Qu’est-ce que l’intégration ESG, de toute façon ?

Par Melissa Shin | 14 juin 2023 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : kritchanut / 123RF

L’intégration des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) est la stratégie la plus populaire parmi les fonds d’investissement durable canadiens, 83 % des 415 fonds retenus dans le classement du Canadian Investment Funds Standards Committee (CIFSC) y ayant eu recours

Mais qu’est-ce que l’intégration des critères ESG exactement, de toute façon ?

« L’un des plus gros problèmes liés à l’intégration des critères ESG, et probablement l’une des sources de confusion, est qu’il ne suffit pas d’examiner le portefeuille pour vérifier si les critères ESG ont été intégrés », a déclaré Mary Robinson, directrice de la recherche et des réseaux d’investisseurs à l’Association pour l’investissement responsable (AIR). Mary Robinson s’exprimait lors d’un panel dans le cadre de la conférence 2023 de l’AIR tenue à Toronto, le 6 juin.

« Il n’y a pas non plus qu’une seule [façon] de faire de l’intégration ESG », a déclaré Mary Robinson. « De nombreuses techniques différentes peuvent être utilisées, et elles peuvent également être utilisées en matière de titres, de répartition de l’actif ou de la construction du portefeuille. »

Selon le CIFSC, l’intégration ESG survient lorsque les critères ESG sont « une composante essentielle de la méthode d’évaluation pour la sélection des titres aux côtés des facteurs financiers traditionnels, de sorte que tous les titres d’un portefeuille ont été évalués en fonction des facteurs ESG et que ceux-ci sont significatifs et influents dans l’achat et la vente de titres composant le portefeuille ».

Mary Robinson a aussi indiqué que le projet mondial Collaboration to Align and Refine ESG Terminology (CARET), dont elle et l’AIR sont partie prenant, est arrivé à une conclusion similaire.

« En fin de compte, là où nous avons statué, c’est que les facteurs ESG peuvent influencer le risque et le rendement d’un investissement, et cela peut ne pas se refléter dans les prix actuels des actifs », a-t-elle ajouté. « Cela signifie donc que ces facteurs ESG peuvent influencer leur risque et leur rendement. »

Selon Mary Robinson, l’importance relative est une composante essentielle de la définition : « Tous les facteurs ESG ne sont pas significatifs dans un investissement particulier, et une partie de l’analyse et de la prise de décision doit identifier quels facteurs sont importants. »

Le projet CARET regroupe également les Principes pour l’investissement responsable, la Global Sustainable Investment Alliance et le CFA Institute.

La panéliste Nicole Gehrig, directrice des normes industrielles mondiales au CFA Institute, a déclaré que l’intégration ESG est souvent utilisée comme un terme générique qui est confondu avec différents types distincts de facteurs ESG.

L’intégration des facteurs ESG fait référence « à un processus spécifique de prise en compte des facteurs ESG dans l’analyse et la prise de décision en matière d’investissement », a-t-elle déclaré. Nicole Gehrig a également souligné que le processus devrait inclure une prise en compte continue des facteurs ESG, de sorte que « ce n’est pas juste une fois et fait ».

Nicole Gehrig a noté qu’en général, les prospectus et autres communications destinées aux investisseurs utilisent de manière inappropriée certains termes, en les interchangeant, tels que « meilleur de sa catégorie » et « filtrage positif », ou « filtrage d’exclusion » et « filtrage fondé sur des normes ».

Elle a indiqué que plusieurs documents qui seront produits par le projet CARET aideront à clarifier ces définitions, le but étant de les harmoniser pour l’ensemble de l’industrie.

Eilidh Wagstaff, spécialiste principale, équipe d’orientation des investisseurs, auprès des Principes pour l’investissement responsable, à Londres, au Royaume-Uni, a déclaré qu’elle espérait que ces documents attireraient l’attention sur l’importance du vocabulaire utilisé lors de la discussion sur les fonds d’investissement durables, tout en reconnaissant que certains pourraient trouver les définitions utilisées un peu restrictives.

« il peut arriver qu’une partie de l’innovation naturelle se trouve bridée lorsque vous dites : « Vous devez vous conformer entrer dans cette [définition]. Cela peut devenir trop restrictif », a-t-elle déclaré. « Mais d’un autre côté, il y a une nécessité d’être en mesure de justifier les affirmations portant sur la durabilité des investissements. »

Ian Tam, directeur de la recherche en placements, Canada, chez Morningstar Inc., a souligné que l’industrie devra parfois faire preuve de souplesse en matière de terminologie, surtout si l’on considère l’évolution de cette tendance.

Ian Tam animait le panel de l’AIR et, dans une interview qui a suivi la discussion, il a déclaré que le cadre d’investissement responsable de la CIFSC traite intentionnellement les termes « ESG », « responsable » et « durable » de manière interchangeables.

« Lorsque nous avons initialement développé le cadre d’identification de l’IR CIFSC, il était important que les utilisateurs du cadre se concentrent vraiment sur les approches, plutôt que sur la terminologie », a-t-il déclaré. « Il était donc important que nous définissions des termes génériques qui englobent l’univers des investissements qui utilisent ces approches. »

Advisor.ca et Investment Executive, des publications sœurs de Conseiller.ca étaient les commanditaires médiatiques de la conférence de l’AIR.

Melissa Shin

Melissa Shin est directrice de la rédaction du groupe des publications financières de Newcom Media Inc. Elle fait partie de l’équipe depuis 2011 et a été reconnue par l’ACGA et la CFA Society Toronto pour ses reportages. Rejoignez-la à mshin@newcom.ca.