Diversifier sans s’éparpiller

23 mai 2014 | Dernière mise à jour le 23 mai 2014
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Trop, c’est comme pas assez Peut-on trop diversifier? Voilà une crainte classique des investisseurs. À trop diluer mes positions, les mauvais coups ne risquent-ils pas d’annuler les bons ? La réflexion fait sourire Vincent Fournier. Celui-ci admet qu’il est inutile d’accumuler des centaines de positions, alors que 30 bonnes pourraient très bien faire le travail. Mais il ajoute qu’il faut voir les deux côtés de la médaille. « Oui, ton bon coup va être dilué dans ta diversification, mais l’inverse est vrai aussi. Dans la finance, il faut accepter les côtés positifs et les côtés négatifs de ses stratégies. Quand on essaie d’avoir seulement les côtés positifs, ça finit généralement mal. »

De son côté, Vincent Dostie rappelle que la surdiversification peut coûter cher, car il faut rééquilibrer les actifs souvent, ce qui entraîne des frais. Mais, à l’inverse, il note la difficulté, pour les investisseurs, de respecter leur stratégie de diversification, établie en fonction de leur objectif à long terme. « Si l’on veut conserver un équilibre, par exemple 40 % d’obligations et 60 % d’actions, mais que les actions font 30 % de rendement sur une année, il est difficile pour les investisseurs de se départir d’une partie de ces actions pour conserver l’équilibre du portefeuille. »

Pour François Rochon, la plus grande erreur n’est pas de trop diversifier, mais de ne pas être patient et de céder à la panique ou aux différentes modes. « Si un portefeuille repose sur 40 ou 50 titres de qualité bien répartis dans le monde, pendant une longue période, il serait étonnant de ne pas atteindre un rendement de 8 à 10 % par année », conclut-il.

La diversification, un mirage? Peu importe la stratégie que l’on adopte, la mondialisation complique grandement la tâche des gestionnaires qui tentent de diversifier pour se protéger des soubresauts des marchés. Puisque les différents marchés sont de plus en plus intégrés, les actifs sont de plus en plus corrélés. « En Europe, par exemple, les corrélations entre les positions ont augmenté fortement après l’arrivée de la monnaie commune, de telle sorte qu’un portefeuille diversifié entre plusieurs pays européens n’offre plus le même degré de diversification que le même portefeuille avant l’arrivée de l’euro », explique Stéphane Chrétien.

Et ça, c’est quand ça va bien. « Dans une période de crise comme celle que nous avons connue en 2007-2008, les corrélations entre les actifs augmentent de manière considérable, et doublent même parfois », souligne Vincent Dostie.

Un diagnostic que partage Stéphane Chrétien. « Le risque traverse plus facilement les frontières et les catégories d’actifs, prévient-il. Donc, c’est en période de crise, au moment où l’on aurait le plus besoin de la diversification, qu’elle fonctionne le moins. Dans les faits, elle nous donne parfois un faux sentiment de sécurité. »

Pour aller plus loin : Pourquoi et de quelle façon diversifier son portefeuille, Bryan Borzykowski, L’actualité, 22 octobre 2012.