Les fonds de travailleurs, un instrument socialement utile?

Par La rédaction | 7 juin 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
3 minutes de lecture
khunsapix / 123RF

L’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) publie ce matin l’une des rares études consacrées aux fonds de travailleurs à l’échelle internationale.

L’IREC rappelle que depuis quelques années, les institutions économiques internationales mettent de l’avant le concept de croissance inclusive, un objectif socialement désirable doublé d’une stratégie économique globale. Que ce concept ratisse large, touchant la croissance économique et sa répartition, les politiques économiques et de redistribution, l’emploi, l’épargne et l’investissement privés et publics, ainsi que l’endettement et l’épargne.

Mais que parce qu’il s’agit d’un levier économique peu utilisé à l’extérieur du Québec, les fonds d’investissement de travailleurs sont peu abordés dans la littérature économique. Or, croient les auteurs de l’étude, ceux-ci regroupent plusieurs des thèmes et orientations privilégiés par le concept de croissance inclusive.

Les chargés de projet Nicolas Zorn et Rodolphe Parent, accompagnés du directeur général de l’IREC Robert Laplante, tentent ainsi de répondre à deux questions fondamentales : les missions et l’action de ces fonds d’investissement de travailleurs participent-elles à la croissance inclusive? Et si oui, comment?

Questions ô combien pertinentes puisque, estiment les auteurs, la croissance inclusive est un objectif politique et économique louable pour les gouvernements, les recettes du passé semblant avoir atteint leurs limites.

ÉTAT PROVIDENCE

L’étude souligne ainsi que le mouvement syndical a élaboré au fil des décennies une compréhension particulière de l’économie et de la société, où les écarts de revenus gagnent à être modestes, et où le rapport de force des travailleurs est une variable déterminante. Pour ses membres et représentants, il y a un besoin et une nécessité économiques et sociétaux pour un État providence généreux et des interventions gouvernementales vigoureuses, mais réfléchies.

Les fonds de travailleurs se sont également intéressés dès leur début aux questions de productivité du marché de l’emploi, puisque c’est par l’amélioration de la compétitivité des entreprises où ils interviennent qu’ils peuvent favoriser le maintien et la création d’emplois, tout en générant des dividendes pour leurs investisseurs. Les enjeux de conciliation des mesures de qualification de la main-d’œuvre avec les exigences technologiques et la révision des modes de gestion se trouvent donc au cœur de leur pratique.

CHANGEMENT DE PARADIGME

Le concept de croissance inclusive répond à ce mouvement vers un changement de paradigme, estiment les auteurs de l’étude, qui conclut que l’action des fonds d’investissement de travailleurs et leur mission sociale cadrent bien avec cette compréhension de l’économie mise de l’avant par le concept de croissance inclusive.

L’Étude rappelle en effet que les fonds permettent aux syndicats de dépasser la simple défense corporatiste de leurs seuls membres, en appuyant des secteurs entiers de l’économie.

« Au Québec, l’État favorise l’ensemble de ces objectifs au moyen d’un crédit d’impôt, offrant une alternative moins intrusive et reposant davantage sur les décisions individuelles que l’intervention directe du gouvernement dans le fonctionnement du marché, peut-on lire. Dans tous les cas, chacune de ces caractéristiques cadre bien avec un ou plusieurs instruments ou objectifs recommandés par les institutions internationales dans le cadre d’une stratégie de croissance inclusive. »

L’IREC s’étonne ainsi que la littérature économique ait consacré si peu d’attention à ces outils et invite plus de chercheurs et de décideurs à s’y intéresser.

La rédaction