Le marché immobilier va-t-il s’emballer?

Par La rédaction | 23 janvier 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La baisse du taux directeur de la Banque du Canada d’un quart de point à 0,75 % en a surpris plus d’un, mercredi dernier, alors que les experts tablaient plutôt sur une hausse. Si la décision vise à contrer les effets de la baisse des prix du pétrole, elle risque d’avoir également une incidence sur l’économie en général. Chose certaine, les propriétaires d’habitations canadiens semblent avoir évité l’augmentation des taux hypothécaires attendue cette année.

« Cette décision fait suite à la chute marquée des prix du pétrole observée récemment, qui aura une incidence négative sur la croissance et l’inflation au Canada », a déclaré le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, lors de l’annonce officielle.

La Banque dit vouloir ainsi faire d’une pierre trois coups : éviter une rechute du taux d’inflation, minimiser l’influence de la baisse du pétrole brut et soutenir l’adaptation de l’économie canadienne à cette nouvelle donne.

Réajustements à prévoir

Le taux pour une hypothèque sur cinq ans se situe actuellement à environ 4,79 %, selon les données de la Banque du Canada. Pour l’heure, de légères baisses sont attendues du côté des taux hypothécaires variables (-25 %) et des taux fixes. « Cette situation pourrait voir les propriétaires canadiens utiliser les paiements d’intérêt en baisse pour régler plus rapidement la dette en capital », note Benjamin Tal, économiste en chef adjoint à la CIBC.

Selon lui, il convient de se questionner au sujet des effets possibles de cette baisse. « Nous avons une génération de Canadiens qui n’a jamais connu des taux élevés ou en hausse. Les bas taux ne sont plus aussi excitants qu’avant pour les acheteurs. Ils sont devenus la norme. »

L’effet réel et global de ces baisses anticipées reste à quantifier, dans un contexte où plane le spectre d’un marché immobilier canadien en surchauffe, surveillé de près par Ottawa. Si cette baisse du taux directeur peut se traduire par des ventes et un prix moyen en hausse dans certains marchés identifiés (provinces de l’Atlantique, le grand Toronto), elle pourrait aussi inciter les ménages à s’endetter davantage.

Cet effet sur le marché immobilier se fera toutefois moins sentir dans l’ouest du pays, selon l’économiste de la Banque TD, Craig Alexander.

« Je crois qu’un recul des ventes et un ralentissement de la croissance du marché immobilier sont inévitables dans les provinces dont l’économie dépend du pétrole, parce qu’au final, la croissance des revenus dans ces provinces sera moindre », juge-t-il.

Suivant l’annonce, les prévisions de croissance pour 2015, estimées à 2,4 %, ont été revues à 2,1 %. Selon la banque centrale, une reprise chiffrée à 2,4 % est attendue en 2016, sur la base d’un rebond du cours de pétrole à 60 $ le baril de brut et d’une baisse du prix de l’argent, qui devrait stimuler les consommateurs, les exportations et les investissements d’entreprises.

4 faits à considérer

• La faiblesse du coût du pétrole est perçue comme négative pour l’économie canadienne. Si la tendance baissière se maintient, la Banque du Canada prévoit une croissance inférieure à ses prévisions pour 2015;

• Les consommateurs pourraient bénéficier du contexte économique général résultant de la baisse du taux directeur par des taux hypothécaires revus à la baisse et des facilités de prêt et de crédit à la hausse;

La plongée de 1,5 cent américain du huard par rapport à la devise américaine change la donne. Si l’exportation devrait en bénéficier, il en va autrement pour l’importation, dont les coûts sont appelés à grimper;

• La réduction du taux de financement à un jour vise à conserver des taux bancaires relativement bas, permettant une certaine facilité d’emprunt pour les entreprises en croissance.


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