Quand un investisseur préfère aller en prison…

Par Sylvie Lemieux | 8 août 2022 | Dernière mise à jour le 22 novembre 2023
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Prison
Photo : Allan Swart / 123RF

Un jour ou l’autre, tout conseiller est susceptible de recevoir une demande qui sort de l’ordinaire de la part de ses clients. Dans cette nouvelle série d’articles, des professionnels partagent leurs expériences et les leçons qu’ils en ont tirées.

En pleine pandémie, Pascal Larivière a été contacté par un de ses clients qui refusait de payer la facture fiscale sur ses revenus de placements.

« Il disait que comme cet argent n’avait jamais été déposé dans son compte bancaire, il avait l’impression que le gouvernement voulait le voler. Il affirmait même être prêt à aller en prison pour ça », raconte le directeur de division et planificateur financier chez IG Gestion de patrimoine.

La conversation a allumé une lumière rouge chez Pascal Larivière.

CLIENTÈLE VULNÉRABLE

« Le client était âgé de plus de 80 ans. Je me suis demandé s’il était toujours apte à bien gérer son argent. En plus, on était en plein confinement. L’homme vivait seul dans sa maison et était laissé à lui-même. Cela pouvait peut-être affecter son jugement », explique-t-il.

« Dans le passé, il avait été imposé sur ses revenus de placement, mais comme la facture n’avait jamais été aussi élevée — environ 50 000 $ —, il payait sans broncher. Selon ses dires, le gouvernement était plus vorace que jamais », ajoute-t-il.

Son attitude pouvait-elle être le signe d’un trouble cognitif, s’est interrogé Pascal Larivière. Le fait que l’homme était capable de suivre la discussion lui a fait comprendre que ce n’était pas le cas. Cela dit, face à un client en situation potentielle de vulnérabilité, il lui fallait plus que jamais agir avec tact.

Le planificateur financier s’est d’abord assuré de lui expliquer à nouveau les règles fiscales entourant les revenus de placement. Il lui a aussi rappelé qu’il était là pour l’aider à prendre la meilleure décision possible.

« Une fois le client plus en confiance, il fallait trouver qui pouvait l’aider à démêler son dossier fiscal, soit un proche aidant ou un comptable. Il avait besoin d’être accompagné pour produire sa déclaration d’impôt. Pour vous dire, il la faisait encore sur papier sous prétexte que de la remplir sur ordinateur ramollit le cerveau », raconte Pascal Larivière.

Une fois le dossier des impôts réglés, le planificateur financier a planifié d’autres discussions avec son client pour déterminer les stratégies afin de minimiser ses prochaines factures fiscales.

Tout n’était donc pas réglé, mais le client a finalement entendu raison et réglé ses impôts. Il s’est ainsi évité des désagréments encore plus grands.