qu’à long terme, leur rendement est comparable à celui des fonds traditionnels ».

Chaque type de placement comporte sa part de risque et il revient aux investisseurs de décider quel placement convient à leurs objectifs et à leur mode de vie, rappelle le spécialiste, qui conclut en donnant le conseil suivant : « Le rendement d’un portefeuille bien diversifié comprenant des produits d’ISR devrait correspondre, à long terme, à l’indice ou à celui des produits comparables. »

Un marché d’avenir au Canada

Outre les jeunes particuliers, qui sont de plus en plus soucieux du monde qui les entoure et qui en viendront donc « tout naturellement » à intégrer les produits d’ISR à leur portefeuille, le développement de ce secteur reposera en grande partie sur les investisseurs institutionnels, notamment les caisses de retraite, à l’instar du Régime de pensions du Canada, estime Jason Milne.

Aujourd’hui, l’ISR représente déjà environ 12 % de l’ensemble de l’actif sous gestion aux États-Unis et, d’ici une dizaine d’années, il sera la tendance dominante sur le marché pour deux raisons, prévoit pour sa part Thomas Van Dyck : « D’abord, les facteurs PERSG aident à cerner les meilleures pratiques et équipes de gestion, à réduire les risques pour l’investisseur et à améliorer le rendement à long terme. Ensuite, la majorité des investisseurs sont toujours en quête de moyens de faire de l’argent en investissant dans des solutions durables. »

La rédaction