Petit train américain ira loin?

Par Sylvain B. Tremblay | 6 mai 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Reste-t-il encore de la valeur dans le marché des actions américaines après l’impressionnante hausse des 17 derniers mois? En effet, l’indice S&P 500 s’est apprécié de près de 27 % en dollars américains (25 % en dollars canadiens) sur une base annualisée depuis son creux de septembre 2011. Est-il encore temps pour les investisseurs qui ont plutôt regardé passer le train, de le rattraper, de monter à bord et d’espérer en profiter pour faire un petit bout de chemin?

Analysons d’abord certains faits. Le marché américain s’est apprécié en deux temps, à un taux annualisé moyen de 6,5 % en dollars américains (6 % en dollars canadiens) de 1990 à ce jour, la première décennie ayant été particulièrement généreuse et la seconde ayant été, quant à elle, fortement négative. Bien qu’extrêmement réjouissante, la performance des derniers mois n’en est qu’une, disons, de rattrapage pour un investisseur canadien, car le niveau auquel se négocie l’indice phare américain est encore bien en deçà du niveau record atteint en 2000. Une situation qui est bien différente pour un investisseur américain, qui n’a pas à composer avec l’effet négatif de sa devise sur son propre marché.

Sylvain B. Tremblay

Au moment d’écrire ces lignes, l’indice S&P 500 s’échange à 1548,34 et correspond à un ratio cours/valeur au livre de 2,37, le plus haut niveau atteint depuis 2007, mais toujours nettement inférieur aux niveaux qui prévalaient avant (2,5 – 3,5). Au pire de la dernière crise, en mars 2009, ce ratio est descendu aussi bas que 1,6, constituant ainsi une occasion d’aubaine quasi sans précédent.

Afin d’obtenir une lecture plus adéquate de la courbe de l’évolution du ratio cours/bénéfice du S&P 500, isolons la période de crise de 2008-2009, période au cours de laquelle on constate deux anomalies importantes. En effet, ce ratio est tombé sous le seuil des 10x au début de l’année 2009, pour atteindre un sommet de plus de 22x à la fin de la même année. Il se négocie aujourd’hui légèrement au-dessus de 14x. Niveau similaire à 2010, mais encore une fois nettement inférieur à la situation qui prévalait avant 2008, la moyenne se situant alors au-dessus des 16x. La tendance qui caractérise les marchés semble intéressante, la seule ombre au tableau étant la diminution au cours des derniers mois du taux de croissance des bénéfices aux États-Unis…

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L’économie américaine dans son ensemble semble être revenue sur ses rails. On constate en effet que les États-Unis affichent les meilleures perspectives de croissance relative pour l’année 2013 selon l’indicateur avancé de l’OCDE, et qu’ils sont suivis par le Japon et le Royaume-Uni. En parallèle, on constate que le ratio des obligations financières des Américains s’est rapidement rétabli pour atteindre le bas niveau enviable des années 1980. Du côté immobilier, on enregistre depuis le début de 2013 une hausse du nombre de transactions de 10 % par rapport à l’année dernière; il ne reste que quatre mois d’inventaire de maisons neuves et les prix sont en hausse. Après avoir atteint son niveau plancher de 500 000 en 2009, le nombre de mises en chantier annuel se situe près du million. Il pourrait éventuellement atteindre un seuil moyen annuel se situant entre 1,2 et 1,6 million d’unités. Après avoir atteint un plafond de 10 % en 2009, le taux de chômage est en baisse et est maintenant en deçà de 8 %. On remarque d’ailleurs un excellent début d’année au chapitre de la création d’emploi. Un élément reste cependant incertain. Le consommateur se fait toujours attendre aux caisses enregistreuses. Bien qu’en croissance, l’indice de confiance du consommateur demeure encore faible par rapport à sa moyenne historique et l’effet se fait sentir sur la croissance des ventes au détail, qui reste relativement stable à 4 %.

Les astres semblent donc alignés pour une période de croissance soutenue chez nos voisins du Sud. Une position en placements américains même surpondérée par rapport à l’indice mondial a bien entendu sa place dans une politique de placements bien équilibrée. Au niveau auquel se négocie actuellement le marché, il s’agit d’y entrer prudemment.


Sylvain B. Tremblay, Adm.A., Pl. Fin., vice-président, Gestion Privée, Optimum Gestion de placements inc.

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