Le Canada critiqué par le FMI

Le Fonds monétaire international (FMI) prévient que les « subventions vertes » offertes par Ottawa pourraient alimenter une spirale internationale vers le bas, mais salue l’approche canadienne « à plusieurs volets » pour lutter contre le changement climatique.

L’agence internationale a publié mardi les conclusions préliminaires de ses services à l’issue de leur plus récente mission au Canada.

Le rapport salue les mesures adoptées par le Canada pour respecter ses engagements climatiques et pour encourager les investissements dans les secteurs verts. Mais le FMI estime que la conception de certaines mesures incitatives présente « des risques ».

Le FMI salue par ailleurs l’action climatique du Canada, y compris son régime de tarification du carbone et les investissements du budget fédéral de 2023 dans l’« économie verte ».

Mais il recommande une meilleure coordination internationale pour éviter une « course vers le bas », où les pays se font concurrence pour offrir des subventions encore plus importantes.

Le FMI soutient par ailleurs que l’accent mis actuellement sur les véhicules électriques, et leurs batteries en particulier, en tant que « clé du développement industriel vert » du Canada nécessitera une « approche prudente », compte tenu de l’évolution technologique rapide.

Le rapport du FMI indique également que le Canada devrait envisager un régime de mesures incitatives normalisé afin de promouvoir l’équité et la transparence, au lieu de négocier des ententes spécifiques à chaque entreprise.

Le rapport préliminaire du FMI est d’ailleurs publié alors que le gouvernement libéral fédéral annonce des investissements historiques dans l’« économie verte » et attire des constructeurs automobiles comme Stellantis et Volkswagen avec des milliards de dollars en subventions.

LES DÉFICITS ET LA DETTE

Dans son rapport préliminaire, le personnel du FMI offre également une analyse de la situation économique actuelle au Canada. On estime ainsi que la récente hausse des taux de la Banque du Canada était justifiée, étant donné que l’économie canadienne est plus dynamique que prévu.

Sur le front de la politique budgétaire, le FMI affirme que les dépenses publiques devraient rester serrées pour contribuer à réduire l’inflation au pays. L’organisme recommande également de meilleurs ancrages fiscaux, ou cibles, pour équilibrer les dépenses avec les recettes.

« Bien que la dette publique du Canada soit relativement faible en comparaison avec d’autres pays dans le monde, elle reste nettement supérieure aux niveaux d’avant la pandémie », indique le rapport.

L’agence internationale affirme que le Canada devrait s’efforcer de reconstituer sa réserve budgétaire, ce qui permettrait au gouvernement de faire face à toute crise future nécessitant des dépenses plus élevées.

Le FMI a également appelé à davantage d’actions pour améliorer l’abordabilité du logement et stimuler l’offre, y compris une coordination accrue de la politique du logement entre les ordres de gouvernement et les divers intervenants.

« Alors que le Fonds pour accélérer la construction de logements, annoncé dans le budget 2022 pour inciter les municipalités à développer l’offre de logements, constitue un pas dans la bonne direction, il reste encore beaucoup à faire pour accélérer l’obtention des permis et promouvoir la densification », indique le rapport.

Dans un communiqué, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, « accueille favorablement les conclusions du FMI ». Selon elle, ce rapport « met en évidence l’économie résiliente du Canada, ses perspectives financières stables, son plan pour une économie propre, ainsi que les mesures pour s’attaquer au problème des logements abordables ».