La Bourse, comment ça marche?

Par Bernard Viau | 1 septembre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
6 minutes de lecture

Vos clients vous posent des questions sur les marchés financiers et vous venez à court de réponses? Réveillez le pédagogue en vous!

Beaucoup de conseillers aimeraient en savoir plus sur les marchés. Ayant moi-même été conseiller en sécurité financière, conseiller en valeurs mobilières et spéculateur sur le parquet, je maîtrise bien leur fonctionnement. Au fil du temps, j’ai constaté que les exemples simples et les comparaisons imagées sont vos meilleurs alliés pour éduquer et rassurer vos clients.

Des préjugés à dissiper

Première chose à faire, balayer les préjugés : l’un des plus répandus est qu’on « joue » à la Bourse. Or, investir n’est pas jouer; la loterie est un jeu, pas la Bourse. Il n’y a aucune logique à privilégier un numéro plutôt qu’un autre sur un billet de loterie, le hasard seul décide. L’achat d’actions en Bourse exige en revanche l’analyse de plusieurs facteurs, ce qui en fait à la fois un art et une science.

Autre préjugé très courant : on pense que c’est trop risqué et qu’il vaut mieux investir dans l’immobilier ou une terre à bois. C’est faux. On peut choisir le risque selon le rendement recherché et la perte que l’on peut tolérer. Lorsqu’on achète des actions d’importantes entreprises qui jouissent d’une grande stabilité, on ne risque pas grand-chose, il suffit d’être patient. Et n’oublions pas : aucun placement n’est sans risque et c’est aussi valable pour l’immobilier.

Bien des conseillers sont eux-mêmes victimes d’un troisième préjugé, à savoir que c’est déjà trop compliqué pour eux-mêmes. Ils ont tort. Croyez-moi, il suffit de s’informer régulièrement sur l’actualité financière et la tendance générale des marchés. Pour ma part, vingt minutes par jour suffisent amplement.

Les vents de la Bourse

J’aime beaucoup cette analogie : « La Bourse, c’est du vent ». Prenons un exemple : les 48 premières heures qui ont suivi l’annonce du Brexit ont fait fondre la valeur boursière des marchés mondiaux de 3 000 G$. L’action de Microsoft, pour sa part, a perdu 7 % de sa valeur, soient 27 G$. Quatre jours plus tard, elle était pourtant de retour à 52 $, regagnant tout l’argent que le vent avait emporté une semaine auparavant.

Imaginez que vous naviguez sur un voilier. Il faut observer les nuages si on ne veut pas faire naufrage. À la Bourse, les indices précurseurs de tempêtes sont les ratios financiers, l’analyse technique, les indices financiers, la tendance des taux d’intérêt et les mouvements des taux de change.

Les investisseurs paient les actions des sociétés en fonction des profits « espérés », plutôt qu’en fonction des profits réalisés. Le prix d’une action ne représente donc absolument rien de concret – là est le vent!

Début juillet 2016, la valeur de Facebook en Bourse était de 115 $ l’action, mais la valeur de ses actifs comptables était seulement de 16,54 $ par action, et ses revenus estimés pour 2016 étaient de 2,65 $ par action. À un prix de 115 $ l’action, on achète les revenus des 43,4 prochaines années, en payant Facebook sept fois plus cher que ses actifs réels.

Monte et descend, monte et descend…

Chaque jour, le prix des actions varie en fonction des rumeurs, des nouvelles financières et des spéculations sur les contrats ou profits futurs des entreprises. Du vent encore, rien de réel.

Chaque jour donc, la Bourse monte ou descend en fonction de ce que les investisseurs imaginent concernant la situation économique des prochains mois. Pour poursuivre l’analogie du voilier, disons que le comportement de la Bourse en général s’apparente au cycle des marées. Elle monte et descend suivant des cycles plus ou moins prévisibles. Toutes les actions montent lorsque la marée monte, qu’importe le fonds que vous achetez.

Il y a Bourse et Bourse

Lorsqu’on parle de la Bourse, on parle en fait de la bourse des actions, celle que vous voyez au téléjournal, un lieu physique où s’échangent les actions de sociétés. Mais il y a aussi d’autres marchés pour les obligations, les matières premières, ou les devises.

Il existe également des bourses spéciales, presque ésotériques, qu’on appelle les bourses de l’ombre[1] et où certaines grandes institutions financières échangent des sommes colossales en transit, souvent à partir des paradis fiscaux.

Le prix des obligations varie en fonction de la note de crédit du pays ou de l’entreprise. Cette Bourse réagit fortement aux émotions : lorsque les investisseurs prennent peur, ils vendent leurs actions et achètent des obligations, ce qui a pour effet de faire baisser les taux d’intérêt sur les marchés. Le vote du Brexit est un bon exemple de ce phénomène[2].

Les produits de base, ou ressources naturelles, comme l’or, le pétrole, le soya ou le porc, se transigent sur une autre bourse. Les prix y sont basés sur des réalités physiques comme les inventaires mondiaux de blé ou de pétrole et sur la valeur du dollar américain par rapport aux autres devises.

Parlant des devises, c’est sur le FOREX qu’il faut se rendre. Quelque 6 000 G$ s’y échangent chaque jour. Le centre nerveux du FOREX se trouve dans la City, petit paradis fiscal protégé[3] en plein cœur de Londres, au Royaume-Uni.

L’ensemble des bourses influencent le cours de chacune d’entre elles, à Toronto ou ailleurs. Une augmentation du prix du pétrole ou du prix de l’or, par exemple, influence le cours du dollar canadien sur le FOREX et donc la valeur de l’indice boursier TSX. Il faut suivre les tendances de ces autres bourses pour comprendre les mouvements de la bourse canadienne.

Pourquoi investir en Bourse?

Votre client doit comprendre que la Bourse est le meilleur endroit pour faire croître son capital. Prenons trois placements : une obligation du Canada, un certificat de placement garanti (CPG) et un fonds d’actions calqué sur l’indice boursier canadien TSX. Ne changeons rien pendant 10 ans. L’obligation vous donnera 1,07 % d’intérêt, le CPG, 1,85 % et le fond d’action 4,4 % en moyenne sur 10 ans. Conclusion : la Bourse a beau faire souffler le vent, elle donne de meilleurs résultats.

N’oubliez pas que l’inflation officielle publiée par la Banque du Canada est de 1,62 % par année, ce qui donne 32 % après 10 ans. Investir en Bourse est toujours rentable à long terme et vous devez insister sur ce point avec vos clients. Certaines années donneront des profits, d’autres des pertes. Et vos clients doivent s’y attendre.

Suivez les marchés boursiers et vous serez capable de rassurer vos clients, mais aussi d’avoir de meilleurs résultats avec leurs placements. Personnellement, mon objectif est de faire, chaque année, deux fois l’inflation officielle comme rendement. Cela devrait être aussi le vôtre.

Bernard Viau est un conseiller à la retraite.

Pour parfaire vos connaissances sur la Bourse

  • Un excellent site pour comprendre la Bourse, pour vous-même comme pour vos clients.
  • Morningstar est incontournable pour se tenir au courant de l’actualité.
  • Si vous lisez l’anglais, je vous recommande le site de CNBC pour les actualités financières.

[1] Pour en savoir plus sur les dark pools, les bourses parallèles du commerce international, c’est ici. [2] Pour plus de détails, consultez ce texte du site web boursier Le Revenu. [3] Pour plus d’informations sur la City, c’est ici.

Bernard Viau