Vaut-il la peine de cotiser à un REER?

Par La rédaction | 21 février 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Ted Rechtshaffen, président de la firme canadienne de gestion de patrimoine TriDelta Financial, répond à ceux qui se demandent s’il vaut la peine de cotiser à un REER dans une récente chronique du Financial Post.

Pour illustrer sa réponse, il propose cinq scénarios. Dans la plupart des cas, il fait reposer la pertinence du REER sur deux éléments : le niveau de revenu, maintenant et à la retraite, et la fiscalité.

SCÉNARIO 1 : REVENU ÉLEVÉ, ÉPARGNE ÉLEVÉE DANS UN REER

Certains s’inquiètent du fait que s’ils décèdent en étant célibataires ou veufs, l’entièreté des montants placés dans un REER sera imposée dans leur dernière année. C’est donc dire que s’ils ont amassé 500 000 dollars, près de la moitié retournera dans les coffres de l’impôt. 

Ce n’est pas une raison pour délaisser cet outil, selon le chroniqueur. Pour un individu qui se trouve à un haut niveau d’imposition marginal (45 % et plus), il juge pertinent d’y cotiser pour bénéficier du remboursement d’impôt et profiter de plusieurs années de croissance sur l’investissement à l’abri du fisc. Il sera toujours temps de s’inquiéter de la fiscalité du décaissement plus tard. Au Québec, il faut un revenu d’environ 100 000 dollars par année pour atteindre le taux marginal de 45,71 %.

SCÉNARIO 2 : BAS REVENU QUI AUGMENTERA BEAUCOUP AU COURS DES PROCHAINES ANNÉES, AVEC DE L’ESPACE POUR DES COTISATIONS AU CELI

Au Québec, si votre revenu est de 35 000 dollars, votre taux d’imposition marginal est de 27,53 %. S’il est de 50 000 dollars, le taux augmente à 37,12 % 1.

Si un épargnant croit que son revenu actuel de 35 000 dollars grimpera à 50 000 dollars dans les prochaines années, il a avantage à placer son argent dans un CELI et d’attendre de toucher ce plus haut salaire avant de faire des versements au REER. Comme les cotisations inutilisées au REER s’accumulent, on ne les perd pas et le remboursement d’impôt que l’on aura au moment de les faire sera plus élevé. Quant aux rendements, ils sont tout aussi à l’abri du fisc dans un CELI que dans un REER.

SCÉNARIO 3 : LE REVENU BAISSERA BEAUCOUP DANS LES PROCHAINES ANNÉES

Dans ce cas, mieux vaut placer son argent dès maintenant dans un REER. Vous pourrez même par la suite le retirer lorsque votre revenu sera beaucoup plus bas. Les gens ne réalisent pas toujours que l’on peut prendre l’argent de ses REER à n’importe quel âge. Ces sommes sont imposables en fonction du revenu de l’année du retrait. 

SCÉNARIO 4 : UN COUPLE À LA FIN DE LA SOIXANTAINE, QUI NE RETIRE PAS D’ARGENT D’UN FERR

On oublie parfois que si l’on commence à décaisser un REER à 72 ans, on peut tout à fait continuer à décaisser pendant 20 ans par la suite. Ainsi, même une contribution faite dans la soixantaine procurera un rendement composé. Le calcul ici reste le même. À quel moment le niveau d’imposition sera-t-il plus élevé? Si c’est au moment de faire la cotisation, elle est utile. Si c’est au moment du décaissement, mieux vaut utiliser un autre outil de placement.

SCÉNARIO 5 : LE MARI A 72 ANS ET SON ÉPOUSE 58 ANS

Dans ce scénario, le niveau d’imposition de chaque membre du couple compte pour beaucoup, tout comme la possibilité de scinder le revenu efficacement dans les prochaines années. En fait, un tel écart d’âge peut accroître l’utilité d’un REER. Même si l’une des deux personnes a plus de 71 ans, elle peut tout de même cotiser au REER de son conjoint, à condition que ce dernier soit âgé de moins de 71 ans. 

Dans le scénario présenté ici, si la conjointe ne travaille pas, elle pourrait par exemple tirer un revenu de son REER et le déclarer comme son revenu personnel. Attention toutefois de s’assurer que le conjoint le plus âgé n’a pas fait de versement au REER de son épouse dans les trois années précédentes. C’est donc une approche qui doit être planifiée.

Le chroniqueur rappelle qu’il y a de bons moments pour cotiser au REER, de bons moments pour ne pas le faire et aussi un temps pour décaisser. Chaque situation, si elle est bien gérée, a le potentiel de faire croître le patrimoine. Le tout est donc de faire les bons choix. ____________________

1 L’article du Financial Post utilisait des exemples calculés avec les taux d’imposition de l’Ontario. Ils ont été ajustés ici en fonction des taux en vigueur au Québec.

La rédaction