Le système pyramidal d’un ex-conseiller s’écroule

Par La rédaction | 29 août 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Un ancien courtier en valeurs mobilières qui a spolié une dizaine d’investisseurs d’un demi-million de dollars a été reconnu coupable de fraude le 25 août.

Réjean Thiboutot a mis sur pied un système de financement pyramidal, dans la plus pure tradition des stratagèmes à la Ponzi. En 2005, il a créé l’entreprise Capital Ventura, à Québec, qualifiée par la juge Chantal Pelletier de « coquille vide ». Elle a servi à recueillir l’argent de ses clients pour de prétendus investissements. Dans les faits, l’argent ne servait que ses propres intérêts.

M. Thiboutot a aussi ouvert des comptes dans la quasi-totalité des institutions financières québécoises pour encaisser l’argent de ses clients, qu’il a continué d’arnaquer jusqu’à son arrestation en 2012, trois ans après la faillite de son entreprise.

UN RENDEMENT DE 1 825 %

Réjean Thiboutot promettait des taux de rendement qui, une fois transférés sur une base annuelle, pouvaient grimper jusqu’à 1 825 %.

Et il s’est montré peu repentant en Cour. Arguant que le véritable coupable des pertes d’argent était la crise financière de 2008, il a ajouté que ses clients savaient exactement ce qu’ils achetaient et les risques que cela représentait. Il a notamment pointé du doigt un conseiller en services financiers, qui a perdu 24 000 $ dans cette fraude, en soutenant qu’il aurait pu acheter des titres ailleurs, mais qu’il a préféré miser sur le 20 % d’intérêt qu’un prêt à Réjean Thiboutot lui « garantissait ».

Il a aussi étonné la Cour en soutenant lors de son procès qu’un placement « ne voulait pas nécessairement dire que c’était un placement ». La juge n’a d’ailleurs pas été impressionnée par sa défense, relevant dans son jugement que « l’accusé s’exprime avec aisance et est capable de prononcer beaucoup de mots sans rien dire de substantiel ». Elle a ajouté que son témoignage était truffé « d’explications longues et contradictoires » et de « réponses invraisemblables », dont la « crédibilité a été grandement affectée par les mensonges ».

BEAU PARLEUR

Toujours selon la juge, « pour obtenir l’argent des plaignants, il utilise donc les artifices du parfait fraudeur : les belles paroles et l’apparence de l’homme qui a un train de vie aisé ». Un cas classique, en somme, qui a coûté cher à certaines victimes. L’une d’entre elles, âgée de 76 ans, doit continuer de travailler pour subvenir à ses besoins, et soutient que la fraude a contribué au décès de son mari.

Réjean Thiboutot a déjà été poursuivi au civil en décembre 2011 par d’autres plaignants, dont l’ex-homme d’affaires Jean-Noël Lacroix, pour une somme de 2,5 M$. Cette cause a fait l’objet d’un règlement à l’amiable. Il a aussi été reconnu coupable de fraude en 1993, avant d’obtenir une absolution inconditionnelle.

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