La dégringolade de Bombardier soulève des interrogations

Par La rédaction | 13 novembre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Chute des actions
Photo : Daniil Peshkov / 123RF

La récente dégringolade en Bourse de l’action de Bombardier devrait faire l’objet d’une enquête de la part de l’Autorité des marchés financiers (AMF), croit le chroniqueur du Journal de Montréal Michel Girard.

Dans son édition du week-end, celui-ci rappelle en effet que, en l’espace de quatre mois, la valeur du constructeur aéronautique a chuté de quelque 7,2 milliards de dollars, tandis que son action a reculé de plus de 52 %, passant de 5,58 dollars à la mi-juillet à 2,65 dollars la semaine dernière.

Le JdeM s’étonne au passage du fait que le titre a perdu 32 % de sa valeur au cours des cinq semaines ayant précédé le dévoilement de médiocres résultats pour le troisième trimestre et l’annonce de la suppression 5 000 postes. Et il s’interroge : « Au nombre des vendeurs d’actions de Bombardier qui ont eu le “pif” de vendre durant la période allant du 1er octobre au 7 novembre, s’en trouvent-ils qui ont bénéficié d’informations privilégiées sur les résultats de la compagnie? »

« UN MAUVAIS SIGNAL LANCÉ AUX INVESTISSEURS »

La réponse du Journal est cinglante, puisqu’il juge que « quand une compagnie dans laquelle le gouvernement du Québec et la Caisse [de dépôt et placement du Québec] ont investi 3,3 milliards de nos impôts et épargnes s’effondre de la sorte (…) il y a matière à enquête de la part de l’AMF ». Il souligne ensuite que les hauts cadres de Bombardier s’en sont « mieux tirés que le commun des actionnaires ».

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Après que le conseil d’administration du groupe a mis sur pied un système permettant de liquider des blocs d’actions au mois d’août, ses principaux dirigeants, notamment le PDG Alain Bellemare et son prédécesseur, Pierre Beaudoin, ont en effet « transféré des gros blocs d’options d’actions entre les mains d’une firme de courtage de Toronto dans le but de passer à la caisse en exerçant lesdites options ».

Résultat : les membres de la haute direction de la compagnie devraient se partager une manne de quelque 78 millions de dollars, dont environ 18 millions seulement pour Alain Bellemare et six millions pour Pierre Beaudoin, et ce, en plus de leur rémunération annuelle, soit 13 millions dans le cas du premier, précise le JdeM.

L’AMF « VÉRIFIERA » LA SITUATION DE BOMBARDIER

Conclusion du Journal : « Quand les hauts dirigeants d’une compagnie liquident massivement des blocs d’actions, cela lance évidemment un très mauvais signal aux investisseurs [et] cela soulève inévitablement la méfiance. »

Interrogé par Conseiller sur ce dossier, le porte-parole de l’AMF déclare ne pouvoir « ni infirmer ni confirmer l’existence d’une enquête, pour des raisons de confidentialité ». Cela dit, ajoute Sylvain Théberge, les équipes du gendarme de la Bourse québécois « surveillent et analysent tout mouvement sur les marchés ou toute annonce importante touchant un émetteur assujetti, [ce qui] implique donc que le cas de Bombardier n’échappera pas à ces vérifications ».

La rédaction