Entraîner son cerveau pour mieux investir en Bourse

Par La rédaction | 22 août 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les traders et investisseurs aiment croire qu’ils prennent des décisions rationnelles lorsqu’ils jettent leur dévolu sur un titre plutôt qu’un autre.

C’est pourtant l’instinct qui guide la majorité de leurs décisions, si l’on se fie aux récents travaux des chercheurs en neurosciences, rapporte Bloomberg. Ou plus précisément, la partie du cerveau associée à ce que les psychologues appellent la « théorie de l’esprit », c’est-à-dire le processus permettant de reconnaître un type d’état mental, chez soi ou chez autrui, que l’on utilise inconsciemment.

SUR LES MARCHÉS COMME SUR UN TROTTOIR

Lors d’une récente étude, des chercheurs de l’université Caltech ont observé l’activité du cerveau de personnes pendant des sessions de trading. Surprise! Les parties du cerveau associées à des tâches rationnelles, par exemple résoudre des problèmes mathématiques, sont restées assez calmes. C’est plutôt une zone du cortex paracingulaire qui s’est allumée comme un sapin de Noël le 25 décembre. Cette zone est justement associée à la théorie de l’esprit.

On utilise cette faculté sans cesse. C’est le cas par exemple lorsqu’on croise un passant sur un trottoir. On arrive, en le regardant, à établir s’il entend passer à notre droite ou à notre gauche. L’étude de Caltech tend à démontrer que cette même habileté pourrait être appliquée aux mouvements du marché.

SAVOIR OU DEVINER?

Pendant l’étude, les sujets en pleine session de trading se sont vu présenter deux actions dans lesquelles ils pouvaient investir. Il leur était révélé qu’au total, ces actions paieraient 50 cents, mais sans savoir comment cette somme serait répartie. Une action pouvait générer un rendement de 49 cents et l’autre, seulement 1 cent, par exemple.

Lors de certaines sessions, les traders ne disposaient d’aucune information additionnelle pour faire leur choix. Pendant d’autres, quelques participants seulement se voyaient confier un indice sur le résultat final. Ils pouvaient donc décider de miser davantage sur une action que sur l’autre. Les échanges durant ces sessions ont été filmés. Par la suite, un autre groupe devait regarder et tenter de prédire l’évolution des prix.

En regardant les sessions où certains des traders possédaient un indice sur le résultat final, les observateurs sont arrivés à déduire des informations sur le mouvement des actions juste en observant les prix et le mouvement des commandes. Et l’imagerie médicale a démontré qu’ils utilisaient les parties de leur cerveau liées à la théorie de l’esprit pour y arriver. De plus, les observateurs qui étaient les meilleurs à prédire les prix ont obtenu aussi les meilleurs résultats à d’autres tests menés pour mesurer leurs habiletés au chapitre de la théorie de l’esprit.

UNE FACULTÉ QUI S’ENTRAÎNE

Ces résultats expliquent comment des traders sans information arrivent à déduire de l’information et agir en conséquence, de manière à ce que les prix sur le marché en viennent à refléter ces renseignements.

Et ce qui devrait intéresser les traders, c’est qu’il est possible de s’entraîner pour améliorer cette faculté, afin de mieux prédire la direction que prendra le prix des actions. On peut améliorer l’empathie cognitive, en quelque sorte la version consciente de la théorie de l’esprit, selon Denise Shull, fondatrice de ReThink Group, un firme de consultation et de recherche de New York spécialisée auprès des athlètes et des professionnels de la finance. Elle a même développé avec Bloomberg le Bloomberg Tradebook Trader Exercise, lequel permet de tester ses habiletés et de les entraîner.

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