Quel serait l’impact de taux d’intérêt négatifs au pays?

Par La rédaction | 23 octobre 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Billets de banque du Canada.
Photo : Janusz Pieńkowski / 123RF

Le gouverneur de la Banque du Canada (BdC), Tiff Macklem, ne ferme pas la porte à l’utilisation des taux d’intérêt négatifs si la situation économique canadienne l’exige. Quel impact cela pourrait-il avoir sur les consommateurs canadiens?

M. Macklem en a fait sursauter plus d’un en rappelant candidement au début octobre que les taux d’intérêt négatifs constituent l’un des outils dont dispose la BdC et que l’on ne pouvait écarter cette option du revers de la main.

Le Canada serait loin d’être le premier pays à s’y résoudre. La Banque de Suède l’a fait en 2009, dans la foulée de la crise financière déclenchée en 2008. Elle a été suivie par la Banque nationale du Danemark trois ans plus tard, puis par la Banque centrale européenne en 2014, la Banque nationale suisse en 2015 et la Banque centrale du Japon en 2016. 

UN INTÉRÊT RELATIF POUR LES CONSOMMATEURS

Pour les consommateurs, les taux d’intérêt négatifs peuvent se traduire positivement ou négativement. Leur principal attrait est de rendre l’accès au capital beaucoup plus abordable. À l’inverse, ils rendent les titres à revenu fixe à longue échéance beaucoup plus volatils. 

En 2019, la firme de gestion de placement Claret comparait dans une note la situation à une visite au casino où l’on irait parier sur la direction future du taux d’intérêt. En effet, le prix des obligations sur le marché varie à l’inverse des taux d’intérêt. Par ailleurs, comme les rendements offerts par plusieurs obligations d’État restent sous le niveau d’inflation, les épargnants qui en achètent risquent plutôt de s’appauvrir.

HYPOTHÈQUES AU RABAIS?

Des taux d’intérêt négatifs intriguent bien sûr les consommateurs qui souhaitent s’acheter une maison ou investir dans l’immobilier. Pourraient-ils obtenir un prêt hypothécaire à taux négatif? Des banques l’ont déjà fait au Danemark et en Suisse, comme le rapportait Conseiller en août 2019. La Jyske Bank danoise proposait alors un taux d’intérêt de 0,5 % sur un prêt hypothécaire de 10 ans. 

Se faire payer pour emprunter? Cela semble trop beau pour être vrai… et ça l’est un peu. Un article de Moneywise, publié sur le site du Financial Post, soulignait récemment qu’au Danemark, les frais d’emprunt, incluant les frais de fermeture, permettent généralement aux banques de récupérer d’une main ce qu’elles ont donné de l’autre. À la banque comme aux casinos, la maison gagne toujours…

Motley Fool souligne par ailleurs que la chute des taux d’intérêt pourrait bénéficier grandement aux fiducies de placements immobiliers résidentiels (FPI). Plus les taux descendent, plus ces fiducies ont l’opportunité d’agrandir leur parc immobilier en multipliant les acquisitions. Le tout dans un contexte où les prix de l’immobilier continuent de monter dans plusieurs marchés canadiens, rehaussant la valeur des FPI.

DERNIERS RECOURS

Reste à voir si la BdC tentera véritablement l’aventure des taux négatifs. En juin dernier, l’AGF rappelait que ce n’est pas un outil très prisé au Canada et aux États-Unis. Les taux d’intérêt négatifs réduisent la capacité des banques de générer des profits, en plus de fragiliser les assureurs et les fonds de pension, sans compter leur effet généralement négatif sur les marchés monétaires. Or, ces éléments ont beaucoup plus d’impact sur le financement à court terme des banques en Amérique du Nord qu’en Europe.

Les résultats de cette stratégie n’ont pas non plus été spectaculaires en Europe et au Japon pour stimuler l’économie. Cependant, dans la situation économique actuelle, toutes les options semblent ouvertes à la BdC. Une histoire à suivre…

La rédaction