Les banques françaises s’adaptent à la révolution numérique

Par La rédaction | 4 avril 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
5 minutes de lecture

Pour s’adapter aux nouvelles habitudes de leurs clients, les grandes banques françaises se lancent dans la révolution numérique, rapporte Le Figaro.

Une avenue qui passe notamment par « la fermeture d’agences bancaires de moins en moins fréquentées et par d’importants plans d’investissement dans les nouvelles technologies », explique le quotidien parisien.

La première banque de l’Hexagone, BNP Paribas, a ainsi prévu de fermer 200 points de vente, soit environ 10 % de son réseau, d’ici à 2020, alors qu’elle avait déjà diminué le nombre de ses points de service dans la même proportion depuis 2012. « Le rythme de fermetures d’agences sera du même ordre que les années précédentes en fonction des besoins des clients », justifie l’un de ses porte-parole, qui précise que le groupe investira quelque trois milliards d’euros (4,3 G$) dans les nouvelles technologies au cours des quatre prochaines années.

« UNE BONNE APPLI PEUT FAIRE LA DIFFÉRENCE »

De son côté, le réseau BPCE (Banques populaires et Caisses d’épargne) déboursera 750 millions d’euros (1,08 G$) pour accélérer son développement numérique, tandis que le groupe Société générale, lui, y affectera plus de 1,5 milliard (2,1 G$) et que le Crédit agricole mettra lui aussi la main au portefeuille avec l’ambition affichée de devenir une banque « à la fois 100 % digitale et 100 % humains ».

« La transformation numérique est enfin tangible dans les banques, commente dans Le Figaro Julien Maldonato, directeur conseil industrie financière à Deloitte. Les établissements français avaient du retard notamment par rapport à leurs voisins européens et aux autres industries. Mais la banque mobile est désormais une quasi réalité. »

La raison de ce rattrapage rapide est en grande partie due au fait que les Français « consomment » de plus en plus leur banque via leur téléphone intelligent, explique le journal. « Ils attendent donc qu’elle leur propose des applications simples, fonctionnelles, rapides pour effectuer toutes les opérations en ligne et en quelques clics. Une bonne appli peut faire la différence dans un secteur où la concurrence s’exacerbe », souligne-t-il.

« TOUS LES ACTEURS DU SECTEUR ONT PRIS LE VIRAGE »

En effet, relève Le Figaro, les nouveaux acteurs dans le secteur de la finance se multiplient, comme en témoigne la prochaine arrivée sur le marché de l’opérateur de téléphonie Orange, qui lancera sa propre banque sur mobile, Orange Bank. Résultat, « la menace est à présent perçue par tous les acteurs du secteur et tous ont pris le tournant numérique », note Didier Descombes, associé à KPMG.

Et la tendance n’est pas près de s’inverser, assure le quotidien français, car « d’autres concurrents encore plus dangereux pourraient arriver ». « Parce que l’épargne ne rapporte plus beaucoup, les banques n’apportent plus de valeur ajoutée, estime Julien Maldonato. Demain, elles devront être capables d’offrir davantage de services liés à la santé ou la maison, par exemple, afin de pouvoir rivaliser avec les Google, Amazon, Facebook et Apple, qui ne manqueront pas de les concurrencer en utilisant les données de leurs clients. »

Les défis sont de taille, résume Ada Di Marzo, associée chez Bain & Company : « Pour réussir leur transformation numérique, les banques doivent mettre en place de nouvelles méthodes de travail plus agiles. Et profiter de l’innovation développée à travers un écosystème de partenariats avec les fintechs. »

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE VA SE DÉVELOPPER

Dans le secteur bancaire, cette révolution technologique passe, entre autres, par l’automatisation, via l’intelligence artificielle, de certaines tâches à faible valeur ajoutée, ce qui permet de réduire les coûts d’exploitation des institutions financières. « La transformation numérique représente à la fois une menace et une opportunité pour les banques, car elle leur permet d’imposer la transformation de leurs métiers historiques », croit pour sa part Gildas Surry, analyste à Axiom AI.

Le Figaro veut pour preuve que le secteur bancaire évolue une récente initiative de la Société Générale, qui s’est associée à une start-up française créatrice d’un robot de discussion destiné à tester de quelle manière dialoguer avec la génération Y, « qui passe quatre heures par jour rivée à un smartphone ».

Baptisé Jam, ce « chatbot » (contraction des mots chat, pour discussion, et de robot) est un algorithme « intelligent » déjà capable d’organiser le temps libre de ceux qui l’utilisent pour leur recommander, par exemple, un bar à la mode pour finir la journée ou un restaurant situé à proximité. Ou encore de leur suggérer des idées de voyage ou de leur donner des conseils en matière de logement ou de déménagement.

UNE ÉVOLUTION SIMILAIRE AU QUÉBEC

Au Québec, l’évolution est tout à fait similaire, ainsi qu’en témoignent les suppressions ou les fusions à répétition de plusieurs succursales des principales institutions financières de la province. En septembre dernier, la Banque Laurentienne a par exemple annoncé la suppression de quelque 300 postes d’ici la fin de 2017 dans le cadre d’une restructuration au cours de laquelle 50 agences seront fusionnées. Dans l’optique d’accélérer son virage numérique, celle-ci a également indiqué qu’elle comptait transférer dès l’an prochain son siège social dans la Cité du commerce électronique, au centre-ville de Montréal.

De son côté, Desjardins a elle aussi procédé à une restructuration de certains de ses services et de sa haute direction, après avoir supprimé plusieurs points de service en région au cours de ces dernières années, ce qui lui a d’ailleurs valu de vives critiques de la part d’usagers et même d’anciens dirigeants.

La rédaction