Le conseil financier, combien ça vaut?

Par La rédaction | 9 novembre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Consulter un professionnel du secteur est toujours une bonne affaire pour les investisseurs, selon une étude publiée lundi par l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC). Toutefois, l’apport du conseil financier varie en fonction des aléas de la Bourse.

Le document de 46 pages, réalisé par Claude Montmarquette et Nathalie Viennot-Briot, du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), passe au crible « le gamma et la valeur des conseils », et conclut que ceux-ci ont une incidence positive sur l’épargne des investisseurs.

Son objectif avoué est de rappeler aux organismes de réglementation, et aux gouvernements d’un océan à l’autre, le rôle important que jouent les conseillers en services financiers en matière d’investissement et de les mettre en garde « quant aux conséquences éventuelles sur l’épargne d’un investisseur de politiques qui limiteraient l’accès aux conseils ».

STRATÉGIE À LONG TERME

Selon l’étude, l’accumulation de patrimoine associée aux conseils est « beaucoup plus élevée » qu’en 2012, date à laquelle avait été publiée une précédente recherche aboutissant à de conclusions semblables. Basée sur des données recueillies en 2009, celle-ci relevait alors que les ménages faisant affaire avec un conseiller étaient plus disciplinés et enclins à mettre de l’argent de côté, ce qui, au final, permettait à leur actif de croître plus rapidement.

Après avoir effectué des calculs pour tenir compte de près de 50 écarts socio-économiques et d’attitudes, Claude Montmarquette et Nathalie Viennot-Briot en arrivent à la conclusion que les ménages ayant un représentant depuis au moins 15 ans ont accumulé 290 % plus d’actif que leurs homologues non conseillés, comparativement à 173 % dans l’étude de 2012. D’après eux, cet écart s’explique en partie par l’amélioration de leur technique analytique et par le fait que les marchés des capitaux ont été plus favorables au cours de la deuxième période d’étude.

La nouvelle recherche du CIRANO examine aussi l’accumulation de patrimoine des personnes ayant cessé de consulter leur représentant entre 2010 et 2014 par rapport à celles qui ont continué à en avoir un. Résultat, les premières « ont perdu un pourcentage important de la valeur de leur actif », tandis que les secondes « ont vu la valeur de leur actif augmenter ».

L’IMPORTANCE DU GAMMA

Enfin, Claude Montmarquette et Nathalie Viennot-Briot remettent en cause l’importance accordée jusqu’à aujourd’hui à l’alpha en matière de valeur des conseils par la littérature spécialisée et les organismes de réglementation.

Les deux chercheurs « peuvent prouver que l’accent mis sur l’alpha […] n’était pas fondé, indique l’IFIC dans un communiqué. Ils montrent que le gamma, la discipline associée aux conseils financiers de longue date et aux taux d’épargne plus élevés, est la clé pour expliquer les grands écarts observés entre la valeur des actifs accumulés par les investisseurs ayant un représentant et celle de ceux n’en ayant pas », précise l’Institut.

Méthodologie de recherche

L’étude de 2016 du CIRANO se fonde sur des données tirées d’un sondage d’Ipsos Reid mené en 2014 auprès de 1584 ménages, dont 487 ayant un représentant et 1097 n’en ayant pas. Cet échantillon « de haute qualité » a été constitué en plusieurs étapes à partir d’un bassin initial composé de 18 333 participants à une enquête d’opinion en ligne.

Un modèle de régression mathématique a été appliqué pour mesurer l’incidence relative d’un large éventail de variables (50 au total), comme le revenu, l’âge, les préférences de placement et le recours ou non à un représentant en services financiers.

ÉLIMINER TOUT PARTI PRIS

Le sondage de 2014 inclut des questions additionnelles qui ont permis aux chercheurs de ne cibler que les ménages ayant trouvé leur propre représentant en services financiers. En effet, l’étude du CIRANO distingue les ménages ayant un représentant en services financiers qu’ils ont choisi de ceux recevant les conseils d’un représentant qui s’est directement adressé à eux, évitant ainsi tout « biais élitiste », puisque les ménages ciblés par les professionnels sont, logiquement, les plus riches.

Enfin, les auteurs de l’étude ont utilisé une modélisation économétrique élaborée pour exclure une foule de variables afin d’isoler l’incidence des représentants en services financiers sur le patrimoine d’un client. Ils y sont parvenus en liant une valeur tangible à la hausse de la valeur nette dont bénéficie l’investisseur moyen recevant des conseils par rapport aux investisseurs ayant des caractéristiques similaires et qui ne reçoivent pas de conseils.

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