ICRA : accueil favorable du rapport D’Amours

Par Cécile Gladel | 22 avril 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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C’est devant une salle bondée que les membres du comité d’experts sur l’avenir du régime de retraite du Québec ont présenté leur rapport et répondu aux questions jeudi dernier, à l’hôtel Queen Elizabeth de Montréal.

Organisée par le conseil régional de l’Institut canadien de la retraite et des avantages sociaux (ICRA)– Québec, la rencontre webdiffusée de 2 h 30 a généré de nombreuses questions, tant dans la salle que sur le web.

Un rapport audacieux Andrée Bonneville, actuaire et directrice avantages sociaux chez Métro, trouve que le rapport est audacieux et plein de bon sens. « Ça prend en compte diverses contraintes et c’est bien fait. Ça fait un moment que les régimes de retraite à prestations déterminées sont en crise, comme le régime d’État. Le bon moment pour régler le problème de la retraite, c’est lorsque les gens se mobilisent pour agir. Il faut se rendre au bout d’une crise pour avoir des actions ».

Parmi les mesures que Mme Bonneville préfère : les règles de financement et la rente de longévité qui peut être intégrée aux régimes existants. « Le rapport règle l’incapacité de laisser des sommes dans un régime à cotisation déterminée et de commencer à percevoir une retraite. C’est excellent ».

« Globalement, il y a des propositions intéressantes, pense Sébastien Robert, gestionnaire d’un syndicat dans le domaine de la santé. Ce n’est pas une solution parfaite puisque le comité impose des prescriptions, surtout dans le secteur public. On veut que les parties négocient, mais on les oblige à inclure des solutions qui ne sont pas les plus souhaitables et les moins couteuses. »

Ce dernier pense que le changement du calcul du ratio de solvabilité pose problème. Les régimes dans le secteur privé seront moins capitalisés qu’actuellement. En cas de faillite de l’entreprise, il restera moins d’argent pour les retraités. Dans le secteur public, on resserre les critères et on va faire exploser les déficits actuariels. On fait assumer aux travailleurs un risque de faillite qui n’existe pas ».

Il pense que ça va forcer le secteur municipal et des universités à renégocier leur régime de retraite. « Des négociations qui seront difficiles », estime M. Robert.

À lire : Comité D’Amours : régimes PD et rente de longévité

La rente de longévité La proposition de rente de longévité, qui est bien accueillie. Mme Bonneville apprécie cette solution, mais Sébastien Robert émet toutefois des réserves. « On améliore la gestion du risque de longévité, mais ce sont les salariés les plus riches et les États qui en bénéficieront, alors que tout le monde assumera collectivement. Comme les plus pauvres meurent plus tôt que les riches, ils bénéficieront moins de cette rente. Ce n’est pas complet, on aurait pu mettre des cotisations progressives et abaisser l’âge limite ».

Vague de départ à la retraite? Est-ce que les propositions du comité vont entrainer une vague de départ à la retraite? Certains le pensent. « Est-ce que les gens qui prennent leur retraite rapidement minimisent leurs risques? », a demandé Denis Bertrand de la ville de Laval.

Les membres du comité poussent les gens qui envisagent cette solution de réfléchir. « On ne peut pas se sauver en laissant la facture aux autres. Il faut agir en bon père et mère de famille ».

Le fonds de la rente longévité La question de la gestion du fonds de la rente longévité a retenu l’attention de la salle. Sous les applaudissements, un participant a demandé si les gouvernements résisteraient à l’envie de piger dans la cagnotte. Alban D’Amours l’a rassuré et a souligné que le gouvernement doit éviter les erreurs du passé.

Les retraités oubliés? Plusieurs retraités étaient aussi dans la salle lors de cette présentation. Ces derniers étaient inquiets de perdre leur pouvoir de négociation. « Notre pouvoir est pratiquement nul. Ce ne sont pas toutes les entreprises qui ont des associations de retraités. Qui va négocier pour nous? Les syndicats des employés? Il peut y avoir des conflits entre les aspirations des syndiqués par rapport aux retraités », s’est inquiété Claude Marsolais, retraité d’une entreprise de communication.

Incitatif à l’emploi Un autre participant s’est demandé si le comité d’experts s’était penché sur les incitatifs à l’emploi pour les 60 ans et plus. Luc Godbout a répondu que le sujet était hors mandats puisqu’une Commission sur l’emploi des 55 ans et plus a déposé un rapport avec des recommandations dans ce sens en 2011.

Si la majorité des personnes présentes semblaient satisfaites du rapport et des différentes propositions, le directeur général du Groupe investissement responsable, Olivier Gamache ne partageait pas cet optimisme en se présentant au micro. « J’ai peur que lorsque ça deviendra force de loi, les hypothèses soient dépassées ».

Mme Bonneville attend aussi de voir ce que fera le gouvernement de ce rapport et ces recommandations.

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Cécile Gladel