Le Canada pourrait faire face à une série de décotes

Par La rédaction | 26 juin 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
3 minutes de lecture
Garçon qui hurle dans l'oreille d'un autre avec un mégaphone sans qu'il n'ait de réaction.
Photo : Andrew Rich / iStock

Le marché semble prendre avec un grain de sel la décote du Canada chez Fitch Ratings, qui a fait passer sa note de AAA à AA+ mercredi dernier. Mais la note de crédit du Canada pourrait-elle continuer de descendre?

« Comment vous sentiriez-vous si vous faisiez une fête de décote et que personne ne venait? Demandez à Fitch », ironise Banque Scotia dans une récente note. L’institution financière souligne que les marchés n’ont pas réagi à l’annonce de Fitch et que les courbes de rendement et la devise canadienne sont restées stables. Cela démontre, selon elle, que la cote ne constitue que l’un des éléments sur lesquels se basent les investisseurs pour acheter des obligations et qu’il n’est pas toujours le plus important. 

UN CRITÈRE RELATIF

C’est d’autant plus le cas dans un contexte où 13 G $US (17,7 G $CA) de dettes se vendent à des taux négatifs. Les obligations canadiennes offrent un rendement positif, bien qu’il ne soit pas énorme et les risques de défaut de paiement restent très bas. 

Fitch justifiait sa décision par la dégradation des finances publiques canadiennes en raison des dépenses massives liées à la COVID-19. Toutefois, une comparaison des déficits, des dépenses publiques et de l’endettement projeté des États montre que le Canada demeure en meilleure posture que des pays comme la France, l’Italie, le Japon et les États-Unis.

LE RISQUE DES PROVINCES

Il ne serait pas surprenant que d’autres agences abaissent elles aussi la note du Canada, affirme BMO dans une publication de recherche citée par Advisor. Cependant, le manque de réaction sur les marchés à la décote de Fitch Ratings montre bien que les investisseurs comprennent que les États se trouvent pas mal tous dans le même bateau présentement, notamment en ce qui concerne la forte augmentation de leur déficit. 

De son côté, David Rosenberg, fondateur de la firme de recherche indépendante Rosenberg Research, relativise lui aussi les répercussions réelles de la note de crédit. Il rappelle que la décote des États-Unis en 2011 avait été suivie de très peu d’effets. Avant 2002, la cote du Canada était de AA- chez au moins une grande agence de notation et personne n’en avait cure. 

Dans une autre note citée par Advisor, la Financière Banque Nationale explique cependant que l’approche de Fitch accorde beaucoup d’importance à la détérioration des finances publiques des provinces canadiennes, et non seulement à celles du gouvernement fédéral.

M. Rosenberg mentionne que l’équilibre financier des provinces demeure relativement fragile et que si l’une d’elles se retrouvait en réelle difficulté, le gouvernement fédéral devrait ultimement la secourir avant qu’elle ne se trouve en défaut de paiement sur ses obligations. 

Ce ne serait pas la première fois. Durant la Grande Dépression des années 1930, le fédéral a secouru le gouvernement albertain, alors incapable de payer des obligations d’une valeur totale de 62 millions de dollars. En 1993, la Saskatchewan avait ouvertement envisagé un défaut de paiement et sa cote de crédit avait plongé. 

Présentement, la cote de crédit du Québec est de AA- chez Fitch et S&P, AA low chez DBRS et Aa2 chez Moody’s. Seule la Colombie-Britannique a une cote de crédit de AAA chez la plupart des grandes agences de notation.

La rédaction vous recommande :

La rédaction