Comment parler de fric aux jeunes Y ?

Par Alexandra Bosanac, L’actualité | 21 octobre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Pressés de vivre leur vie d’adulte et d’afficher leur succès, bien des jeunes de la génération Y — dans la vingtaine ou au début de la trentaine — escamotent des étapes. Vivement l’achat d’une voiture et d’une maison… alors que leurs dettes d’études sont loin d’être payées! Sur les réseaux sociaux, leur vie semble intéressante. Mais les sourires sur Instagram cachent souvent une vérité troublante : nombre d’entre eux vivent au-dessus de leurs moyens.

Shannon Lee Simmons, planificatrice financière de Toronto, voit les deux côtés de cette réalité. Ces jeunes propriétaires qui posent devant leur maison sur Instagram? Ce sont ses clients. « Et ils sont misérables », dit-elle.

Après avoir travaillé en gestion privée de portefeuille auprès d’une clientèle fortunée, Shannon Lee Simmons a créé le site The New School of Finance, qui offre de la formation et des consultations en ligne pour accompagner cette nouvelle clientèle dans ses premiers pas en planification.

Les habitudes financières de la génération Y deviennent des priorités à mesure que ses membres dépassent en nombre les baby-boomers sur le marché du travail. Ces mêmes baby-boomers dont les plans de retraite sont compromis par les décisions de leurs enfants, qui comptent sur leur soutien financier jusqu’à un âge parfois avancé. Et c’est souvent lorsque les discussions entre les parents et les enfants tournent au vinaigre que les jeunes consultent la planificatrice.

Ils arrivent « frustrés, se sentant abandonnés, dit-elle. Ils sont bourrés d’informations… ce qui ajoute à leur confusion. »

Elle-même âgée de 30 ans, Shannon Lee Simmons fait partie des Y. Et comme ses clients, elle aime bien publier ses photos sur son compte Instagram… généralement en paire. Sur la photo de droite, on la voit faisant quelque chose d’amusant — se dorloter au spa ou magasiner. Sur la photo de gauche ? Elle pose avec la facture ! Son message : la pression est forte pour que vous ayez l’air de mener une vie trépidante sur les réseaux sociaux, mais tous les Y ne sont pas honnêtes quant au prix à payer pour « avoir l’air ».

N’ÉCOUTEZ PAS LES BOOMERS!

Malgré les bonnes intentions, les conseils des baby-boomers — et de leurs conseillers — sont démodés. Et ils peuvent empirer les choses, selon Shannon Lee Simmons. Ils mettent en effet l’accent sur les avoirs : l’achat d’une maison, d’une voiture. Mais ces conseils ne cadrent pas avec la réalité des jeunes, plus portés sur l’économie du partage. Bien des Y vont préférer emprunter ou louer une voiture, un vélo, un appartement, un outil électrique.

Les conseils de la planificatrice ne sont pas révolutionnaires : prioriser le remboursement des dettes, vivre selon ses moyens, mettre de l’argent de côté chaque mois. C’est la façon dont elle les formule qui est particulière.

Beaucoup de ses discussions avec ses clients portent sur leurs objectifs. « Je leur fais voir quel poids peuvent avoir 100 dollars supplémentaires. Ils ne sont pas conscients que s’ils épargnent cette somme chaque mois, ils vont raccourcir de quatre ou cinq ans la durée de remboursement de leur prêt étudiant. » Elle limite généralement les plans financiers à un horizon de cinq ans, et fait la promotion des REER avec parcimonie.

Elle voit souvent des parents régler les dettes des enfants, sans fixer d’échéance ou de contraintes quant à leur remboursement. Un nombre croissant de Y mettent un certain temps à atteindre les étapes typiques de cet âge (emploi à temps plein, relation de couple, achat d’une auto, d’une maison) et sont gênés, sinon anxieux, de dépendre de l’aide parentale. Établir des limites précises, fixer des attentes claires en ce qui concerne le remboursement peut atténuer la culpabilité des deux parties, estime Shannon Lee Simmons.

Autre caractéristique de la génération Y : ses membres valorisent la transparence, mais ils vont se retirer s’ils ont l’impression qu’on les juge. « Personne n’aime admettre qu’il ne connaît rien en matière d’argent. Mais à 30 ans, il est temps d’en connaître un peu. »

Cet article a été adapté de Canadian Business.

Alexandra Bosanac, L’actualité