Fonds communs : les frais font encore jaser

15 mars 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La firme américaine Morningstar vient publier une nouvelle étude sur les fonds communs. Le Canada y écope encore d’un oeil au beurre noir pour ce qui est des frais.

Sur 22 pays examinés, le Canada a obtenu la note F pour ce critère, soit la plus faible attribuée. Tous les autre pays ont reçu au moins un C pour leurs frais et dépenses, sauf l’Italie qui a écopé d’un D.

N’eût été des frais, le Canada se serait assez bien tiré d’affaire. En effet, il a mérité un A au chapitre des pratiques de ventes et des interventions dans les médias, un B+ pour ce qui est de la transparence et un D en qui a trait à la réglementation et la taxation. En incluant son terrible F pour les frais et les dépenses, le Canada affiche une note globale de C+.

«Le score général du Canada cache des forces et des faiblesses majeures, dit l’étude. Les points positifs pour les investisseurs sont d’excellentes pratiques de ventes et médiatiques, et une très bonne transparence. Malheureusement, ces avantages sont contrecarrés par une taxation très élevée et les coûts les plus chers de tous les pays de l’enquête», indique Morningstar.

La discussion sur les frais des fonds canadiens comprend une réfutation totale des critiques que l’industrie avait adressées à l’étude précédente de Morningstar, qui date de 2009. Des ténors de l’industrie canadienne, notamment l’Institut des fonds d’investissement du Canada, avaient souligné que les comparaisons des frais étaient faussées en raison de grandes différences entre les barèmes canadiens et ceux des autres pays.

Rappelons que l’introduction de la TVH en Ontario en juillet dernier a provoqué une hausse marquée des frais des fonds, qui sont passés de 5 % lorsque seule la TPS était appliquée, à 13 % aujourd’hui.

Les auteurs de l’étude reconnaissent que des impôts élevés sont probablement une des causes des ratios de frais de gestion «excessifs» pratiqués au Canada, mais que cela n’a pas affecté leur notation mondiale par pays. En effet, disent-ils, la source des coûts importe peu pour l’investisseur, et beaucoup de fonds européens sont aussi sujets à des taxes à la valeur ajoutée.

Les auteurs sont plutôt d’accord sur le fait qu’on ne peut pas comparer les frais des fonds canadiens avec ceux des produits américains, puisque le marché au sud de notre frontière est beaucoup plus gros et jouit d’une plus grande économie d’échelle. «Toutefois, les auteurs ont aussi fait remarquer que les frais canadiens étaient substantiellement plus élevés que ceux d’autres pays à population modeste, comme l’Australie, la Belgique, Hong Kong, la Norvège et la Suède entre autres», indique Rudy Luukko, spécialiste en fonds communs à Morningstar Canada.

Les investisseurs canadiens peuvent se consoler en se disant qu’ils en ont peut-être pour leur argent. En effet, ils profitent d’excellentes pratiques de ventes et médiatiques. Ainsi, les concours de ventes et les rémunérations préférentielles pour la vente de certains fonds particuliers sont soumis à une stricte réglementation. La couverture médiatique est fréquente et mentionne également les frais élevés et les mérites des placements à long terme.

En outre, la transparence au Canada favorise les investisseurs. Parmi les exigences réglementaires qui ont suscité des louanges, on cite la divulgation de l’historique de dépenses des fonds sur cinq ans et des illustrations monétaires des coûts de chaque fonds. Enfin, Morningstar souligne que les épargnants ont facilement accès en ligne aux documents juridiques des fonds communs sur le site Internet de SEDAR.