Investir dans le monde via les États-Unis

12 mars 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les investisseurs soucieux de diversifier leurs actifs à l’international devraient regarder du côté des grandes entreprises américaines, tout simplement. C’est ce que soutient Brad Willock, gestionnaire principal de portefeuille, actions américaines, à RBC Gestion d’Actifs.

En entrevue à Morningstar Canada, Brad Willock souligne que les sociétés composant l’indice S&P 500 génèrent quelque 35 % de leurs revenus à l’extérieur des États-Unis et qu’un grand nombre d’entre elles se taillent « une part de plus en plus grande dans les économies émergentes à croissance élevée ».

Pourquoi les investisseurs ne songent-ils pas à investir aux États-Unis afin d’investir dans le monde ? Parce qu’ils se concentrent uniquement sur les problèmes intérieurs de l’économie américaine, avec son taux de chômage élevé et son colossal déficit budgétaire, dit Brad Willock.

Le temps semble propice de prendre position aux États-Unis, car la croissance des revenus des sociétés américaines devrait être « historiquement élevée ». En effet, les réductions budgétaires importantes faites par de nombreuses entreprises nord-américaines leur ont permis de diminuer leurs frais d’exploitation, « si bien que même une faible augmentation des revenus stimulera les bénéfices considérablement », estime-t-il. Vu autrement : si le PIB des États-Unis augmente comme prévu de 3 % à 4 % cette année, la croissance des revenus des entreprises pourrait être de l’ordre de 30 %.

L’un des fonds que pilote Brad Willock (RBC Actions américaines) est surpondéré en titres technologiques (20 % du portefeuille) et du secteur des industrielles (12 % du portefeuille), notamment parce qu’ils sont sensibles à l’évolution de l’économie. Parmi les autres placements importants, on note le secteur financier (13 %), les soins de la santé (13 %) et l’énergie (12 %). L’encaisse est actuellement de 4 %, mais elle peut atteindre 15 %.

Du côté des technologies, Brad Willock attire notre attention sur Microsoft. Le géant des logiciels réalise 54 % de ses revenus à l’extérieur des États-Unis, et son nouveau système d’exploitation Windows 7 a bien été accueilli dès son lancement. Dans le passé, dit-il, Microsoft se montrait peu encline à réduire ses dépenses, mais elle a commencé à faire attention à ses frais généraux, ce qui sera salutaire pour sa rentabilité. Le titre de Microsoft est d’autant plus intéressant qu’il se négocie à rabais par rapport au marché.

La firme Apple figure aussi sur le radar techno de Brad Willock. Les iMac, iPod, iPhone, iTunes et iPad font un tabac auprès des consommateurs et produisent des marges de profit élevées. Apple dispose d’une encaisse d’environ 26 $US par action et n’a pas de dettes. L’action est sous-évaluée, étant donné sa capacité à engendrer des flux de trésorerie disponibles, estime l’expert.

Dans le secteur industriel, qui devrait profiter de la reprise mondiale, Brad Willock affectionne Union Pacific. C’est la plus grande compagnie de chemins de fer aux États-Unis. Ses trains transportent une gamme diversifiée de produits agricoles, automobiles, chimiques, énergétiques et industriels. Certes, la croissance des revenus d’Union Pacific demeurera probablement inférieure au marché, mais ses revenus sont très prévisibles, ce qui représente un atout à ses yeux. Il ajoute que la valeur de l’action est actuellement très attrayante.

Du côté du secteur des services financiers, Brad Willock fait remarquer que JPMorgan Chase exerce ses activités dans 60 pays et possède 2 000 milliards de dollars d’actifs. Cette banque d’investissement a gagné des parts du marché et a recruté du personnel de « haute qualité » en provenance d’institutions rivales qui ont éprouvé leur lot de difficultés.

JPMorgan Chase a une base de capital et des ratios de capital solides. Elle a considérablement réduit ses dividendes en 2009, mais elle devrait les augmenter à la première occasion, anticipe Brad Willock. Il dit que l’action se négocie à huit fois les bénéfices normalisés, ce qui est un ratio « raisonnable », conclut-il.