BlackRock tue ses « FNB zombies »

Par La rédaction | 25 août 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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BlackRock annonce la fin prochaine de 10 de ses fonds négociés en Bourse (FNB), pourtant tous profitables. L’un d’entre eux, le iShares MSCI Emerging Markets Latin America ETF, a même fait des gains de 38 % cette année. Quelle mouche a piqué le plus important gestionnaire d’actifs au monde?

La réponse est simple : ces FNB sont peut-être un succès sur le plan de la performance, mais les clients n’en veulent pas, rapporte le Financial Post. Ils représentent tous 30 M $US de capital investi ou moins.

Ces FNB sont donc à ranger dans la catégorie des « fonds zombies », des fonds qui ont attiré peu d’activité d’échange ou peu d’investissements. De plus en plus, les gestionnaires d’actifs se débarrassent de ces produits. Ce qui serait plutôt une bonne nouvelle, selon David Perlman, stratège FNB d’UBS Gestion d’actif, à New York.

« Du point de vue de la performance, un FNB peut avoir du succès, mais si personne ne le possède, il ne survivra pas, dit-il. Les actifs sont une grande partie du succès d’un FNB. Ce n’est pas le seul facteur, mais il faut atteindre un certain seuil pour qu’il continue d’exister. »

UTILISER L’ARGENT AILLEURS

Maintenir un FNB standard qui reflète un indice coûte environ 250 000 $US par année, une fois payées les dépenses de démarrage, lesquelles dépassent souvent 2 M $US, selon Sam Masucci, directeur général d’ETF Management Group. Et les produits plus nichés, par exemple les FNB à effet de levier, nécessitent encore plus de capital. Fermer certains fonds permet de rediriger ces montants vers des produits plus populaires.

Le mauvais côté d’une liquidation de fonds, c’est qu’elle produit un gain en capital chez les investisseurs qui touchent leur part des produits de la vente d’actifs. Or, ce gain est imposable. Cela va à l’encontre de l’objectif principal d’un FNB, celui de demeurer un investissement peu coûteux pour l’épargnant.

DIFFICILE DE SE DISTINGUER

Il faut dire qu’il est de moins en moins facile pour un nouveau FNB de faire sa marque dans un marché de plus en plus saturé. Aux États-Unis seulement, plus de 1 700 FNB font la cour aux investisseurs, comparativement à 900 il y a cinq ans. Des 226 qui ont été lancés dans les douze derniers mois, seulement 21 ont recueilli plus de 100 M $US d’actifs, selon Bloomberg. Pour survivre, un fonds aurait besoin d’entre 75 et 100 M $US d’actifs, évalue David Perlman.

Il ne faut donc pas s’étonner de voir les entreprises éliminer leurs zombies. De 2013 à 2015, les liquidations et les retraits d’inscription ont grimpé à 200, soit environ 50 % de plus que dans les trois années précédentes, toujours selon les données de Bloomberg. Cette année seulement, les gestionnaires d’actifs en ont fermé 33, et un autre groupe de 31 devrait subir le même sort ce mois-ci, si l’on se fie aux annonces de State Street Corp, ProShares et BlackRock.

Ce dernier revoit son offre régulièrement et a déjà fermé des FNB en mars et octobre 2014, ainsi qu’en août 2015. À l’inverse, il en a démarré 93 nouveaux depuis 2013.

DE L’ORIGINE DES ZOMBIES

Qu’est-ce qui transforme un FNB en zombie? D’abord, un échec à vendre la stratégie. Si les clients ne sont pas convaincus du raisonnement stratégique soutenant un produit, même s’il est sans faille et se révèle finalement performant, ils ne l’achèteront pas. Arriver trop tard sur le marché risque aussi d’être une erreur fatale. Si les concurrents majeurs offrent déjà des tonnes de produits semblables, le petit nouveau risque de susciter peu d’intérêt. Enfin, la méthodologie d’un fonds peut aussi dépasser sa date de péremption. Cela se produit quand l’évolution du marché rend une stratégie obsolète.

« Nous ne voulons pas garder de produits que les gens ne sont pas intéressés à s’échanger, confirme Sylvia Jablonski, directrice des marchés de capitaux et de la stratégie institutionnelle à Direxion. Nous faisons tout ce qui est possible pour faire parler de nos produits et informer le public de leur existence. Mais en bout de ligne, c’est vraiment le client qui décide. »

Selon Bats Global Markets, le marché mondial des FNB devrait grimper à 15 billions de dollars américains au cours de la prochaine décennie.

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