Guichet Desjardins : un retrait qui ne passe pas

Par La rédaction | 19 février 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Guichets automatiques du Mouvement Desjardins.
Courtoisie Desjardins

Six mois après la fermeture de l’unique guichet Desjardins à Ripon, plusieurs habitants de cette petite ville de l’Outaouais ont bien du mal à s’y faire, rapporte Radio-Canada.

Oscillant « entre déception, amertume et incompréhension », ceux-ci ont parfois l’impression d’être « abandonné », ce qui « a rendu pas mal de gens amers », selon Louise Charron, cliente de Desjardins et résidente de Ripon.

Situé près du marché public couvert, le guichet a été remplacé début septembre par un guichet automatique, « et ce, malgré une forte mobilisation des habitants et de la ville », explique Radio-Canada. Ce qui leur coûte désormais deux dollars par transaction, soit, sur une année, « environ 165 dollars » dans le cas de Vincent Ouellette-Destroismaisons, un autre résident du village.

« UN FREIN À L’ESSOR ÉCONOMIQUE »

Selon Louise Charron, les personnes âgées ont été les premières à être affectées par ce changement. « Beaucoup nous en ont parlé dans le club d’âge d’or. Certaines n’ont pas de voitures et elles veulent aller chercher un peu d’argent. Il faut qu’elles attendent d’avoir quelqu’un pour les amener », explique-t-elle. Les aînés ne sont pas les seuls à être gênés par l’absence de guichet de la coopérative financière. En effet, à proximité du marché public se trouve également l’Institut des Sciences de la forêt tempérée, qui est rattaché à l’Université du Québec en Outaouais, et accueille beaucoup d’étudiants étrangers, eux aussi sans voiture.

Le maire de Ripon, Luc Desjardins, assure pourtant que des familles viennent s’installer dans la petite ville. Avec 1 611 habitants, celle-ci possède même son université, un centre de la petite enfance ouvert il y a deux ans et une école qui, à la dernière rentrée, n’a pas pu accueillir tous les enfants. Pour Luc Desjardins, la disparition de la succursale Desjardins dans les années 2000, puis le retrait du guichet, représentent « un frein à l’essor économique » de la communauté.

Pour plusieurs résidents, dont le maire, la fermeture du guichet est contraire à l’esprit de la coopérative. « Ce qui est difficile à accepter, c’est que quand Alphonse Desjardins a fondé ça, chacun des membres était un pilier. Il a formé une coopérative. Maintenant que les assises sont solides, les gens ne sont plus rien. C’est ce qui est malheureux », déplore Luc Desjardins.

QUEL AVENIR POUR LE GUICHET ACTUEL?

Directeur général de la caisse Desjardins de La Petite-Nation, à Saint-André-Avellin, une autre petite ville située à près de huit kilomètres de Ripon, Roger Lafrenière estime cependant que l’institution financière a su assurer la transition. « Avec l’accompagnement qu’on a fait, on sent que c’est derrière nous, autant pour les résidents que pour la caisse », assure-t-il.

Radio-Canada précise que Desjardins a ainsi proposé à ses clients résidant à Ripon un système de navette pour qu’ils puissent se rendre en autobus au comptoir Desjardins de Saint-André-Avellin. Toutefois, comme elle était peu utilisée, elle a été abandonnée. Un ordinateur a par ailleurs été mis à leur disposition dans la bibliothèque de Ripon pour que les clients puissent se connecter au site Internet de la coopérative. Malgré tout, Roger Lafrenière affirme que seul un nombre « très minime » de clients a quitté Desjardins.

La chaîne publique d’information relève par ailleurs que, aujourd’hui, personne ne sait ce qu’il adviendra du guichet automatique qui a remplacé celui de Desjardins. « Va-t-il rester là, dans le même local? Peut-être pas. Est-ce que ce sera plus dans le hall d’entrée de la municipalité? Peut-être. Est-ce que ça va être alimenté différemment? Peut-être qu’il faudra. On va étudier tout ça », indique Luc Desjardins, qui souhaite conserver ce service.

La rédaction